Originaire de Gand en Flandres occidentale (Belgique), Oathbreaker est une formation hardcore punk un peu particulière puisqu'incluant une vocaliste, fait pas si commun sur cette scène-là. "Membre" de la "Church of Ra" aux côtés d'AmenRa avec lequel il partage d'ailleurs un membre, le groupe fait ses débuts discographiques en 2008 avec un EP remarqué chez nos voisins belges. Pas mal de concerts plus tard, le quartet composé de Caro, Gilles, Lennart et Ivo publie un split 7'' avec AmenRa et met en boîte son premier album. On est alors en 2010 et le groupe se fait remarquer outre-Atlantique, jusqu'à signer chez Deathwish Inc. (Blacklisted, Carpathian, Converge, Narrows, The Carrier...), qui sort à l'été 2011 Mælstrøm.
Oathbreaker
Biographie > The Oathbreaker reigns
Oathbreaker / Chronique LP > Eros|Anteros
Deuxième album pour les Belges d'Oathbreaker, toujours membres de la fameuse "Church of Ra", toujours hébergés par le label hardcore/punk (mais pas que) qui monte outre-Atlantique mais aussi peu à peu sur le vieux continent : Deathwish Inc. (Converge, Birds in Row, Loma Prieta, Deafheaven, Narrows, Touché Amoré...). Vingt-cinq mois après un premier effort déjà remarqué, les revoici donc à l'œuvre sur cet Eros|Anteros qui, de l'inaugural "(Beeltenis)" au terminal et languissant "Clair obscur" baignant dans une poésie noire et acide, délivre un cocktail pour le moins animal et misanthrope de (post)hardcore/punk aux atmosphères doom et fulgurances black de l'enfer.
"No rest for the weary" et sa décharge de haine aussi brutale que subversive puis "Upheaval", gorgé de ce cocktail hardcore/punk/black'n'roll qui fait la marque de fabrique d'Oathbreaker, ne laissent guère de doute sur ce qui fait le sujet central de cet album. Car à l'image de son titre renvoyant à la mythologie grecque, Eros|Anteros parle ici d'amour. Brutal, sauvage, passionnel et décadent, oui, mais dans sa forme la plus primaire et instinctive. Pas de changement de registre, on oublie les tubes pop pour emballer de la jeune fille en fleur (ou juste sa fleur c'est selon) et on cause ici congestions HxC punk aux rythmiques frénétiques, doom pénétrant et hurlements sanguins. Pas un truc pour les romantiques mais plutôt quelque chose de bestial et sans concession ("As I look into the abyss" puis sa réponse immédiate "The abyss looks into me").
On l'aura compris, derrière la thématique sauvagement charnelle d'Eros|Anteros se cache une dualité plus profonde. Entre violence abrupte et émotion toute aussi viscérale mais exprimée avec bien moins de férocité, un jeu d'oppositions pour lesquelles les Belges opposent Yin et Yang dans une orgie sonore ("Agartha") à ne pas mettre entre n'importe quels tympans. Pour autant Oathbreaker n'est pas là pour donner dans le sentimentalisme vaguement suggéré, mais plutôt la pulsion contaminatrice, une contagion sensorielle propagée par des vociférations haineuses comme quelques esquisses mélodieuses susurrées entre deux convergences (post)hardcore ("Condor tongue", "Offer aan de leegte"). Et si l'exercice peut paraître répétitif sur le papier, il ne l'est pas une seconde sur CD tant le groupe maîtrise parfaitement son sujet. Plus que jamais. Entre éruptions de rage en fusion et geysers de sangs ruisselant sur quelques douceurs vocales éparses, le groupe vient de frapper fort... très fort ("Nomads").
Hard. Définitivement...
Oathbreaker / Chronique LP > Mælstrøm
Décharge de haine et explosion de rage brute, déluge de mitraille et frénésie hardcore-punk malsaine "blackisante" en monde rouleau compresseur. On pourrait passer des heures à travailler des phrases d'accroche pour Oathbreaker, le résultat serait le même : une peignée mémorable comme seule la scène belge sait nous en proposer sur le vieux continent (cf : Black Haven, Poison My Blood, Rise and Fall etc...). Un side-project gravitant dans la sphère Amen Ra / "Church of Ra", une vocaliste/hurleuse démoniaque, une signature chez le prestigieux Deathwish Inc. (Rise and Fall tiens tiens, mais aussi Converge, The Carrier, Narrows, Trap Them et quelques autres...), bref que du lourd pour concasser du tympan à l'emporte-pièce. Et c'est le cas.
"Origin", "Heirophant", "Fate is nigh", BIM, CRACK, BOOM..., les premiers titres montent comme des avants chatouiller la première ligne averse. Deux ou trois placages métalliques à hauteur d'épaule plus tard et les jointures cèdent. On y laisse quelques cervicales et on peut alors se jetter dans les rucks aux côtés de ce quartet de belges qui a apparamment décidé d'en découdre méchamment. On joue vite, très vite, on cogne fort, très fort et on martyrise les membranes jusqu'à l'aliénation. Et surtout on ne se prive pas pour laisser des traces. Des plans à se damner, un rythme effrené qui laisse l'auditeur exangue après trois titres, une puissance de feu qui fait de jolis dégâts dans le tuyauterie, on n'a pas encore tout à fait atteint le tier de l'album que déjà, on a les tympans qui saignent. Le moment choisi par les Oathbreaker pour lâcher la doublette "Sink into sin I" | "Sink into sin II", histoire de balayer les miettes devant leur porte et d'accentuer ce sentiment de déchirure émotionnelle viscérale et oppressante. Hardcore avec un petit zeste de black qui fait mâl(e).
Quitte à déverser des litres d'acide corrosif pour montrer qu'on en veut à la terre entière, autant demander aux auteurs de ce Mælstrøm qui, lorsqu'ils ralentissent le rythme, en profitent pour enfoncer leurs poignards hardcore un peu plus profondément dans la chair. Et laisser des cicatrices indélébiles chez les quelques "chanceux" qui en réchapperont. Tension extrême et poussée de fièvre hargne-core, Oathbreaker met tout dans ses impacts et ne cherche pas à rentrer dans sa Flandre natale en ayant fait des prisonniers. La politique de la terre brûlée sonore, c'est leur truc et ceux qui ne veulent pas comprendre prennent cher, entre autres avec un "Thoth" qui kärcherise tympans et neurones en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire. Les belges avaient calmé le jeu niveau tempo ? Que l'on se rassure, ça ne dure pas bien longtemps et c'est donc à plein régime, toujours, le couteau entre les dents, qu'ils repartent au charbon, le temps d'un "Black sun" écorché vif ou d'un "Gimpse of the unseen" en forme de cavalcade hardcore de l'enfer. Salvatrice. Un petit dernier trempé dans l'acide pour la route (l'éponyme "Maelstrom") et nous voici au bout d'un album qui charcute sévère les tympans (et le reste) comme pas deux. Si ce n'est que ça, on va leur en filer un de gouvernement hein...