Ocoai - The electric hand 3 années se sont écoulées depuis la sortie de l'immense Breatherman, l'un des chefs d'oeuvre de la scène post-metal nord-américaine injustement méconnu de ce côté-ci de l'Atlantique et voici qu'OCOAI remet le couvert avec un deuxième album qui réussit le pari fou de soutenir haut la main la comparaison avec son prédécesseur. Comme la première fois, dès la mise en route de The electric hand, on sent qu'il va se passer quelque chose mais on ne saurait pas exactement dire pourquoi. Sans doute cette intro languissante et mélodieuse sur laquelle le violoncelle fait courir une mélodie déchirante qui viendra finalement se briser en mille morceaux sur un mur de distortion, avant de refaire une fugitive apparition sur les quelques points de suspensions de la toute fin de ce "Waking fear" inaugural. Bluffant... déjà.

Etincelant de maestria formelle dès le premier titre, les OCOAI peuvent alors développer leurs compositions s'articulant autours d'un subtil mélange de post-metal massif et de doom-rock vénéneux. "Niveus Hills" déploie ses riffs et la mécanique d'horlogerie des américains se met alors en ordre de marche avec une précision chirurgicale, une maîtrise là encore absolue du sujet qui démontre que derrière les modèles imposés des Russian Circles, Pelican et consorts, le groupe n'a absolument pas à rougir de ses différences. Souvent plus sobrement rock, même si toute en subtilités et finesses à choix multiples, la formation nord-américaine peut dès lors tout se permettre et use de ce luxe sans complexe, notamment avec la sonatine post-prog/néo-classique "Grimpeur" qui tire parfois un poil trop sur la corde émotionnelle avant de s'élever une nouvelle fois sur un climax post-métallique à la densité aussi complexe que prégnante.

Les arrangements sont toujours aussi variés, se jouant des figures de style du genre pour mieux les adapter à sa guise (la formation classique de certains des membres du groupe doit certainement aider), "Somnium" est ainsi une piste sur laquelle guitares et section rythmiques sont aux abonnées absentes pour laisser parler cordes, claviers et même sitar d'une même voix, pour un résultat aussi délicatement minimaliste que magnifiquement envoûtant. Pour le retour aux gros son, il faut attendre le titre suivant l'"éponyme" "La main électrique" qui enveloppe ses enceintes de sa puissance électrique doom/rock et lâche les chevaux dès les premières secondes. On oublie la douce quiétude pour laisser s'échapper structures alambiquées et autres plans progressifs échevelés laissant la part belle à la technicité pointue des musiciens. Intrinsèquement virtuoses, les OCOAI ont également l'élégance de ne pas toujours en faire trop et se plaisent donc à enchaîner avec un "Marchand de sommeil" fleuve et tout en retenue pudique "malgré" un final complètement dément. Comme une première mise en abîme avant l'ultime pièce de l'édifice musical qu'est The electric hand : "Morte Audaciter", soit une petite merveille de sobriété sur laquelle viennent perler quelques larmes mélodiques à la beauté scintillantes. Sublime.

NB : pour les curieux qui n'ont rien contre découvrir en streaming un truc hyper classe, l'album est en écoute intégrale ci-dessous.