Primal Age Primal Age Comment va le groupe dans ce contexte actuel ?
Nous allons aussi bien que possible avec une énorme envie de jouer. On essaie de se concentrer sur 2022 car cette année est fortement compromise.

Vous n'êtes pas nés de la dernière pluie, la première formation a débuté fin des années 1990 qu'est-ce qui donne envie en 2021 de sortir un album ? D'autant plus un album aussi énervé...
En fait on est là depuis 93. Il ne reste que Didier au chant et moi à la basse de la formation d'origine. Il se trouve qu'on a encore la passion intacte et là on avait vraiment envie de proposer un nouveau jet qu'on voulait brutal. L'élaboration s'est avérée compliquée pour diverses raisons mais le résultat est en tous points au-dessus de nos espérances.

Comment se passe la composition au sein de Primal Age ?
Nous devions faire un album avec 2 nouveaux guitaristes, Ben et Flo arrivés il y a 5 ans. En tant que seul musicien d'origine j'ai amorcé le processus de compo en sachant que j'aurai de quoi faire la moitié de l'album et j'espérais avoir du renfort par la suite. Par bonheur Flo s'est joint à moi et a amené de supers morceaux qui sont différents des miens tout en collant parfaitement. Ca donne un ensemble très riche.

L'impact du Covid et des confinements a-t-il modifié votre façon de travailler ?
Les textes je les avais écrits depuis 4 ans. Je place le chant et ce qui a changé c'est que la plupart de ce travail a été fait à distance pour que Didier puisse bosser chez lui.

Vous avez intégré un nouveau batteur il me semble. C'est un peu le tabouret musical à ce poste, c'est facile d'intégrer une nouvelle recrue ?
Aujourd'hui nous avons Miguel à la batterie mais il est arrivé après l'album. Pour celui-ci c'est Rudy d'Explicit Silence qui nous a amené sa patte comme s'il faisait partie du groupe. Grâce à lui on a pu rattraper le temps perdu avec les autres batteurs. Ca a été une super collaboration.

Si on regarde votre discographie le premier LP date de 1999 et vous n'en avez sorti que deux entre le premier et celui-ci. C'est une nécessité chez Primal Age de prendre son temps ?
On a sorti quelques petits disques entre deux... Mais sinon oui on prend notre temps. Nous sommes amateurs et soumis à aucune pression de devoir sortir des prods tous les 2 ou 3 ans. On le fait quand on estime avoir la matière pour valider tous les morceaux. En 28 ans nous restons fiers de toutes nos sorties. En plus entre le boulot, les vies persos, le budget et les tournées lointaines comme au Mexique, au Japon ou au Brésil... il faut jongler avec tous ces éléments sur les périodes de vacances.

Votre précédent label a mis la clé sous la porte. C'est aussi un des risques de ne pas sortir de disques de manière récurrente, comment s'est faite la rencontre avec WTF Records ? Ils sont arrivés au début du projet ou vous leur avez proposé un "produit fini" ?
On remercie beaucoup Alex de Deadlight pour ces 10 années à nos côtés. Faire un label dans cette musique nécessite une bonne dose de passion car c'est devenu très compliqué. Quand on est allés au stud on avait une liste de 45 labels auxquels on voulait proposer le projet. On a eu 17 retours positifs et Tim de WTF a montré plus d'intérêt de nous compter dans son écurie. Il nous distribue depuis plus de 20 ans et se sent très concerné par ce qu'on raconte, ça compte aussi beaucoup pour nous dans le choix du label.

Une constante néanmoins, votre logo. C'est important malgré les années de conserver cette identité visuelle comme pour indiquer que vos fondamentaux ne changent pas ?
Un logo reste un repère visuel qui identifie le groupe. Ça nous convient comme ça donc pas de raison de changer.

Primal Age - Masked enemy Parlons de l'artwork de l'album mais également du single qui est sorti en mars. Qui a été chargé de sa conception ?
On se débrouille beaucoup par nous-mêmes car les moyens sont limités. Pour l'artwork on a fait appel à Greg de Visual Injuries car on le connaît de longue date et qu'on collabore depuis un paquet d'années. Il sait ce qui constitue notre univers visuel et nous a fait cette proposition qui nous a tous emballés. C'est important pour nous que tous les éléments du disque soient réussis. On en fait peu souvent donc on cherche la qualité dans tous les secteurs. Pour les clips nous avons par chance des compétences dans notre environnement proche, puisque c'est Marine la copine de Didier qui nous aide dans ce domaine. On a beaucoup de chance à défaut de moyens d'avoir cet entourage pour aider dans les domaines qu'on ne peut pas gérer nous-mêmes.

