Metal Métal > Porcupine Tree

Biographie > arbre à porc-épic

Porcupine Tree est le groupe de Steven Wilson (chant, guitare), un anglais qui compose et enregistre sa musique à partir de 1987 pour délirer car il a un autre projet plus sérieux dénommé No-Man. Il s'entoure de musiciens, enregistre des démos, trouve un deal avec un petit label et le premier album officiel sort en 1991 (On the sunday of life). En 1993, Richard Barbieri (clavier) et Colin Edwin (basse) rejoignent Steven et forment encore aujourd'hui l'ossature du combo, ensemble ils sortent Up the downstair mais c'est avec l'enregistrement de The sky moves sideways (1995) que Porcupine Tree commence à fonctionner comme un groupe à part entière. Avec Signify (1996), le quatuor s'installe dans les esprits et acquiert une certaine renomée et tournées et albums se succèdent (Stupid dream en 1999 puis Lightbulb sun en 2000). 2002 est marqué par un changement de batteur, Chris Maitland présent depuis 1993 est remplacé par Gavin Harrison qui participe donc à In absentia (2002). 3 ans plus tard sort Deadwing (2005) et en 2006, Porcupine Tree signe chez RoadRunner chez qui ils sortent Fear of a blank planet au printemps 2007.
Septembre 2009 : The incident.

Review Concert : Porcupine Tree, Live à l'Olympia, Paris (oct. 2009)

Interview : Porcupine Tree, The Richard Barbieri-nterview (oct. 2009)

Porcupine Tree / Chronique LP > C/C

Porcupine Tree-Closure-continuation Mes sentiments sont partagés à l'écoute de cet album qui signe le retour de Porcupine Tree après plus de dix ans de sommeil... Certainement comme son leader, Steven Wilson, partagé entre "son" groupe et ses autres projets notamment ses sorties en solo, il semblerait que ce C/C (pour Closure/Continuation, excellent titre au passage) soit un album de transition entre des compositions plutôt "calmes" et relativement pop auxquelles on est habitué depuis dix ans (file donc écouter Hand. Cannot. Erase. ou To the bone si tu as raté les productions du patron) et d'autres bien plus métalliques et enivrantes qui servent d'étalon quand on évoque le groupe (Deadwing ou Fear of a blank planet), ou alors c'est que The incident n'en était pas un et que c'est entre toutes les eaux (pop, rock, prog, métal...) que navigue désormais le vaisseau amiral.

Hypé par l'annonce de leur retour, j'avais été totalement séduit par "Harridan", un éclaireur qui se trouve être le meilleur morceau de l'album, une excellente entame qui place la barre trop haute pour la suite... Parce que là aussi, on en attend "trop" car on s'habitue vite à l'exceptionnel et on aimerait que tout ce que touche Steven Wilson (quelle voix, quel sens de la mélodie !) soit au firmament, on a du mal à tolérer ce qui reste "très bon" et on se retrouve à être critique envers une œuvre d'un niveau assez rare dans le paysage musical. Bref, Steven commence par charmer son monde avec des riffs qui se surimposent et, même si Colin Edwin (le bassiste historique) n'a pas rempilé, un couple basse/batterie qui fonctionne à merveille pour amener de la tension, le chant (pourtant génialissime) se fait rare mais ses incursions hérissent les poils. Rien que pour ce morceau, l'album vaut le détour. Par contre, on retombe assez vite du nuage car "Of the new day" est assez téléphoné, peu inspiré, on s'y ennuierait presque, un peu comme pour "Walk the plank" qui ne décolle pas, enlisé dans les bricolages électroniques. Un titre d'autant plus déroutant qu'il est placé entre "Herd culling" et "Chimera's wreck" où l'on retrouve quelques accès de rage bienvenus et une ambiance prog des plus réussies. Un peu de folie fait du bien, "Rats return" en contient un joli lot, là aussi, ça tranche avec "Of the new day" qui le précède. Au cœur de l'opus, on a affaire à un long morceau posé, "Dignity", qui pourrait avoir été écrit par un Roger Waters entouré d'acolytes à son service.

