Interview promo, série de questions posées dans l'idée de ne jamais prendre le musicien à rebrousse-poil, ça va bien un temps mais à la longue c'est lourd. Pour le cas de The Prestige et de l'excellent album Black mouths on s'est dit que tant qu'à faire dire des choses, autant que ça vienne du groupe directement. Résultat, un petit "track by track" par The Prestige... himself.
Le lancer de gratte par The Prestige
"The truth"
C'est la chanson qui ouvre l'album et la première que l'on a enregistré, elle a en quelque sorte donné le « la » pour la prod de l'album. La Telecaster très twangy nous a tellement marqués qu'à la fin de la première heure d'enregistrement on s'est dit que la distorsion d'une des deux guitares de l'album devra être uniquement créée avec le volume de l'ampli Fender à fond. On a choisi d'ouvrir l'album avec "The truth" car c'est une chanson qui représente bien une grande partie du CD : violent, rock avec des variations de tempos et des passages chaotiques.
"Burn down Vegas"
Les deux chansons s'enchainent très rapidement, pour ne pas laisser de répit après la fin de "The truth". Elle est plus rapide et plus violente et se termine par une impro du blues crade. Ce petit extrait a été enregistré dans une salle de bain, avec un tom à la place de la grosse caisse et des cymbales complètement explosées. Le son de guitare c'est deux fuzz dans un mini ampli Marshall et une vieille Gretsch.
"Ballroom"
Il me semble que c'est la première chanson qui a été écrite après la sortie de notre premier EP A Series of catastrophes and consequences et en garde donc des traits communs. Efficace, elle reprend les codes du post-hardcore. Le pont de cet chanson rappelle "Drain you" de Nirvana, avec ces bruits bizarres. En fait, les dernières heures de studio nous avons enregistré une chiée de bruits (voix, cris, pièces de métal, ressorts, etc...) et on les a mis à l'envers, abimés pour en faire des sons étranges qui renforceraient ce crescendo.
"Crane flies"
Nous avons écrit "Crane flies" quelques jours avant de partir enregistrer l'album à Laval. Le titre de cette chanson vient d'une invasion de cousins (l'insecte, qui se dit 'crane fly' en anglais). Pendant la première semaine de l'enregistrement on en voyait des centaines venir se cogner contre les fenêtres de la chapelle, le lendemain on voyait des cadavres d'insectes tout autour de la maison - et parfois même dans la maison.
The Prestige - Un artwork dans la gueule
"Pluie"
Cette piste a été écrite en partant d'une impro, un soir en répète. On était parti sur une base bluesy, sale et ensuite avec ce bottleneck qui apparaît pour ensuite aller vers une folk chaotique, sans effets La batterie part en impro totale et les guitares et basse se réveillent sans aller dans la distorsion. On la joue rarement en live mais si nous avons plus de 40min de set on la joue avec plaisir.
"The never ending end"
Peut-être la composition la plus variée de l'album : un début épileptique, des couplets punks, un refrain planant et une fin chaotique. Après les premiers retours sur l'album c'est une chanson qui plait beaucoup surement grâce à ce refrain très lourd. On tournera bientôt un clip pour cette chanson, toujours avec Ben Berzerker à la caméra.
"Forward & fackward"
Ces deux chansons vont de paire, elles ne faisaient qu'une à l'origine. On a préféré les séparer pour marquer la différence d'ambiance entre les deux morceaux : "Forward" est une chanson assez catchy tandis que "Backward" est plus marqué par un côté Cult of Luna, ambiant, avec très peu de paroles. Elles sont d'ailleurs tirées d'une œuvre de Shakespeare, "Measure for measure". C'est le morceau que l'on joue en dernier en live, avec cette fin chaotique, fuzzy, un peu stoner.
"A thousand trees in my closet"
Cet interlude de guitare a été composé et enregistré par Thibaut, notre batteur. Il avait cette mélodie en tête depuis quelques mois déjà. Un matin pendant l'enregistrement il a pris sa Telecaster, s'est branché sur un ampli Orange et l'a enregistré. Elle marque d'une certaine manière la fin de l'album. Après le bordel de "Backward" elle remet les oreilles en place pour la dernière chanson.
"Hooks and lips"
C'est la seule chanson qui est presque entièrement chantée, accompagné d'une instru très acoustique. Guyom Pavesi, notre producteur (Checkmate, The Locomotive Sound Corporation) a changé tous ses réglages de production de l'album pour lui donner une couleur différente. Alex l'a chantée à 3h du matin, en une seule prise. On a voulu garder le côté naturel de la voix, avec ses légère faussetés qui ajoute à la fragilité de cette chanson.