the_ocean_precambrian.jpg Coutumiers du fait, les Allemands de The Ocean jouent avec les concepts et Precambrian ne déroge donc pas à la règle. Ce dernier effort est le fruit de 2 ans de composition et de 6 mois d'enregistrement à Oceanland, le studio du groupe, avec la participation de 26 musiciens et chanteurs. Une organisation digne des voyages Fram doublée d'un véritable casse-tête logistique pour Robin Staps, guitariste et compositeur principal du collectif. Precambrian est en fait un double album (Hadean/Archean et Proterozoic), symbolisant deux sous-périodes géologiques de l'ère du Précambrien, qui court de la naissance de notre chère planète jusqu'à son 4 560 millionième anniversaire. La violence de l'Archéen/Hadéen est magistralement reproduite à travers la froideur de riffs d'influence Meshuggah, de structures polyrythmiques et de chants gutturaux à souhait, à l'image de Hadean qui met en scène Mike Pilat, nouveau chanteur du collectif. Parfois empreint de riffs proches de Mastodon, "Eorchean" prend la suite dans une même veine "métal grandiloquent", alors que les 2'46 de "Paleoachean" offrent un hardcore rapide et efficace. Des guests de choix accompagnent le grondement dinosauresque des guitares puisque Nate Newton de Converge (déjà présent sur Aeolian), Caleb Scofield (Cave In) et Eric Kalsbeek de Textures se sont joints à l'enregistrement, apportant leur charisme à un album qui n'en est pourtant pas dépourvu.
Une évolution biologique plus tard et nous voilà dans l'ère plus calme du Protérozoïque, là aussi génialement mise en musique. Le côté épique du groupe s'affirme plus dans ce deuxième CD, qui débute sur des nappes de saxophone et des arpèges lancinants. Contrairement au premier qui offrait technicité, violence et énergie de tout son long, "Proterozoic" prend le temps d'amener des guitares lourdes sur des tempi lents, d'où une impression de grandeur complètement démente. On comprend vite que ce CD contient plus de "subtilités" que le premier, à l'image de "Ryhacian", qui fait monter la pression sur près de 10 minutes. Moins direct, ce CD cultive une ambiance inquiétante et épique à la faveur de l'entrée en jeu d'instruments tels que le violon ou le xylophone ("Satherian"). Preuve de la polyvalence du collectif, "Ectasian" se frotte au violoncelle et au piano le tout dans une mise en scène très cinématographique, avant que les guitares n'entrent en jeu, mises en valeur par une batterie titanesque et un chant en retrait. Pour mettre un terme à ce deuxième CD, les membres du collectif n'hésitent pas à diffuser des riffs planants orchestrés avec violon ("Stenian"), des mélodies inquiétantes sur fond de guitares monstrueuses ("Tonian") et un piano troublant associé à un duo de violoncelle pour un final inattendu.