Dans l'océan du Rock, il y a toujours des trucs qui passent sous nos radars et qu'on découvre un peu trop tard, mais pas comme l'iceberg qui croise (et coule) le Titanic, plutôt comme une perle qui enrichit ta culture et vient combler un vide que tu ne soupçonnais pas. Je découvre donc Përl avec Les maîtres du silence ce qui est déjà leur troisième album ! Le combo balance un post-hard-core et j'ai beau être habitué au style, je suis ici bluffé à plusieurs niveaux.
Au premier étage, l'évidente qualité de l'ensemble, donner dans le métal qui combine passages éclairés et brutalité noire, c'est devenu un classique, réussir à être aussi bon dans les moments où la luminosité est presque pop que dans ceux où on se fait labourer les oreilles par une rythmique granuleuse, des riffs puissants et un chant guttural, ce n'est pas donné à tout le monde, quand en plus, le tout est bien dosé et que les transitions d'un versant à l'autre sont invisibles, c'est une grande réussite. Përl pourrait aussi bien faire un album pop rock qu'un autre black metal que celui qu'il nous propose qui amalgame tous ces talents. Pas de faiblesse du côté des bases qui sont particulièrement mises en valeur par les travaux conjugués d'Etienne Sarthou (AqME, Karras, Deliverance, Grymt...) et Magnus Lindberg (Cult of Luna, My Own Private Alaska, Bunkr, Sick Sad World...).
Au deuxième, le groupe prend des risques et ça paye à chaque fois. Chanter en français, tenter de longs tunnels de douceur presque progressive, adoucir des distorsions... Përl se permet un tas de choses que beaucoup n'osent pas de peur de sortir d'un créneau établi. Eux, ils y vont et ils ont raison.
Au troisième : Aline. La frontwoman assure les chants et la guitare avec une facilité déconcertante. Si on isole son timbre clair (genre Véronique Sanson), on se dit que ça va être compliqué de faire du post-métal avec, mais force est de constater qu'entre maîtrise, puissance et charisme, on ne sait pas trop où elle est la meilleure. De telles qualités sont rares sur la scène mondiale, je ne comprends toujours pas comment j'ai pu passer à côté depuis 8 ans.
Enfin, parce qu'il faut bien que je m'arrête à un moment (et si je commence à parler des textes ou des vidéos, il faudra une deuxième page), Përl n'est qu'un trio. Là où certains se mettent à 6 pour faire le job, eux envoient tout valser juste à trois. A peine croyable.
Et en plus, ils seraient donc Les maîtres du silence ! Pour l'heure, c'est bien leur musique qui me transporte au cœur de leur univers fait de tout sauf de ce silence, un silence qui est vite synonyme d'absence et de manque. Du coup, j'ai du mal à décrocher, allez, je le remets, juste une fois...
Publié dans le Mag #48