Oathbreaker - Eros|Anteros Deuxième album pour les Belges d'Oathbreaker, toujours membres de la fameuse "Church of Ra", toujours hébergés par le label hardcore/punk (mais pas que) qui monte outre-Atlantique mais aussi peu à peu sur le vieux continent : Deathwish Inc. (Converge, Birds in Row, Loma Prieta, Deafheaven, Narrows, Touché Amoré...). Vingt-cinq mois après un premier effort déjà remarqué, les revoici donc à l'œuvre sur cet Eros|Anteros qui, de l'inaugural "(Beeltenis)" au terminal et languissant "Clair obscur" baignant dans une poésie noire et acide, délivre un cocktail pour le moins animal et misanthrope de (post)hardcore/punk aux atmosphères doom et fulgurances black de l'enfer.

"No rest for the weary" et sa décharge de haine aussi brutale que subversive puis "Upheaval", gorgé de ce cocktail hardcore/punk/black'n'roll qui fait la marque de fabrique d'Oathbreaker, ne laissent guère de doute sur ce qui fait le sujet central de cet album. Car à l'image de son titre renvoyant à la mythologie grecque, Eros|Anteros parle ici d'amour. Brutal, sauvage, passionnel et décadent, oui, mais dans sa forme la plus primaire et instinctive. Pas de changement de registre, on oublie les tubes pop pour emballer de la jeune fille en fleur (ou juste sa fleur c'est selon) et on cause ici congestions HxC punk aux rythmiques frénétiques, doom pénétrant et hurlements sanguins. Pas un truc pour les romantiques mais plutôt quelque chose de bestial et sans concession ("As I look into the abyss" puis sa réponse immédiate "The abyss looks into me").

On l'aura compris, derrière la thématique sauvagement charnelle d'Eros|Anteros se cache une dualité plus profonde. Entre violence abrupte et émotion toute aussi viscérale mais exprimée avec bien moins de férocité, un jeu d'oppositions pour lesquelles les Belges opposent Yin et Yang dans une orgie sonore ("Agartha") à ne pas mettre entre n'importe quels tympans. Pour autant Oathbreaker n'est pas là pour donner dans le sentimentalisme vaguement suggéré, mais plutôt la pulsion contaminatrice, une contagion sensorielle propagée par des vociférations haineuses comme quelques esquisses mélodieuses susurrées entre deux convergences (post)hardcore ("Condor tongue", "Offer aan de leegte"). Et si l'exercice peut paraître répétitif sur le papier, il ne l'est pas une seconde sur CD tant le groupe maîtrise parfaitement son sujet. Plus que jamais. Entre éruptions de rage en fusion et geysers de sangs ruisselant sur quelques douceurs vocales éparses, le groupe vient de frapper fort... très fort ("Nomads").

Hard. Définitivement...