porcupine_tree_in_absentia.jpg On poursuit notre (petite) rétrospective Porcupine Tree à rebours avec In absentia, un album sur lequel, contre vents et marées (qui a dit que le rock progressif n'était pas à la mode ?), le groupe démontre qu'il a toujours faim. De fait, en signant chez une mini-major, en l'occurence Atlantic Records, PT est désormais sous la lumière mais livre paradoxalement l'un de ses albums à la noirceur la plus apparente. Un artwork étrange et inquiétant, un "Blackest eyes" introductif plus puissant qu'attendu, la musique des anglais semble prendre un virage plus métallique que d'ordinaire pour s'engager vers des chemins plus sombres et torturés. Les mélodies qui viennent s'y poser rassureront les puristes, ce n'est pas demain que PT va se mettre à faire du Meshuggah... Mais du Tool, pourquoi pas... à l'image de titres comme "The sound of Muzak" ou "Wedding nails", en passant par le final de "Gravity eyelids".
Mais dans l'ensemble, In absentia est avant tout un album de rock progressif aux atmosphères délicates (le magnifique instrumental ."3") et mélodies graciles ("Lips of ashes", "Prodigal"...). La mélancolie douce qui traverse cet album aux milles nuances rock et dégradés de couleur pop, nous plonge dans l'univers rêveur et onirique d'un groupe au sommet de son art. Au travers de titres dépouillés et raffinés ("Train", "Heartattack in a lay by"), Porcupine Tree nous offre quelques moments de rock progressif rares, envoûtants et aux harmonies ténues. Les anglais passent au travers des modes, jouent les funambules au coeurs de la musique progressive sans se soucier des autres, entraînant derrière eux tout une vague de formations talentueuses et se réclamant en partie de leur héritage (Oceansize, Amplifier, Pure Reason Revolution). Le monde dans lequel évolue le groupe est le même que le nôtre, à savoir qu'il n'est pas toujours très lumineux. Mais au milieu des ténèbres, Steven Wilson et son groupe perce le brouillard quotidien pour nous éloigner des travers de l'humanité en versant dans l'intime. Une voix qui s'élève à six pieds au dessus du sol, des guitares entêtantes et une mélodie intense, presque irréelle, In absentia est un album contemplatif, sensoriel et mélancolique. Un disque qui fait naître chez son auditeur un sentiment d'apaisement touchant par des compositions organiques, aérées et à la beauté rare, donc précieuse...