saar Parlor ou Saar ?
Boris : Saar ce serait plutôt la musique de l'hémisphère gauche : étrange, cérébrale, austère, qui réclame une attention soutenue avant de se dévoiler dans toute sa complexité, tandis que Parlor s'apparente plutôt à l'hémisphère droit, c'est punk, chaotique et bien barré dans ta face... Choisir l'un des deux projets reviendrait à devenir hémiplégique !
Yann : C'est comme choisir entre ma mère et mon père, impossible de choisir. Comme le dit Bobo, les projets sont complémentaires et j'ai honnêtement pas de préférence.

Ovtrenoir ou Throane ?
Boris : J'apprécie les deux groupes de notre batteur Julien Taubregeas, deux univers terriblement sombres mais qui me parlent singulièrement. J'ai pas mal poncé le dernier EP de Throane Une balle dans le pied, une unique track qui évolue dans des abîmes de noirceur... Après je suis plus proche des musiciens d'Ovtrenoir, dont la plupart sont des amis, on les avait d'ailleurs programmés au Post In Paris Festival en 2019, et on va certainement caler des dates ensemble avec Saar pour 2022. Hâte !
Yann : c'est deux groupes que j'adore, mais pour le coup Throane me met plus une claque à chaque fois que j'écoute. Donc Throane.

Post-métal ou Post-Hard-Core ?
Boris : Querelle linguistique pour érudits décadents ! Mais en bref, je kiff autant le "post-hardcore" 90's de groupes comme Fugazi, Sonic Youth, Unsane ou Slint, chacun pouvant également être classé dans une sous-catégorie : post-rock, noise-rock, shoegaze... que l'esthétique post-metal représentée par des artistes comme Neurosis, Cult Of Luna ou Isis. J'ai plutôt grandi avec le "post-metal", et découvert la scène "post-hardcore" américaine des 80's/90's plus tard pendant ma vingtaine, mais aujourd'hui les deux genres me parlent autant, bien que les étiquettes ne veulent plus dire grand chose... Saar, par exemple, est clairement étiqueté "post-metal", ce qui fait sens; en revanche on lit régulièrement les termes post-metal" ou "post-hardcore" pour qualifier la musique de Parlor... Tant que les auditeurs s'y retrouvent tout me va...
Yann : C'est dur, ça va dépendre des journées, des fois je veux du scream avec des gros riffs, et des fois je vais vouloir que des gros riffs sans les screams... C'est un raccourci bien dégueux que je te fais là, mais en vrai, c'est un peu ça.

Noir et Blanc ou couleur ?
Yann : Je kiff les deux, tout va dépendre du contexte, mais je préfère voir la vie en couleur. Alors couleur !
Boris : Nette préférence pour le Noir et Blanc en ce qui me concerne... Les pochettes de Gods et Sol de Saar, ainsi que celles de tous les skeuds de Parlor sont en noir et blanc. Il y a une certaine beauté brutale qui s'en dégage, l'élément nocturne me parle bien. Mais comme on aime bien casser les codes, il n'est pas exclu qu'on choisisse de la couleur pour les prochains albums...

Dessin en noir et blanc ou photo en noir et blanc ?
Boris : On a tenté les deux configurations; la photo d'Alex Le Mouroux, guitariste de Saar, pour la pochette de Gods, et les gravures de Vaderetro et Fortifem pour les pochettes de Parlor. Difficile de trancher, les deux techniques disent des choses différentes pour chacun des projets. Je pense que la photo d'immeuble sous un ciel menaçant marche parfaitement pour représenter l'Odyssée homérique de Gods, tandis que le dessin de la vanité avec l'écran d'ordi brisé de Vaderetro exprime clairement l'idée d'asservissement aux réseaux sociaux développée dans Comments.
Yann : Je dessine à mes heures perdues, et j'adore les dessins au crayon a papier, en mode croquis, je trouve ça tellement plus vivant.

