Pogo Car Crash Control-Negative skills On commence à bien connaître Pogo Car Crash Control alors, allons-y cash, dépeçons ce Negative skills point par point pour voir ce que ça donne plutôt que de rédiger une chronique classique (30 ans que j'en rédige, ça commence à être redondant !)

Les textes. Je commence par là car c'est un des points "forts" des Pogo. En tout cas, c'est clairement un marqueur pour le groupe qui écrit sur des thèmes qu'on ne croise pas tous les jours et surtout avec un style qu'ils sont les seuls à utiliser. Je ne sais pas si c'est la raison principale de leur succès, mais je ne suis pas loin de penser que le ton, le côté direct, les petits jeux de mots, le savant mélange de "jemenfoutisme" et de sujets sociétaux qui parlent à tout le monde, c'est pas si simple et courant. Bref, Olivier a une signature qui permet d'identifier et donc de reconnaître le groupe, on peut tout à fait écouter PCCC sans prêter attention aux lyrics, mais alors on rate un truc. "Je mettrais bien le feu" ou "J'ai grave le seum" sont dans la lignée des productions précédentes et plairont à ceux qui viennent aussi chercher ce genre de mots, pour les autres morceaux, il va falloir s'y habituer mais y'a de l'anglais ! Et même parfois que ça ! "You came to me", "10 miles away" et "Hatewatch" ne proposent donc pas de contacts directs, il faut passer par la traduction pour s'imprégner davantage des intentions, pour les titres non cités jusque là, ils amalgament le français et l'anglais avec bien souvent une réelle alchimie ("Don't get sore", "Quelle est la diff ?", "Cerveau mort", "Est-ce que ça vous parle ?").

Les mélodies. Incisives, distordues et rapeuses, on adore quand les P3C jouent la carte mélodique, si en plus le côté fun et ensoleillé contraste avec les textes, c'est encore plus jouissif ("Cerveau mort"). Petite nouveauté, Lola s'affirme davantage et ne se cantonne plus qu'à quelques chœurs, on l'entend bien plus notamment sur "Don't get sore" et "10 miles away". Ce dernier n'est que sucre !!! Un titre calibré pour l'été et les radios universitaires, on est bien plus proche de Weezer que d'Unsane ! Aussi déroutant qu'un "Dumb", ce qui entrerait dans l'univers Pogo par ce morceau ne sont pas au bout de leurs surprises ! "Comme toi" n'est lui aussi que porté sur la douceur, mais le traitement des guitares et le rythme lui donnent un goût de Cure revisité auquel j'accroche beaucoup moins, préférant largement les harmonies issues des influences de l'autre côté de l'Atlantique (qui n'est pas friand de Nada Surf ou Radish ?).

La production. Pas de traintrain, les Franciliens ont cherché à la fois à se faire plaisir (pour le cadre, enregistrer à New York, c'est mieux que dans la Sarthe, non ?), à traîner dans les rues empruntées par des groupes dont ils sont fans et à se challenger en étant drivé par un producteur qui n'allait pas vouloir faire du Pogo Car Crash Control "classique". Pour cela, ils ont fait confiance à Jon Markson (qui a bossé avec Drug Church, mais aussi les trop méconnus Growing Stone), la direction suivie les amène à un résultat moins brut, plus "produit", si on garde l'énergie et une certaine nonchalance grungy, l'ensemble sonne plus rock, laissant plus de place aux voix. Ce cadrage à l'américaine donne un côté plus "adulte", encore plus "pro" à nos fougueux frenchies insouciants.

Les clips. C'est peut-être avec une vidéo que tu as découvert ce groupe, très friand de l'exercice et qui adore jouer avec son image, les effets spéciaux et nous plonger dans des univers assez codés. Deux clips sont déjà dispos pour ce nouvel opus, et là aussi il y a du changement car ils ne sont pas signés Romain Pernot ! "Don't get sore" a été filmé par Nkruma lors de l'enregistrement à New York, pas d'histoire mais des looks (quel dress code !) et des cadres emblématiques des USA. La magnifique photographie est souvent iconique (les grillages, les monuments, le métro) et au final, on peut regretter de voir autant le groupe dans le local tant les images captées à l'extérieure sont belles. Pour le clip de "Comme toi", c'est à David Fontao (derrière la caméra pour Stuck In The Sound, Dj Pone...) qu'ils ont laissé les rênes. Pas de bol pour moi, c'est le morceau pour lequel je suis le moins client du fait du gimmick de guitare à la Cure (genre "In between days" / "A forest")... Le scopitone est un vrai court-métrage avec des looks (encore) et des références appuyées (et pas seulement à The Big Lebowski) où se croisent deux bandes qui cherchent un peu d'excitation...

Si maîtriser l'anglais, faire plus de place aux femmes, soigner la production, honorer ses modèles sont des "compétences négatives", alors Pogo Car Crash Control les collectionne sur cet album qui sonne comme un nouveau départ pour un groupe toujours aussi unique.