Si tu reconnais ce son, c'est que t'es vieux. L'EP de Parlor commence presque comme un vulgaire post facebook puisqu'on entend le sample d'un enchaînement numéro de téléphone puis réponse de modem. Les Parisiens nous emmènent donc sur Internet avec Comments, plus que les mots, l'illustration passe un message clair, entre la perte de temps, les prises de tête et le peu de cervelles de certains, mieux vaut mettre un gros coup de batte dans la tronche de son ordinateur et des réseaux sociaux en particulier. Si tu te demandes comment un mignon petit chat peut déclencher autant de violence, écoute "Insta cat" où comment la vie d'un chat influenceur se transforme en brûlot Hard Core Chaotique. A croire que la vacuité énerve un poil certains followers. Toujours très explosif, le HxC se fait presque grind sur "Fighting the blue" expédié en moins de 100 secondes... Et carrément post sur "Pervitin", une amphét' qui a calmé les esprits qui s'égarent dans le vide avec une distorsion lancinante et des échos inquiétants après avoir tout saccagé au début du morceau. Parlor fait donc régulièrement le grand écart entre parties alambiquées assez déliées et charges ultra denses où les respirations attendent la fin de la plage, rythmiques et sonorités changent régulièrement et ne permettent pas de loger le combo dans une seule case, c'est ce qui fait leur singularité et leur attrait car quelles que soient les voies explorées, ça fonctionne. Même quand ils ajoutent des samples sortis de nulle part (un miaulement, un dialogue, un commentaire off de 1947 sur le futur), c'est parfois le bordel et je conçois que ça ne doit pas être évident d'imaginer à quoi ça ressemble à partir de mots mais je t'encourage à aller écouter (ou voir le clip) pour te faire ton idée. Dis-toi que le jeune label Source Atone Records n'a pour l'heure pas fait de mauvaise pioche (Korsakov, Demande A La Poussiere, #Junon, Nefastes...), c'est donc, déjà, un gage de qualité.
Publié dans le Mag #49