EP ou LP ?
Boris : LP sans hésiter ! On s'aperçoit avec Parlor des limites du format EP; ça peut effrayer les auditeurs qui préfèrent attendre la sortie du LP en imaginant l'EP comme un avant-goût de l'album... Alors qu'on a beaucoup plus travaillé les compos et la production de Comments en EP que de Softly pourtant en LP, par exemple, et que les deux enregistrements font sensiblement la même durée à quelques minutes près, comme quoi ça ne veut rien dire... Je pense que le format 6 titres est un peu bâtard; à l'avenir on ne sortira plus que des full-legnths, ou alors des EP vraiment "courts" de 3 ou 4 titres, pas plus.
Yann : LP sans trop réfléchir, j'ai peu de EP qui m'ont marqué, alors qui si je dois faire la liste des LP qui m'ont bouleversé... on n'est pas arrivé !

Parlor - comments Mythologie ou nouvelles technologies ?
Boris : Lire "Les métamorphoses" d'Ovide sur sa tablette me paraît un bon programme ! Plus sérieusement, vous pourriez être surpris des thématiques abordées dans le prochain album de Saar, sur lequel on a déjà commencé à plancher. D'Homère à Asimov, il n'y a qu'un pas...
Yann : Nouvelles technologies, je suis un gros geek, et j'adore voir les nouveautés qui déboulent, c'est grisant.

Christophe Denhez ou Arnaud Gillard ?
Yann : Ni l'un, ni l'autre, c'est des fous de signer des groupes comme les nôtres !
Boris : Krys pour les jeux de mots pourris et les références de bière belge, Arnaud pour l'ascétisme de bonze et les coups de pression aux usines de pressage !

Avec du chant ou instrumental ?
Boris : Deux salles, deux ambiances... Arthur est parfait en hurleur possédé dans Parlor, et pour l'anecdote, il a d'ailleurs chanté un temps dans Saar - on cherchait à ajouter un côté Cult Of Lunaesque à la musique, mais on s'est finalement aperçu qu'elle se suffisait à elle-même. J'aime bien l'idée que Gods soit un album quasi-instrumental, au sein duquel le chant ne s'immisce que sur le dernière piste avec Julien Sournac de Wolve.
Yann : Sur scène, petite préférence avec le chant. Après à l'écoute, ça va dépendre de mon humeur.

Avec ou sans guest ?
Yann : Avec ! C'est tellement cool de pouvoir jouer avec des potes.
Boris : On compte développer encore davantage l'idée des guests chez Saar. On a sorti un Split avec nos camarades des Random Monsters début 2021, qui nous a donné envie de réitérer l'expérience. A voir jusqu'où l'idée évoluera ! Concernant Parlor , on est assez friands des guests vocals sur scène ... avec ou sans costume d'Instacat, comme au Ferrailleur à Nantes en septembre dernier. La vidéo est toujours visible sur YouTube, merci Clément d'avoir donné de ta personne !

Studio ou live ?
Boris : Les deux expériences studio, pour Gods et Comments avec Francis Caste nous ont pas mal marqués l'an dernier. On était à fond pendant les prises, mais dans une ambiance finalement assez détendue, et j'ai bien hâte de retravailler avec lui à l'avenir... Mais je dois dire que les quelques concerts qu'on a pu donner, tant avec Parlor que Saar, depuis la rentrée, m'on fait sentir que rien ne remplace l'expérience de jouer avec tes potes en live, et j'ai surtout hâte des scènes à venir pour 2022 !
Yann : Le live !

Paris ou la province ?
Boris : Les deux dates que j'ai préférées jouer depuis septembre dernier ont été, pour
le coup, des dates parisiennes : respectivement la réouverture du Klub à Châtelet
avec Parlor, concert de fou-furieux, le public était dingue, et la Release-party de
notre album Gods avec Saar à l'auditorium de Marguerite Duras dans le 20ème.
Cela dit, on jouait à la maison, et on passe toujours un meilleur moment quand on
sent que le public est à l'écoute et kiffe avec nous, et ces deux dates là étaient
absolument magiques du point de vue de la communication avec le public. Après, j'ai
hâte des prochaines dates lyonnaises et belges avec Parlor, je sens que les gens auront envie d'en découdre, et qu'on passera des moments forts ensemble.
Yann : m'en fous, du moment qu'on joue.

