pogo car crash control 2020 Dans une interview précédente, tu nous disais que vous parliez beaucoup en répèt, le fait d'être plus lourd, plus métal, c'est venu des discussions ?
En partie oui ! On avait une vingtaine de maquettes et il a fallu choisir quelle direction prendre. Les compositions étaient soit métal soit punk. On a décidé de garder les morceaux "100% P3C" pour ne pas perdre nos fans et d'aller progressivement vers le métal pour la suite de l'album. Globalement je voulais des chanson plus sombres. Cette album est un peu notre Does it look infected (rires).

Vous vouliez vous écarter du tiroir "grunge" dans lequel beaucoup vous avaient rangés ?
Oui, on a préféré s'écarter des techniques de productions du rock alternatif pour une approche plus Heavy. Ne rien laisser au hasard et tout regarder à la loupe. Le but était que chaque morceau soit à 100% tant dans l'exécution que dans le confort d'écoute. En fait on est allé exactement là ou l'on ne nous attendait pas : quand Lysistrata explore le Math Rock, que les Psychotic Monks plongent dans l'Expérimental et que les Johnny Mafia carburent au Garage, nous, on devient un groupe de métal (rires). Je cite ces groupes car on a commencé ensemble et qu'ils sont devenus nos amis.

En studio, vous discutez beaucoup également ou vous êtes surtout là pour enregistrer ?
Les compos étaient prêtes, on était sûr de nous. Les discussions portaient donc sur le son de nos instruments avec Francis plutôt que sur le jeu. En premier, le son de la batterie. On voulait ne perdre absolument aucun coup de fûts, alors que dans le rock alternatif souvent tu n'entends pas tous les coups de grosses caisses. Sur les guitares on est passé sur Marshall, ce qui est une vraie révolution pour Simon et moi. Je n'arrêtais pas de répéter que cette album serait notre Black album (rires).

Justement, quelles étaient vos demandes au moment d'arriver en studio avec Francis Caste ?
On voulait que Francis nous fasse un son extrêmement efficace et proche des oreilles. De la proximité ! On voulait que ça tape directement, sans filtre. On ne voulait pas se la jouer à la Dave Grohl, genre "écoute cette tranche de console Neve 4000 j'sais pas quoi". Challenge réussi, je crois que Francis a eu beaucoup de plaisir à travailler avec nous et c'est réciproque, ce mec est génial.

Y'a pas mal de boulot sur la voix, c'est un travail qui a commencé dès les répétitions ou des effets sont également travaillés en studio ?
J'ai commencé à travailler cette voix en live où j'ai pu étendre mes capacités tout au long de la tournée de Déprime hostile. Je voulais mélanger le cri de Jaz Coleman de Killing Joke et celui de Jim Jones de The Jim Jones Revue. Au début, quand j'ai fait écouter la maquette de "Qu'est ce qui va pas" au groupe, l'accueil était mitigé ! Tout le monde me disait : "mais ce n'est pas toi qui chante là ??". J'ai été très flatté de lire les réactions de nos fans sur cette nouvelle voix sombre et grave. On m'a aussi complimenté là-dessus après nos trois concerts de cette année et ça me touche beaucoup !

Pogo Car Crash Control - Tête blême Les textes sont-ils faciles à écrire ou demandent-ils beaucoup de travail et de modifications pour être encore plus incisifs et poétiques ?
En effet, je pense que cela demande beaucoup de travail. Quand tu chantes en français, les gens vont comprendre ce que tu racontes en même temps qu'ils écoutent la chanson. Du coup, un mauvais texte peut à coup sûr flinguer une bonne compo. Sur ce disque c'est l'univers de Lovecraft qui vient percuter ce qu'on a déjà installé auparavant avec le groupe, à savoir, des punch-lines bêtes et méchantes sur la vie en général.

J'ai trouvé de nombreuses mises en abîmes, c'est un truc qui vous plaît ?
Tu veux dire des auto-référence comme dans Stupéflip ? Je pense que c'est un accident ! J'ai l'impression qu'on a créé un univers que notre public s'est approprié. Quand je vois certains fans utiliser des paroles du groupe dans leurs expressions quotidiennes genre "Ta gueule et crève" ou "Casse-toi et laisse-moi tout seul", j'ai l'impression d'avoir créé une secte (rires). Du coup tu retrouves ce genre de phrases accrocheuses qui fait partie de notre marque de fabrique dans ce nouveau disque.

La pochette fait écho à de nombreuses autres de l'univers du rock, on est plus sur un clin d'œil aux Beatles ou à Kiss ?
La pochette est une référence à Black hole de Charles Burns, c'est une BD fantastique que je recommande à tout le monde de lire ! Avec Baptiste Groazil, notre dessinateur, on est fan de bande dessiné indépendante. J'aurais aimé faire une référence à Daniel Clowes, mais Burns avec son univers Teenage / Horreur était tout dédié.

Les effets spéciaux sont assez soignés, vous aimez vous faire amocher ?
On adore ça ! J'aime qu'on nous mette en scène dans nos clips. Ça apporte du second degré. Romain Perno, qui réalise nos clips habituellement, a de l'or dans les mains. Pour notre dernier clip c'est Jules Gondry, le neveu de Michel Gondry qui s'est collé à la réalisation. Il fait beaucoup de clips pour d'autres artistes, surtout dans l'univers hip hop. Ce type est complètement barge, je l'adore !

Ça te tenterait de faire la B.O. d'un film ou vous préférez faire les petits films sur votre musique ?
J'aimerais beaucoup travailler sur la B.O. d'un film, bien sûr ! Un film d'horreur de préférence.

Il y a déjà 3 clips, le confinement a stimulé ou contrarié vos projets ?
Stimulé ! Ce covid19 nous a bien mis la pression. On voulait que le disque ait toute ses chances de sortir correctement, donc on a mis les bouchées doubles sur la promo.

Mag #45 : Pogo Car Crash Control Est-ce qu'en ce moment, vous "perdez" votre temps ?
Chacun s'occupe bien : Simon devient tatoueur, Lola donne des cours de basse en ligne, Louis travaille des chansons folks, moi je compose beaucoup... Mais oui, c'est frustrant de ne pas tourner, donc on tourne en rond ! Là, je t'écris d'une maison de campagne paumée dans les champs, non loin de Bourges. Je fais des salades de pissenlits du jardin, je bois du pinard du coin. Le rock quoi ! (rires)

Financièrement, le groupe peut-il survivre à une longue période sans concert ?
Houla oui ! On vient d'acquérir une machine à carte bancaire pour notre stand de merchandising. Tu n'imagines pas toute la thune qu'on a de côté. En vrai on pourrait s'arrêter là et vivre sur la vente de nos deux albums et notre premier EP (rires).

Au printemps, il devrait y avoir une date au Bataclan, ce n'est plus une salle comme les autres, le choix a fait débat ?
Que pouvons-nous faire de mieux que de continuer à faire vibrer les murs du Bataclan ? C'est un putain d'honneur d'y jouer et on a hâte de tout défoncer.

Tu faisais quoi le 13 novembre 2015 quand t'as appris les attentats ?
J'étais dans un village en Baie de Somme, à Ault. Je me souviens que les gens s'étaient retrouvés dans le bar du coin pour débattre. Tout le monde était sous le choc mais il y avait un fort sentiment de solidarité dans ce bar ce jour-là, et j'ai aimé ce moment.

Pour finir sur une note plus légère, on choisit un "si bémol", un "fa dièse" ou un "ré" ?
Un Ré ! c'est comme ça qu'on accorde nos guitares...