Part Chimp - Thriller Part Chimp, c'est tout d'abord un coup de cœur live lors de leur passage au Grand Mix de Tourcoing en septembre dernier : puissant, lourd et hypnotisant. Les adjectifs ne manquaient pas pour qualifier la performance live du groupe et la donne est sensiblement la même sur Thriller, leur dernier véritable album en date (ils ont visiblement sorti un live entre-temps). Les affreux jojos à tronche de piliers de bars anglais (venant d'un autre affreux jojo pilier de bar également, ce n'est pas une insulte, on est entre potes...) de Part Chimp vont balayer les sceptiques d'une main et enfoncer la tête la première les déjà convaincus dans les méandres de leur sludge noise bâtarde.
Puissant, lourd et hypnotisant donc, on pourrait arrêter la chronique de suite mais on ne le fera pas, il me reste encore deux-trois trucs à dire sur cet album fa-bu-leux. "Trad", le premier titre, assomme l'auditeur de tout son poids : imaginez un compromis entre la lourdeur exacerbée des premiers Kylesa, avant qu'ils ne fassent de la pop, les reliefs soniques pas tout à fait définis et la "craditude" des premiers Sonic Youth... Intro en douceur, balançage de purée jouissif, riffs en béton armé, section rythmique lourde et véloce, break méga-bandant à base de matraquage, prod' très brute de décoffrage, une voix qui se mue dans un collectif décidé à tout atomiser sur son passage. "FFFF" et "Sweet T", c'est sensiblement le même topo : les Part Chimp lâchent les taureaux sans se soucier des dommages collatéraux qui sont, à l'image de leur puissance de feu, colossaux. Soulignons le travail d'enchaînement entre les morceaux qui rend l'album incroyablement fluide à l'écoute : ainsi, "Dirty sun" semble parfaitement s'intégrer à "FFFF" et on a l'impression d'une continuité naturelle qui confère un caractère immersif redoutable. Le groupe sait aussi la mettre en sourdine, comme sur les titres "Tomorrow midnite" et "Super moody", histoire de démontrer à l'auditeur qu'ils sont aussi de véritables songwriters et qu'ils maîtrisent leur sujet à mort, les amplis en mode "shut up !", même si c'est pour inévitablement remettre le couvert en terme de débauche d'électricité. Impossible de terminer ce modeste article sans mentionner le titre final, "Starpiss" : neuf minutes, de l'électricité souillée, de l'épique... Tout est dit.
Trop noisy et crade pour séduire un métalleux pur jus, trop metal pour charmer un rockeur strictement indé, Thriller jouit d'une qualité de grands albums : il a le cul entre plusieurs chaises. Si tes oreilles ne font partie d'aucune secte et ne réclament que de l'envoutement auditif, Thriller est sans doute l'album qu'il te faut : c'est une claque monumentale.