Un an après, on prend le même et on recommence ! Vu leur ascension fulgurante et leur talent, on était obligé de revenir avec Olivier (chanteur et guitariste) sur cette année formidable vécue par les Pogo Car Crash Control mais cette fois-ci un peu plus longuement que juste avec une interview fermée. Go.
POGO CAR CRASH CONTROL
L'année 2018 a été riche en émotions, qu'est-ce qui a vous a le plus excité, la sortie de l'album ou les grosses dates ?
Les deux. On était très excité de sortir notre 1er album, c'était la première fois pour nous tous, donc une découverte à tous les niveaux. Et quand le planning de tournée s'est calé, on était pressé d'attaquer ! En réalité je pense que l'on a ressenti le dur du "travail" pendant la production du disque et le tournage des clips. Mais quand le disque est sorti, on n'avait plus qu'à faire des concerts et se laisser porter par le mouvement, ce qui était très agréable. Et bien sûr l'été 2018 a été très intense en terme de concerts et de festivités avec le Download, le Hellfest, le Cabaret Vert entre autres. Je n'arrive pas à réaliser qu'on a réussi toute cette tournée sans aucun gros problème. J'en profite pour remercier le professionnalisme de notre équipe technique qui assure grave. Même si notre EP a fait un peu de bruit je pense que l'on a gagné notre public cette année 2018 avec la tournée autour de ce premier album. Et étrangement c'est toujours "Conseil" le tube de notre EP qui déchaîne les foules pendant nos lives !
Pour reprendre une question que j'avais posée il y a un an, vous avez préféré le Hellfest ou le Download ?
Difficile à dire puisque tu te doutes bien qu'on aimerait rejouer aux deux ! (Rires) Mais parce qu'on est des punks je vais être sincère. En tant que spectateur, j'admets avoir beaucoup apprécié le Download mais le Hellfest c'est très impressionnant. On a surtout squatté la Warzone qui est plus intime et c'était vraiment extraordinaire.
Jouer sur de grandes scènes, c'est pas un peu perturbant, vous qui êtes habitués à être très proches ?
Si carrément. Mais on s'habitue vite. Ce qui est difficile c'est d'ouvrir la journée sur un grosse scène à moitié vide. Mais quand il y a du monde ça devient vite fantastique. Le son massif d'un gros système et la marée humaine qui se déchaîne c'est hyper stimulant et finalement tu peux très bien avoir un rapport de proximité avec le public même sur des grosses scènes.
Et jouer aussi peu de temps à l'heure de l'apéro (Hellfest) ou du goûter (Download), c'est pas frustrant ?
Oh bah c'était déjà un honneur pour nous d'y être programmé ! Mais pour la suite en effet j'espère qu'on aura un créneau un peu level up !
Vous êtes un des rares groupes "vénér" à accéder aux festivals "grand public", c'est votre réputation "live" qui fait la différence ?
Alors tu as tout à fait raison de la remarquer parce qu'étonnamment on a partagé la scène avec des groupe comme les Négresses Vertes ou bien Stéphane Eicher. Surprenant ? Et bien on n'a aucune réponse claire ! Que veux-tu, on nous appelle, on vient, on joue... voilà (rires). Parfois on a eu le sentiment d'être le groupe qui défoule dans ce genre de festival. Tout monde vient s'éclater la tête devant nous, et le résultat est souvent très nerveux. Et ce qui fait plaisir c'est de toucher un public qui n'a pas l'habitude de voir des concerts de hard et souvent on nous dit "J'écoute pas de rock mais vous, j'ai aimé".
Il y a des dates que vous pourriez refuser ?
J'ai déjà décommandé un concert la veille pour le lendemain. C'était il y a bien longtemps, nous avions gagné un tremplin musical dont les épreuves se déroulaient dans plusieurs villes de France. A l'époque on tournait avec la Fiat Panda de Louis, c'était très précaire ! Bref, on gagne ce concours et nous sommes donc invités à nous produire dans un festival en Suisse. Sauf qu'on nous prévient que finalement nous jouerons la veille de l'ouverture du festival devant l'équipe technique et quelques personnes extérieures. En gros c'était le petit kiff de l'orga. On a tout simplement dit "Non, la flemme", ce à quoi le programmateur m'a répondu "Vous allez venir, ça ne va pas se passer comme ça". Franchement je ne regrette pas du tout. Je considère qu'en tant que groupe, personne n'est en mesure de te donner un ordre.
POGO CAR CRASH CONTROL
2018 a apporté beaucoup de bonnes choses, ça va être dur de trouver des sujets de paroles "déprimants"...
Tu te doutes bien que si le simple fait de faire des concerts et d'être aimé pouvait guérir cette déprime hostile que l'on a en nous, la question serait réglée depuis bien longtemps ! Cependant sur nos nouvelles compositions il y a une dimension que l'on n'avait jamais explorée auparavant maintenant, mais je ne puis en dire plus...