C/C est un très bon album mais il faut bien admettre qu'il contient quelques faiblesses. Comme Steven Wilson et Porcupine Tree nous ont habitués à la perfection, on peut donc être un poil chafouin au moment de faire des critiques (ça fait partie du job !) mais il ne faut pas oublier qu'ils sont toujours largement au-dessus de la mêlée.

Publié dans le Mag #52

Porcupine Tree / Chronique LP > The incident

Porcupine Tree - The incident Après un remarquable Fear of a blank planet, Porcupine Tree revient avec un album conceptuel traitant de The incident ou comment une vie peut basculer à partir d'un petit évènement... Les 14 titres sont autant de pièces d'un même puzzle et suivent une même ligne directrice musicale, plutôt pop et dans l'esprit plus proche de Deadwing et In absentia que de l'oeuvre précédente où parties indus et métal pointaient leur nez.
L'inquiétante mise en bouche passée, "Occam's razor", un premier déluge de riffs nous assome et Steven Wilson s'emploie à calmer la tension avec toute la douceur de sa voix. Chant mélodieux, échos, petits sons, tranquillité d'un côté, ciel obscurci par les guitares et les rythmes de l'autre, Porcupine Tree joue sur la promiscuité d'ambiances différentes pour nous séduire et sait étendre les moments pour casser nos défenses ("The blind house"). "Great expectations" et "Kneel and disconnect" sont ensuite coupés en deux courtes pistes même si l'une est le prolongement naturel (au piano) de l'autre et se propage aux premiers instants d'un autre temps fort ("Drawing the line"), l'air s'électrifie et prépare nos oreilles à des sons sourds, ceux de l'éponyme "The incident" dont la première partie, très sombre (When a car crash gets you..., c'est d'ailleurs cet incident vécu par qui a donné l'idée de l'album), s'oppose à la fin du titre, toute en luminosité (I want to be loved). On vit ensuite une sorte d'intermède (davantage "The yellow windows of the evening train" que "Your unpleasant family" qui peut être entendu comme un mini titre d'une centaine de secondes) et on peut gravir le sommet de The incident : "Time flies", le temps passe pour Steven Wilson qui, après quelques minutes, honore ici musicalement deux monstres des années 70 : King Crimson et Pink Floyd (comment ne pas y penser quand on entend les déchirements de la guitare ?). Après ce délicieux moment, le jeu s'accélère et s'alourdit ("Octane twisted", "Circle of manias") avant que "I drive the hearse" ne close l'incident en le déliant lentement...
The incident n'en est pas pour autant terminé, infatigable compositeur, l'auteur en solo de Insurgentes en début d'année, ajoute 4 morceaux qui ne trouvaient pas leur place dans le concept, sur un deuxième CD, on découvre donc des pistes plus anecdotiques où Porcupine Tree s'essaye à des choses un peu différentes sans que cela soit forcément concluant (le hâché "Bonnie the cat", le lancinant "Black dahlia"), seul "Remember me lover" nous fera revenir sur ce disque "bonus" quand on sera lassé de The incident, pas tout de suite donc.

