J'ai réalisé cette interview des Oneyed Jack pour Hibakusha, un nouveau fanzine lorrain. Comme tout le monde ne peut en profiter, la voici !
Oneyed Jack live
Ce soir vous êtes sur une affiche métal alors qu'il y a 5 mois à Metz vous étiez à un festival electro, sur quel plateau vous sentez-vous le mieux ?
Nous on n'a pas de préférences, on bouffe à tous les râteliers. On aime bien les festival de rock mais on ne voulait surtout pas faire que des festivals hardcore parce qu'on l'a déjà fait assez souvent. Justement, je sais pas...
Vous aviez l'air d'être vraiment détendus et de prendre votre pied par rapport au fait d'être sur un festival d'electro...
Ouais, en plus c'était un bon festival et une bonne soirée, après, nous on s'en fout de jouer avec n'importe qui, du moment qu'on fait un bon concert. Mais bon, nous ce qu'on prône dans la démarche, c'est l'éclectisme musical. Les festivals permettent de rencontrer pleins de groupes intéressants et qui sortent du métal qu'on aurait pas forcément eu l'occasion de rencontrer ailleurs... C'est comme Ekova, on n'aurait pu ne jamais les rencontrer et là on a déjà quelques dates avec eux.
Dans le press book et le journal Yelen, on peut lire que vous avez fait plus de 500 concerts et que ça fait 10 ans que vous tournez, comment trouvez-vous aujourd'hui la motivation pour monter sur scène ?
Hé bien, pour tout te dire, aujourd'hui c'est notre dernier concertavant un bon et long break. On ne se sépare pas mais on va remettre les choses à plat, prendre le temps de préparer le 4ème album, se poser. En fait, on en est à plus de 600 dates...On a pas encore commencé à composer, on a vraiment besoin d'un break...Et quand on aura vraiment envie de rejouer on va attaquer.
Sur le même principe qu'entre Arise et Prepare to reactivate ?
Non, entre ces deux albums, c'était bien défini, on savait à quelle date on allait se retrouver et on avait déjà plus ou moins écrit un petit peu. Là, on a vraiment rien, on y va au feeling. Mais attention, c'est pas un split annoncé !
En trois albums, de Cynic à Prepare to reactivate, on a l'impression que vous compliquez vos morceaux ? Le fan de Cynic peut ne pas se retrouver sur le dernier album...
En même temps entre ces albums, il y a sept ans et en sept ans on a pas changé musicalement mais justement je trouve qu'on va plus à l'essentiel et qu'on a simplifié les morceaux. On a toujours les mêmes influences mais en plus on a découvert plein de choses vers lesquelles on veut s'ouvrir. Sur le dernier album, les guitares sont peut-être un peu plus en retrait moins présentes mais ça c'est plutôt une erreur de choix de mixage et de prod de notre part. On a pris un gars qui s'appelle Ken et qui avez une vision radicalement différente, il a fait des choix et nous aussi, mais bon, c'est vrai que le mix est un peu spécial...C'est vrai que les fans de Cynic ne vont pas s'y retrouver, y a pas de gros riffs et de gros accords, mais ça c'est à notre charge.
En même temps, en écoutant les dernières productions, on a l'impression que le son devient plus urbain, plus radical qu'il colle plus à l'état d'esprit de la société actuelle.
Pour le 3ème album, on a fait les compos sur plusieurs mois, le son a vraiment été jeté de manière instinctive. On a fait moins de breaks et des morceaux moins longs. On a surtout composé en faisant des boucles au départ, on faisait des rush et on enregistrait sur mini disc, puis on retravaillait chacun de notre côté. Et surtout on écoutait tout ce qu'on trouvait à fond pour pas avoir à répéter des centaines de fois les morceaux et garder une certaine fraîcheur. En fait on essaye de travailler de façon différente, de taper dans d'autres sonorités sur chaque album, et sur le quatrième, je pense que ça sera encore différent.On n' a pas envie de refaire les mêmes choses, peut-être qu'on va se retrouver avec un quatrième album très proche de Cynic... Je ne sais pas, enfin, tu vois, on ne programme pas les résultats.
C'est un peu une démarche à la Urban Dance Squad, qui ont toujours fait des albums très différents mais on reconnaît toujours le style, la couleur ?
C'est cool de dire ça parce que Urban Dance Squad fait vraiment partie de mes plus grandes influences. Dans un autre style, il y a aussi Acousmique Connexion, un batteur qui joue avec des machines, ça tape un peu dans la jungle, la techno, c'est des anciens jazzmen qui se sont épris de musique électronique. Ils offre quelques choses de complètement différent, une alternative...Il y a aussi le chanteur d'Ekova ou encore Hightone, sur scène, c'est la claque intégrale. J'écoute aussi Ninja Tune en electro jungle.
L'ouverture d'esprit, le refus du classicisme c'est le leitmotiv principal de Oneyed Jack, c'est pas trop dure de ne pas se faire classifier ?
Si, au niveau des ventes de disques et pour fédérer un public, en effet c'est un peu difficile. Mais bon, nous on pensait que cet état d'esprit nous vaudrait un certain succès d'estime. A une époque, les groupes de hip hop ne nous aimaient pas parce que nous n'étions pas assez hip-hop, pareil pour les groupes de hardcore, et pour les groupes de maintenant, je pense que nous ne sommes pas assez "néo". Et puis c'est vrai que sur nos albums on a toujours des morceaux reggae ou drum n'bass ou de hardcore oldschool. En fait, on écoute de tout et on a envie de tout faire.