CD ou vinyle ?
Boris : J'ai accumulé des centaines de CD pendant mon adolescence, qui croupissent tous dans un placard aujourd'hui, j'ai le seum pour eux... Je suis complètement passé au format vinyle depuis une dizaine d'années, étant acté qu'il reste le format par excellence des collectionneurs fanatiques, ce qui est complètement mon cas. Mais on continue à graver nos albums sur CD, beaucoup d'auditeurs tenant toujours à ce format.
Yann : Vinyle ! Le CD c'est relou, faut un lecteur de CD...

Clip de "Gods" ou clip de "Instacat" ?
Boris : Wow, la question à mille francs ! Les deux n'ont rien à voir esthétiquement, le clip de "Gods" est très beau et a bien marché pour promouvoir l'album, mais j'ai tout de même une préférence de cœur pour le clip d'"Instacat", réalisé par Guillaume Quincy, le batteur de Parlor. Depuis les débuts du groupe, il réalise tous nos clips en mode DIY et nous embarque toujours dans des scénarios improbables dont lui seul à le secret... Après le commis de cuisine qui transforme son boss en tartare, le clip du confinement de mars 2020 réalisé entièrement avec nos téléphones, et le dernier clip d'"Instacat" et son chat-fluenceur addict aux likes et à la coke, je peux vous dire qu'on prépare un nouveau clip bien barré pour illustrer un deuxième single de "Comments"...
Yann : "Instacat" !! J'adore l'humour.

Francis Caste ou Manu Laffeach ?
Yann : Francisco !
Boris : Francis c'est la pinte d'IPA en Happy Hour au Molo Molo rue Sainte-Marthe dans le 10ème, Manu le petit verre de rouge tranquille sur la pointe du Cotentin.. Deux excellents ingés sons avec chacun leur saveur et leur personnalité, je referai appel à eux sans hésiter à l'avenir. Francis est excellent pour les grosses prods léchées, Manu a une approche plus live et punk, les deux sont complémentaires.

saar - gods Comments ou no comments ?
Boris: No comments !!
Yann : Comments !! Pour la contradiction avec Bobo

Post in Paris ou Roadburn ?
Boris : Les deux mon capitaine ! On devrait annoncer sous peu la tenue de la quatrième édition du Post In Paris Festival, toujours à Petit Bain, toujours organisée et programmée par Yann et moi conjointement avec Clément Dubossk (Brusque), Tiffany Lesueur (programmatrice du Supersonic), et avec l'aide précieuse de nos nombreux bénévoles. Après deux ans d'annulation consécutives suite au Covid, on est on ne peut plus motivés pour la programmation de cette nouvelle édition qui mettra toujours en avant des artistes talentueux issus du post-rock et toutes sortes de musiques dites "aventureuses". Quant au Roadburn, j'y retournerai avec grand plaisir en avril prochain, après trois ans sans véritable édition, Tilburg m'avait manqué...
Yann : On croise tous très fort les doigts, Post in Paris !

Supersonic ou Espace B ?
Boris : Deux salles qu'on a abondamment écumées tant avec Saar que Parlor, et imprégnées de beaucoup de beaux souvenirs de lives également en tant que public. Impossible de les départager, elles sont toutes les deux dans mon panthéon des meilleures petites salles parisiennes.
Yann : M'en fous, du moment qu'on joue.

Bonnes résolutions ou bonne cuite ?
Boris : Bonne grosse cuite quand même, on va pas se le cacher, pour dire adieu et fuck you à 2021, qui aura été une bonne année merdique sur biens des plans, en espérant que la situation sanitaire se stabilise en 2022... Merci W-Fenec pour l'interview et bonne grosse cuite à vous aussi !
Yann : Bonnes résolutions, je suis un mec sérieux, pas comme ce deglingos de Boris Patchinsky, que j'aime.