Porcupine Tree / Chronique LP > In absentia

porcupine_tree_in_absentia.jpg On poursuit notre (petite) rétrospective Porcupine Tree à rebours avec In absentia, un album sur lequel, contre vents et marées (qui a dit que le rock progressif n'était pas à la mode ?), le groupe démontre qu'il a toujours faim. De fait, en signant chez une mini-major, en l'occurence Atlantic Records, PT est désormais sous la lumière mais livre paradoxalement l'un de ses albums à la noirceur la plus apparente. Un artwork étrange et inquiétant, un "Blackest eyes" introductif plus puissant qu'attendu, la musique des anglais semble prendre un virage plus métallique que d'ordinaire pour s'engager vers des chemins plus sombres et torturés. Les mélodies qui viennent s'y poser rassureront les puristes, ce n'est pas demain que PT va se mettre à faire du Meshuggah... Mais du Tool, pourquoi pas... à l'image de titres comme "The sound of Muzak" ou "Wedding nails", en passant par le final de "Gravity eyelids".
Mais dans l'ensemble, In absentia est avant tout un album de rock progressif aux atmosphères délicates (le magnifique instrumental ."3") et mélodies graciles ("Lips of ashes", "Prodigal"...). La mélancolie douce qui traverse cet album aux milles nuances rock et dégradés de couleur pop, nous plonge dans l'univers rêveur et onirique d'un groupe au sommet de son art. Au travers de titres dépouillés et raffinés ("Train", "Heartattack in a lay by"), Porcupine Tree nous offre quelques moments de rock progressif rares, envoûtants et aux harmonies ténues. Les anglais passent au travers des modes, jouent les funambules au coeurs de la musique progressive sans se soucier des autres, entraînant derrière eux tout une vague de formations talentueuses et se réclamant en partie de leur héritage (Oceansize, Amplifier, Pure Reason Revolution). Le monde dans lequel évolue le groupe est le même que le nôtre, à savoir qu'il n'est pas toujours très lumineux. Mais au milieu des ténèbres, Steven Wilson et son groupe perce le brouillard quotidien pour nous éloigner des travers de l'humanité en versant dans l'intime. Une voix qui s'élève à six pieds au dessus du sol, des guitares entêtantes et une mélodie intense, presque irréelle, In absentia est un album contemplatif, sensoriel et mélancolique. Un disque qui fait naître chez son auditeur un sentiment d'apaisement touchant par des compositions organiques, aérées et à la beauté rare, donc précieuse...

Porcupine Tree / Chronique LP > Deadwing

Porcupine Tree - Deadwing LP Deux ans avant l'excellent Fear of a blank planet, Porcupine Tree nous gratifiait d'un Deadwing, où la formation menée par le charismatique Steven Wilson s'offrait un petit lifting créatif plutôt bienvenu après une tripotée d'albums ayant bien exploré en long en large et en travers le son rock metal progressif des années 90. Exit Rush, Marillion ou Dream Theater, Porcupine Tree envoie les guitares dès le titre éponyme de ce Deadwing. Une ouverture qui s'étend sur plus de 9 minutes et qui témoigne de la volonté des anglais de passer sa musique au scanner afin d'en gommer les clichés trop évidents. A ce jeu-là, deux morceaux à l'image de "Shallow" (incisif au possible) ou "Lazarus" (et sa mélodie indie-pop suave) prennent le problème à bras le corps : sans renouveler le genre de la cave au grenier, PT habille ses instrumentations de quelques subtilités finement amenées qui permettent à l'auditeur lambda de ne jamais se lasser de l'album, même après une bonne douzaine d'écoutes.
Dans cet esprit, "Arriving somewhere but not here" en est peut-être la plus belle preuve. Long (12 minutes et des poussières tout de même), inspiré et structuré avec une classe folle, on a entre les tympans le climax de cet album. Guitares qui s'entremêlent à n'en plus finir, atmosphères progressives à souhait, solos nickels chrome et une machine aux rouages parfaitement huilés... dans le genre, on a vu bien pire. La maîtrise formelle est évidemment au rendez-vous, la voix aérienne et gorgée d'effets de Steven Wilson survole comme souvent les débats, et le groupe nous offre quelques morceaux à la croisée des genres entre metal, rock, prog et pop voluptueuse, mais ne parvient malheureusement pas à enflammer l'ensemble, faute d'éclair de génie que l'on trouvera par contre sur le successeur de Deadwing : Fear of a blank planet. On le sait, Wilson est un songwriter (sur)doué et un vocaliste qui sait y faire (outre PT, le projet No Man donne également un bel aperçu des qualités artistiques du bonhomme), le problème, c'est que l'on sent cet album un peu en deçà du potentiel intrinsèque du groupe. Non pas qu'il soit vraiment décevant ou ennuyeux, mais malgré une volonté de se renouveler, force est de constater qu'il ne franchit pas complètement le pas et reste encore dans un confort relatif que lui apporte son expérience et son background plus que respectable (un "Mellotron scratch" élégant mais en demi-teinte en est le parfait exemple). Notons d'ailleurs qu'au niveau confort, Porcupine Tree a su plutôt bien s'entourer puisque Adrien Belew (King Crimson) et Mikael Akerfeldt (Opeth) viennent apporter leur petite contribution à un album particulièrement bien produit, propre ("Open car"), soigné et agréable ("The start of something beautiful") à défaut d'être aussi transcendant que le sera Fear of a blank planet deux ans plus tard.

