pelican_band.jpg Après The fire in our throats will beckon the saw qui faisait la part belle aux circonvolutions ambiant dans des titres assez labyrinthiques, voici donc City of echoes, un album que, à l'image de son titre, j'ai perçu comme étant plus compact, direct, peut-être un peu moins "cérébral". Plus rock que son prédécesseur. Tu es plutôt d'accord ?
Totalement. Après The fire in our throats..., nous avons vraiment ressenti le besoin de créer de la musique dans un esprit totalement différent, c'est notamment dû au fait que nous étions en tournée constamment. Aussi, nous avons réalisé qu'il était nécessaire à l'intérieur de nous, d'écrire des chansons plus courtes, avec des émotions immédiates, pour avoir un contraste dans nos performances, plus de variété car Pelican n'aime jamais se répéter... La vie c'est l'évolution.

City of echoes est sorti depuis quelques semaines maintenant, comment l'appréhendes-tu maintenant que tu as un peu de recul sur ce disque ?
Désolé d'être si en retard avec cette interview ! [NDA : effectivement du coup, ça fait un peu plus que quelques semaines] J'adore le disque. J'aurais bien aimé avoir une ou deux chansons de plus, car je réalise que la plupart des personnes qui apprécient notre groupe aimeraient bien que l'évasion musicale dure plus longtemps. Nous sommes chanceux. Nos fans ne sont pas trop exigeants avec nous, mais j'aurais dû y penser un peux plus. En l'état, j'aime beaucoup les chansons et l'enregistrement. Evidemment, nous avons déjà commencé à nous concentrer avec le prochain album, donc je sens quand même un tout petit peu de distance...

The fire in our throats... est quasi unanimement reconnu comme un excellent disque, vous vous êtes vous mis une certaine pression au moment d'écrire City of echoes ?
Oui, c'est vrai, on a reçu beaucoup de compliments pour ce disque. Je pense que les musiciens comme nous ont pas mal de retenue vis à vis de ça. J'aime pouvoir vivre de ma musique évidemment, mais je ne joue pas de la musique pour cela ou pour envisager d'être une rock star pour un grand public. Avoir ce genre de succès peut engendrer un besoin de se renfermer un peu sur soi-même et redécouvrir ce que tu aimes dans la musique et aussi ce besoin d'écrire pour se faire plaisir tout d'abord. Donc oui, il y avait évidemment cette sensation de pression lors de nos répétitions. Dans Pelican, le vrai talon d'Achille, (mais est-ce que c'en est vraiment un...) et que nous ne pouvons pas réécrire la même chanson ou créer dans un environnement musical pour très longtemps donc l'EP, Australasia, City of echoes, The fire in our throats will beckon the saw... ils sont tous très différents. Le prochain le sera aussi.

Ma précédente question en entraîne du coup une autre : t'arrive-t-il d'écouter les anciens albums de Pelican ?
Quand il est fini, oui. Après, rarement.

De manière générale, les gens et notamment les journalistes classent Pelican entre Isis et Mogwai (pour faire large), sachant que votre musique est puissante mais assez stratosphérique. J'ai pour ma part le sentiment que vous exorciser votre violence au travers de Tusk, dont Pelican était à l'origine le side-project. Tu confirmes ? D'ailleurs, à quand le nouvel album de Tusk, il me semble qu'il est dans les tuyaux depuis pas mal de temps?
Tu as raison. Le besoin de Pelican est né tout d'abord car je voulais écrire moi-même, et je n'écrivais pas dans Tusk (j'écris un peu plus maintenant). Mais tout de suite en commençant Pelican, j'ai remarqué que Larry et Trevor aussi voulaient jouer quelque chose de différent, donc Pelican était quelque chose de nécessaire pour nous tous. Au début, la vraie influence sur Pelican était beaucoup plus à chercher du côté de Earth, Godflesh, Goatsnake et Entombed, après, on s'est rendu compte que nous pouvions inclure un nombre de possibilités sonores infini dans notre répertoire. Je pense qu'effectivement Isis et Mogwai, que nous adorons, sont des groupes qui ont trouvé un cheminement musical similaire au notre et donc cette comparaison est très pertinente. Mais chaque groupe est tres différent. Pour finir, je dois dire que le prochain Tusk est bel et bien terminé, il sort dans une semaine chez Hydrahead Industries.

