Les quelques notes déchirantes de guitare qui ouvrent cet album ont suffi à me convaincre que j'allais découvrir un excellent groupe. La montée en tension se fait par une basse/batterie à ras de terre et alors qu'on pense qu'on en termine avec cette mise en bouche, le chant déboule et donne une nouvelle dimension à l'ensemble qui rattaque de plus belle. J'adore le Post-HardCore mais pour faire en sorte que la recette fonctionne, il faut du talent et il est évident qu'Ovtrenoir n'en manque pas.
Saturations apocalyptiques, relances surpuissantes, chant lourd audible, quand les Parisiens décident de faire avancer leur musique, ils ne s'embarrassent pas trop avec une carte, l'itinéraire le plus simple est la ligne droite, tant pis si un truc se met sur la route... Notes électrisées, harmonies fouillées, chant filtré, respirations, quand les mêmes lascars décident de poser un peu plus le jeu, ils construisent un paysage haut en relief qui mérite le détour et le chemin ressemble davantage à une suite de méandres. Et quand la voix disparaît, la tension ne retombe pas, l'atmosphère reste sombre, lugubre, cinégénique, il n'est donc pas question de reposer l'esprit en même temps que les cordes vocales. Le retour de leurs lacérations et de quelques coups assénés puissamment permettent de recadrer l'auditeur qui se serait perdu dans ses pensées les plus profondes, porté par une ambiance qui donne autant à l'introspection qu'à l'explosion.
Sinon, pour terminer de te convaincre toi qui n'a pas encore écouté les quelques notes déchirantes de guitare qui ouvrent cet album, sache qu'on prononce Ovtrenoir comme Lethvm (le "v" n'étant qu'un "u" stylisé pour ne pas marcher sur les plates-bandes de Pierre Soulages, créateur de ce noir-lumière si perturbant), que le groupe revendique l'influence des monstres que sont Neurosis ou Cult of Luna mais que tu peux aussi les comparer à Omega Massif dans la gestion de ces clair-obscur éblouissants, qu'ils sont signés chez Consouling Sounds (A Storm of Light, AmenRa, Kiss The Anus Of A Black Cat, Thisquietarmy...), que le producteur s'appelle Francis Caste (Hangman's Chair, Regarde Les Hommes Tomber, Celeste, Cowards...) et que parmi les membres, tu trouves William (Throane) au chant et à la guitare, Dehn Sora (Sembler Deah, Treha Sektori ou Throane) à la guitare, Angeline à la basse (et pour quelques voix) et Julien (The Great Divide) à la batterie. Rien que ça.
Publié dans le Mag #45