The Old Wind - Feast on your gone Avec les 3/5 du line-up composé d'ex-Breach (et les deux derniers cinquièmes réunissant également des gens de talent), The Old Wind est évidemment en gros sur le radar du W-Fenec et fatalement, à l'heure de sortir son premier méfait sonore, débarque dans la tannière du zine aux longues oreilles avec une pancarte large comme c'est pas permis au vu d'un tel background. Parce que rien que sur le papier, Feast on your gone promet plutôt du lourd, ne serait-ce que de part sa sortie sur l'un des labels du moment en matière de hard européen de qualité supérieurequ'est Pelagic Records (Abraham, Coilguns, Earthship, Kruger, The Ocean)... Et va assumer son statut de projet à suivre de très près dès l'inaugural "In fields".

Intro en moins de dix secondes avec deux samples de voix d'enfant et derrière, les éléments qui se déchaînent déjà dans un tsunami sludge/postcore/doom de l'enfer. Les riffs de plomb annoncent la couleur, les hurlements qui déchirent un ciel noir comme la tombe et une densité magmatique particulièrement prégnante achèvent de poser l'ambiance. Pas de doute, The Old Wind est donc la presque "suite" attendue de Breach, une sorte de vraie/fausse sequel dans le jargon cinématographique. Et ce, sans pour autant laisser l'auditeur se prêter au (trop facile) jeu des comparaisons. Car le groupe n'a pas ici à rougir de l'héritage de son glorieux prédécesseur, surtout lorsque ce premier morceau atteint son climax, dans un nuage de cendres et de poussières, un sommet d'intensité aussi douloureuse et viscérale qui prend les tripes de l'auditeur entre ses mains, pour les retourner selon son bon vouloir.

Un titre d'ouverture qui aura donc fait bien mieux que simplement mettre la machine en route, TOW plonge l'auditeur dans son univers, fait de clairs/obscurs opaques ("I'm dead" et sa résignation écorchée vive, "Raveneye" tout en ténébreuse décadence émotionnelle) et de métaphores sonores à la violence primale, en témoigne l'éponyme "The old wind" qui emmène l'auditeur vers les profondeurs abyssales et glacées d'un univers à la beauté méphistophélique aussi cendrée que fascinante. Virtuose d'un postcore/sludge/doom magmatique, le groupe ne cherche pas plus à en faire trop qu'à suffisamment occuper l'espace créatif pour affirmer son propos. Six titres (seulement...), mais pour une durée largement suffisante tant les auteurs de ce Feast on your gone ont su parfaitement équilibrer les choses pour aboutir à une formule qui pousse autant l'humain dans ses retranchements intimes qu'elle ébrèche ses tympans juste comme il le fallait ("Spears of a thousand"). Jusqu'à parvenir ainsi, sinon à l'oeuvre "parfaite", au moins à une maîtrise d'une redoutable efficacité ("Reign"), pour un premier effort discographique qui confirme l'excellente santé du Hard scandinave. Brillant.