Brillant, solaire, visionnaire. À l'image de son artwork et de sa déclinaison, Holocene réfléchit et renvoie la lumière au lieu de l'absorber, il irradie ses bonnes ondes et vous regarde au fond de l'âme, transperçant toutes vos défenses sans pour autant recourir tant que ça à la force.
Arrivé à la fin de son cycle, l'holocène étant la période actuelle des ères géologiques, The Ocean clôt une aventure débutée en 2007 avec Precambrian. Un survol temporel de l'évolution de notre planète qui s'achève donc avec des petites bêtes qui font de grosses conneries... Et viennent foutre un bordel climatique à la fin du "Subatlantique", la case de la frise où nous sommes... En gros, c'est la période de l'Histoire, des débuts de l'écriture à aujourd'hui même si le découpage se fait en fonction de changements naturels et sont sujets à débat (les défenseurs du Méghalayen voyant un changement notable plus précoce par exemple), des 5.000 années précédentes, on se concentre davantage sur les toutes dernières, celles qui ne laissent que peu d'espoir et rendent le titre "Subatlantique" si lourd et inquiétant. Avant ce déluge de riffs, on traverse des compositions plus posées, certaines échappant au découpage scientifique pour présenter un ton plus ésotérique ("See of reeds" est à la fois une référence biblique et une plage ouverte sur une mer de tranquillité) ou un "duo" envoûtant ("Unconformities" voyant la délicieuse voix de Karin Park (chanteuse d'Årabrot) illuminer le morceau avant qu'il ne sombre dans un maelstrom métallique). Si le cadre remonte à loin ("Preboreal" correspond à peu près au Mésolithique et donc à la sédentarisation de l'Homme), les thèmes abordés par Robin Staps concernent davantage les réseaux sociaux, les clivages, la biomédecine, l'environnement, la nécessité pour certains de faire le show (cher à Guy Debord dont on trouve de nombreuses citations dans le livret) que l'invention de la notion de "maison". Un monde actuel pour une musique qui l'est tout autant, se nourrissant de l'électronique ou du trip hop pour métamorphoser un post-metal en un monstre de sensations (si "Boreal" est excellent, que dire de "Parabiosis" qui est peut-être le morceau le plus trippant jamais composé par The Ocean !).
En intégrant de nouvelles influences, en travaillant sur de nouvelles sonorités, en adoucissant la tonalité générale, The Ocean propose une musique plus prog que core sans oublier ses racines, on s'éloigne de la famille Cult Of Luna pour se rapprocher de celles de Tool ou Porcupine Tree, une mue totalement réussie tant on reste scotché à leur musique.
Publié dans le Mag #57