Porcupine Tree : Fear of a blank planet Le rock progressif était plus qu'en vogue dans les années 70 (quelques albums de Pink Floyd, Genesis, King Crimson -Robert Fripp est d'ailleurs invité sur "Way out of here"-, Gong, Magma, Rush -Alex Lifeson est invité sur "Anesthetize"-, Van der Graaf Generator, ...) et a presque complètement disparu de la circulation (seul Ange semble avoir survécu), aujourd'hui, seuls quelques groupes continuent d'oeuvrer dans ce genre particulier et s'ils se nourrissent des influences des années 70, ils y ont ajouté de nombreux ingrédients (une grosse dose de psychédélisme pour The Mars Volta, une pelletée de métal pour Opeth, de la technique en veux-tu en voilà pour Dream Theater) et ne ressemblent pas vraiment à leurs aînés... sauf Porcupine Tree qui invariablement se renouvelle à chaque album tout en conservant les marques de fabrique du "rock progressif". Et d'un point de vue tout à fait personnel, c'est aux Barclay James Harvest ("Child of the universe", "Berlin", "Loving is easy") que me fait penser la tonalité de ce Fear of a blank planet assez pop, très aérien et partageant les mêmes inquiétudes sur l'avenir de notre société.
Analyser l'album en profondeur demanderait plusieurs semaines tant les titres sont profonds, complexes, osés et intéressants, je vais donc rester en surface et inviter chacun à tenter l'expérience Porcupine Tree, ça plaira ou pas (je parle à ceux qui découvriraient seulement maintenant) mais à mon goût, c'est un des albums les plus accessibles du groupe. Le son y est en effet impeccable, que l'on soit dans des ambiances pop ("My ashes"), métalliques ("Way out of here") ou industrielles ("Sleep together"), on passe de l'un à l'autre sans sourciller, la production et le mixage étant toujours propres et mettant en valeur le tout, l'ensemble, l'unité plus que tel ou tel instrument. L'écoute de Fear of a blank planet est une immersion totale, on peut en ressortir apaisé alors que c'est pas forcément un album optimiste et tranquille, mais les mélodies et le chant sont si douces qu'elles coulent dans nos tympans surpassant les nombreux effets de surprises qui parsèment certains titres labyrinthiques ("Anesthetize"). Mais même l'inattendu devient "normal" et ne surprend plus l'auditeur qui se laisse guider, accordant une confiance aveugle à Porcupine Tree qui il est vrai l'inspire et la respire (la confiance). Cette foi en la musique du groupe peut amener à l'inconscience, celle qui serait de rester au coeur de leurs compositions pour tenter d'en comprendre l'essence, si on veut donc éviter la folie et rester dans un monde où Fear of a blank planet n'est qu'un album, restons donc en surface pour continuer d'en profiter simplement.