Sriracha fête ses dix ans cette année, pour vous ça fait 9 ans.
Quand on est arrivée là-bas, c'était une histoire de potes. Buno Ponge et Laurent Yvon manageaient Lofofora et nous nous sommes retrouver à répéter à l'Hôpital éphémère, l'endroit où ils répétaient un peu par hasard. On avait besoin d'un local .On a rencontré Laurent et Bruno, ils avaient un bureau de 9 m² et depuis, ça c'est plus ou moins transformé .
Au moment où on a pris notre pose, ils ont déménagé à St-Ouens et ils ont pris plein d'autres groupes. Sriracha, c'est aussi Réservoir et Bouba qui a les camions et qui fait les tournées, ils se sont développés ensembles. On n'a pas de contrat écrit, on se fait vraiment confiance, on a tous appris notre métier ensemble. On peut dire que c'est un tourneur-manager famillial. Même si c'est plus dure d'être une famille maintenant qu'il y a plus de groupes, on se respecte tous.
C'est bientôt les élections...
Ben on va aller vôter mais ça sera sûrement un vote contre ou pour le moins pire que pour quelqu'un qui nous branche vraiment. On est dégoûtés, même si on est un peu moins punk, on sait qu'on ne peut pas changer le monde en un jour. Finalement, il faut essayer de construire petite pierre par petite pierre dans ta vie ou avec ton groupe pour faire avancer les choses et prendre un petit peu là où tu peux sur tout ce gros système de tunes et de pouvoir. Ça peut passer par tout ce qui est associatif, les médias indépendants...Le seul truc positif actuellement, c'est qu'avec internet on a un média où il est possible de s'échanger librement des idées. Les gens peuvent se regrouper facilement et c'est une bonne alternative pour les personnes qui veulent vivre les même choses en dehors d'un certain système. Ce que je trouve dommage, c'est que j'ai beaucoup connu le mouvement des free-parties qui a aussi été happé par le gros système par souci de tunes et de contrôle. C'est un système qui interdit et contrôle tout ce qui ne lui ramène pas directement de l'argent. Il y a plein de traveller qui vont se retrouver à ne plus vouloir poser leurs sons. C'est un peu comme le "punk est mort", c'est pareil pour tous les mouvements dont les médias s'emparent et essayent de mettre à la mode. A part ça, les élections, je m'en fous mais j'irai voter.
Vous avez des propos assez libérés concernant internet et les MP3...
Tu vois, moi j'écoute beaucoup ce qui se fait en vinyl, je ne suis pas DJ et c'est le genre de choses que tu ne trouves pas forcément dans les bacs de la Fnac. Je ne peux trouver ça nulle part ailleurs. Alors en mp3 sur internet, ça me permet de découvrir de nombreuses choses. De plus il a été prouvé que même si une personne télécharge à gogo des mp3, si elle aime l'artiste, elle finit toujours par acheter le disque. Il nous est déjà arrivé de signer des CD gravés lors des concerts, on a pris les noms et on les a donné à la police... (rires) C'est vrai qu'il faudrait que tout le monde ait une règle dans la tête : c'est un groupe que j'aime alors j'achète l'album pour qu'il puisse en faire un autre. Graver Oneyed Jack, c'est pas comme graver Led Zep ! Si on voulait faire un 4ème album en l'état des choses, on ne pourrait pas et je pense que les mp3 y sont certainement pour quelque chose. C'est pas les gens qui téléchargent que j'incrimine mais nos contrats qui sont abominables. Une major te reverse 3 % de ce qu'elle vend sur internet. Dans mon esprit naïf, si tu réussis à avoir internet et que tu es artiste, t'as ton propre site et les gens peuvent télécharger directement le son sans passer par tous les intermédiaires. Moi je trouve que ça serait idéal ! Entre la phase où tu crées et la sortie d'album il y a pratiquement un an et ton album perd un peu de sa fraîcheur...
Une question qui n'a rien à voir, pourrais tu me citer ton film culte et ce que tu aimes lire ?
Je kiffe le cinéma au même titre que la musique. Je suis particulièrement orienté vers le cinéma d'auteur. J'ai vu le dernier Lynch et il n'y a rien à redire, c'est efficace. Sinon pour la lecture je suis carrément branché par le livre Les fourmis de Bernard Werber. Kundera aussi, je suis fan !
Merci aux Oneyed Jack, à Yelen et à Culture Core !
photos © Oli (Sriracha Tour 2, Lille)
Re: rencontre avec Oneyed Jack (juillet 2002)
J' aimerai savoir ce que ce groupe devient car j' aime beaucoup ce qu'ils font et j'trouve rien sur eux,donc si quelqu'un a des infos...
Re: rencontre avec Oneyed Jack (juillet 2002)
Terrier : Toulouse
Re: rencontre avec Oneyed Jack (juillet 2002)
Le bassiste Djul est chez No One Is Innocent, le reste je sais pas.
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Soon you'll be much easier to capture
Re: Oneyed Jack / rencontre avec Oneyed Jack (juillet 2002)
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We turned away from instant stuff, our cracking codes were breaking up, our words were sucked out, it made them clean.
Re: Oneyed Jack / rencontre avec Oneyed Jack (juillet 2002)
Terrier : Villers les Nancy
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Gui de Champi
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