Côté vidéos, c'était plus calme en 2018, pourquoi moins de frénésie de ce côté-là ?
On a fait deux clips en effet c'est beaucoup moins que les cinq vidéos tournées pour l'EP. Ça a beaucoup payé au début et on a pris beaucoup de plaisir mais on reste un groupe de musique et l'aspect visuel ne devait pas arriver au même niveau que le disque. C'est en tout cas ce qu'on voulait puisque l'aspect scénique était désormais plus pertinent pour faire parler de nous. Du coup on a eu des vidéos live assez efficaces comme celle avec Stupeflip, notre passage au Hellfest et Arte concert au Cabaret Vert. Ça nous a beaucoup aidé.
Vous avez conscience d'avoir vécu un tas de trucs beaucoup plus rapidement que la normale ?
Eh bien sincèrement oui et non. Oui parce qu'en effet quand on regarde les 2 années derrière nous, on se dit qu'on a fait beaucoup de choses ! Mais quand on pense à nos premiers concerts c'était il y a déjà 7 ans. Tu te rends compte que dans 3 ans seulement ça fera 10 ans qu'on supporte nos tronches ensemble ! (rires) Certains groupes "marchent" tout de suite. Nous ça a pris du temps je pense, mais c'est un temps qui a été nécessaire pour construire l'identité de PCCC. On a la sensation d'être solide.
Vous vous attendiez à un tel début de carrière ?
Eh bien non. Jamais on a espéré quoi que ce soit de carrière avec la musique, on n'y croyait absolument pas. Par contre on croyait très fort aux avantages de jouer dans un groupe : sortir, s'amuser, avoir de la bière gratos, rencontrer des gens, voyager un peu en voiture... Donc on a toujours fait ça de manière assez sérieuse parce qu'on a toujours cru dans la réalité de notre musique. Mais pour nous, être dans une maison de disque, jouer au hellfest, c'était du domaine du fantasme.
Qu'est-ce qui peut l'expliquer ?
Je pense que depuis la génération No One Is Innocent, Lofofora, Tagada Jones il n'y a plus eu de groupe de metal alternatif qui chante en français. Nous sommes donc un peu seuls dans cette niche et je pense que les Français aiment bien leur rock en français. Donc on est venus combler un vide générationnel. Ensuite je crois que les gens s'éclatent pendant nos concerts et se sont passés le mot.
Vous chantez en français mais ça pourrait être dans n'importe quelle langue, vous avez des retours de l'étranger ?
Canada oui ! On y est allé en 2017 pour deux concerts. Ça a bien fonctionné. Les Canadiens adorent la langue française.
Si vous gardez le rythme dans votre progression, vous mettez les États-Unis à genoux d'ici deux ans, c'est dans les plans ?
Je pense que nous sommes un groupe profondément européen et encore plus "français". C'est sûr que l'on a l'énergie nécessaire pour faire de bons concerts partout dans le monde. Mais je me demande si ça prendrait aux States. C'est comme si tu leur montrais "Les bronzés fond du ski" je ne suis pas sûr qu'ils puissent bien comprendre le film. En tout cas on aimerait aller aux USA.
POGO CAR CRASH CONTROL
Ce genre de questions un peu suce-boules, ça ne vous dérange pas trop ?
Point du tout.
Votre musique est une somme d'inspirations assez importantes, laquelle est pour vous la plus fondamentale ?
BB Brunes et Slayer.
Sur scène, il y a une grosse débauche d'énergie, c'est pareil en studio ou vous êtes beaucoup plus posés ?
En studio il y a souvent cette inquiétude quand on perd ses repères après avoir beaucoup travaillé : est-ce qu'on fait le bon choix ? Les directions sont infinies et donc il faut être sûr de soi et arrêter de se poser des questions à un moment. En live y'a pas d'autres choix que de jouer fort et bien ce qui est assez confortable je trouve ! C'est la vrai différence. Mais le plaisir que tu ressens quand tu as enregistré la prise parfaite avec l'arrangement parfait et que ça te fait sauter de ta chaise pour danser, ça c'est le truc magique qui n'arrive qu'en studio et c'est jouissif.
Vous avez commencé à composer de nouveaux titres, vous allez les tester sur scène ?
Exactement !
Quand vous vous retrouvez en répét', vous discutez de la "direction artistique" des morceaux ou tout est instinctif ?
On parle beaucoup !
Y'a déjà une date importante de cochée pour cette nouvelle année ?
Jeudi prochain à Petit Bain à Paris.
C'est aussi l'époque des bonnes résolutions, vous en avez pris ?
Oui un certains nombre, notamment faire un joli merch.
Merci Olivier et Pogo Car Crash Control et merci Virginie.
Photos : Ted
Publié dans le Mag #36