A propos de sorties prochaines, vous avez un DVD en approche il me semble. Et produit par Justin Broadrick qui plus est. Tu peux en parler ?
Oui, le DVD est fini et il sort debut début décembre ou début janvier.

Vous avez la réputation d'enregistrer vos albums assez rapidement (5 jours pour City of echoes d'après ce que j'ai entendu dire), c'est le syndrome anti-Chinese democracy c'est ça ? (rires). Plus sérieusement, comment faites-vous ? Tout est hyper-verrouillé lors des répétitions ? Vous ne dormez que deux heures par nuit lorsque vous enregistrez ?
Non, non c'est la limite financière qui demande ne pas pouvoir rester dans le studio pour très longtemps. Après ça coûte très cher. Mais avec chaque album, nous pouvons rester plus longtemps, et pour City of echoes nous avons eu en réalité presque deux semaines. Mais même avec cela, il est vrai que nous n'avons pas dormi !

pelican_promo_2.jpg Une question que je me suis souvent posé à votre sujet, il me semble avoir lu que vous aviez pensé au départ intégrer un chanteur au line-up de Pelican ? C'est une idée que vous avez complètement abandonnée ?
Pour l'instant oui, mais l'intégration de la voix est quelque chose auquel nous pensons souvent. Peut-être un jour...

Dans quoi trouvez-vous l'inspiration au moment de composer ?
Le metal, l'amour, la violence dans le monde, un bon livre, ré-écouter les vieux disques qu'on adore, un super film, une journée a la plage ensoleillée... tout quoi. La vie.

Toi qui es français et qui joue dans un groupe qui tourne beaucoup aux USA, mais également en Australie ou au Japon, comment expliques-tu le fait que l'on voit si peu de bons groupes en France hors période de festivals ? Est-ce un problème d'engouement typiquement franco-français ?
Alors là, aucune idee ! Mais je dois dire qu'il existe dans d'autres pays un réseau très important pour les groupes qui veulent tourner. Tandis quand France, c'est peut-être plus petit... Je ne sais pas trop.

Vous êtes signés chez Hydrahead Industries depuis pas mal de temps maintenant et c'est à mon sens l'un des rares gros labels à savoir aussi bien concilier le qualitatif et le quantitatif (Jesu, Converge, Cave In, Oxbow etc.) quel est leur secret ?
Honnêtement ? La passion pour la musique d'abord. Le business après.

Qu'est-ce qui tourne dans ton iPod ou ta platine en ce moment ?
Sepultura, Gorguts, Evile, Obituary, Sacrifice, Glory bells (du vieux metal suédois), Unleashed, Mos Def, Bob Dylan, Peter Gabriel... de tout quoi !

En France et un peu partout, on parle énormément du téléchargement légal/illégal. Les groupes qui souhaitent se faire connaître via le net se fichent éperdument de savoir comment on se procure leur musique, mais ceux qui ont réussi grâce notamment au net et qui vivent de leur musique, ont tendance à cracher dans la soupe, qu'en penses-tu ?
Je ne crache pas dessus. Tout le monde a toujours partagé la musique a travers les cassettes, les copies de CDs pour ses copains, etc. La musique, pour la plupart des goupes, est trop chère pour ce que l'on reçoit, et c'est pour cela que les indés survivent car un CD ou vinyl sur un indé la plupart du temps offre plus en terme de packaging par exemple. Je pense que le net a facilité la rapidité avec laquelle on partage la musique, mais je pense que les vrais fans iront aux concerts, achèteront un t-shirt, etc. Et je pense que les blogs ou petits sites pour le vieux métal pointu qui est super cher et impossible à trouver sont géniaux car ils contribuent à développer une communauté d'appreciation pour le passé de la musique.

On l'a dit, tu es Français et tu vis aux USA. En général, énormément de groupes confient être carrément opposés à la politique de l'administration Bush. Quel est ton point de vue toi qui vois ça de près mais avec le recul de ne pas être Américain ?
L'Amerique est un pays très large à tous les sens du terme. Il est impossible d'imaginer que une personne super libérale puisse habiter dans un pays ou Bush devient président. J'aime penser que l'Amérique est une collection de 50 pays. Il devrait y avoir plus de divisions ici dans ce sens. Mais c'est pratiquement impossible. Moi-même, je me ressens beaucoup plus proche du système français .... enfin, avant le mouvement graduel vers la droite, ou alors la Suède.