Dans le titre de l'album ou du premier single, il apparaît que la rage est tournée vers cet ennemi masqué ou ce diable qui ne se cache pas dans les détails mais dans l'ombre. Quelles sont vos sources d'inspiration ?
J'ai écrit ces textes en voyant ces périodes de contestations populaires récentes. J'ai le sentiment qu'on se tourne vers les personnes sensées être aux responsabilités mais qui au final ne gèrent plus grand chose. Une petite oligarchie a amassé suffisamment d'argent pour imposer les politiques aux états et se servent de ces pantins pour faire passer ces décisions, elles ne sont jamais exposées directement. La collusion est flagrante entre l'agro-alimentaire, le pharmaceutique et les différentes sphères de pouvoir.

Peux-tu nous parler du clip de "The devil is hidden in shadow" ?
Comme je te disais, nous avons peu de moyens et Marine nous a fait ce montage avec des bouts qu'on avait faits au studio lors de l'enregistrement. On a complété avec ces images dans un village en ruine à côté de chez moi à Evreux. La petite histoire c'est qu'il faisait moins 1 degré quand on a tourné, on s'est bien marré... On sort en ce moment un second clip, toujours grâce à Marine. Ca reste un support important de promo, surtout qu'on est privés de concerts donc ça aide à garder un lien avec ceux qui nous suivent.

Vous êtes investis dans la cause animale, dans la lutte contre le changement climatique et êtes pour la plupart vegans dans le groupe. Quand cela s'est-il fait ressentir comme une nécessité ? Le hardcore notamment le mouvement Straight Edge est un des précurseurs avec des groupes comme Minor Threat c'est de ce côté de l'Atlantique que viennent vos influences de ce côté ?
Oui bien sûr, surtout pour les anciens nous avons baigné dans cette mouvance et c'est sans aucun doute ce qui nous a amené à nous poser des questions sur nos modes de vie. Aujourd'hui on essaie de relayer ces messages. La musique reste un puissant vecteur d'idée et pour nous ça compte d'apporter du fond. Il y a d'ailleurs un texte dans cet album pour rendre hommage à ces groupes qui nous ont aidés à nous construire.

Une autre constante est votre engagement. Votre intro reprenant une partie du discours de Severn Cullis-Suzuki en 1992 au sommet de la terre, devenue quarantenaire mais son discours est toujours d'actualité. Pourquoi avoir choisi ce discours et pas celui de Greta Thunberg ? Ce choix est-il pour montrer que des voix s'élèvent en vain et que l'issue est certaine ?
Pour le coup cette idée est venue d'un bon pote, Sylvain qui jouait dans Seekers of the Truth et avec lequel Didier et moi avons joué dans Absone. Il m'avait demandé des nouvelles de l'avancée de l'album et je lui avais expliqué les soucis avec la batterie. Il m'a proposé de lui balancer le premier morceau et a collé une batterie avec ce sample. On a gardé l'idée. Je trouve que c'est plus parlant car ce discours a été prononcé quand on a formé le groupe et c'est tellement d'actualité que beaucoup pensent qu'il s'agit de Greta. C'est un triste constat, en effet depuis 30 ans les choses n'ont pas beaucoup évolué et l'écologie ne sert souvent que de prétexte à de nouvelles taxes. En cela on ne veut surtout rien attendre des politiciens et ne pas être assimilés aux partis "écolos".

Une sortie d'album est souvent couplée à une tournée. Comment vivez-vous l'absence de visibilité de ce côté ?
Mal. L'envie est très grande, nous lisons les très bonnes chroniques et on se dit qu'on passe à côté de belles choses. Mais comment faire ? On se retrouve comme tous les groupes privés de concerts à ça commence à faire très long car on veut défendre cet album. On n'a jamais intégré autant de nouveaux morceaux à un set. Après tous ces bons retours on a hâte de partager cet album avec le public et retrouver ces sensations du live.

Un dernier mot pour nos lecteurs ?
Un grand merci, on espère vous retrouver très vite.