Porcupine Tree / Chronique LP > Fear of a blank planet

Porcupine Tree : Fear of a blank planet Le rock progressif était plus qu'en vogue dans les années 70 (quelques albums de Pink Floyd, Genesis, King Crimson -Robert Fripp est d'ailleurs invité sur "Way out of here"-, Gong, Magma, Rush -Alex Lifeson est invité sur "Anesthetize"-, Van der Graaf Generator, ...) et a presque complètement disparu de la circulation (seul Ange semble avoir survécu), aujourd'hui, seuls quelques groupes continuent d'oeuvrer dans ce genre particulier et s'ils se nourrissent des influences des années 70, ils y ont ajouté de nombreux ingrédients (une grosse dose de psychédélisme pour The Mars Volta, une pelletée de métal pour Opeth, de la technique en veux-tu en voilà pour Dream Theater) et ne ressemblent pas vraiment à leurs aînés... sauf Porcupine Tree qui invariablement se renouvelle à chaque album tout en conservant les marques de fabrique du "rock progressif". Et d'un point de vue tout à fait personnel, c'est aux Barclay James Harvest ("Child of the universe", "Berlin", "Loving is easy") que me fait penser la tonalité de ce Fear of a blank planet assez pop, très aérien et partageant les mêmes inquiétudes sur l'avenir de notre société.
Analyser l'album en profondeur demanderait plusieurs semaines tant les titres sont profonds, complexes, osés et intéressants, je vais donc rester en surface et inviter chacun à tenter l'expérience Porcupine Tree, ça plaira ou pas (je parle à ceux qui découvriraient seulement maintenant) mais à mon goût, c'est un des albums les plus accessibles du groupe. Le son y est en effet impeccable, que l'on soit dans des ambiances pop ("My ashes"), métalliques ("Way out of here") ou industrielles ("Sleep together"), on passe de l'un à l'autre sans sourciller, la production et le mixage étant toujours propres et mettant en valeur le tout, l'ensemble, l'unité plus que tel ou tel instrument. L'écoute de Fear of a blank planet est une immersion totale, on peut en ressortir apaisé alors que c'est pas forcément un album optimiste et tranquille, mais les mélodies et le chant sont si douces qu'elles coulent dans nos tympans surpassant les nombreux effets de surprises qui parsèment certains titres labyrinthiques ("Anesthetize"). Mais même l'inattendu devient "normal" et ne surprend plus l'auditeur qui se laisse guider, accordant une confiance aveugle à Porcupine Tree qui il est vrai l'inspire et la respire (la confiance). Cette foi en la musique du groupe peut amener à l'inconscience, celle qui serait de rester au coeur de leurs compositions pour tenter d'en comprendre l'essence, si on veut donc éviter la folie et rester dans un monde où Fear of a blank planet n'est qu'un album, restons donc en surface pour continuer d'en profiter simplement.