Now, Voyager

Now, Voyager / Chronique EP > Tell-tale hearts

Now, Voyager - Tell-tale hearts Après un premier EP monumental (Seas) et ses quatre ogives thermonucléaires ravageant la scène mathcore/metal belge voire un peu plus, les Bruxellois de Now, Voyager se sont fatalement fait remarquer par un label de pointe sur la scène européenne, en l'occurrence le "petit" mais costaud Destroy Everything (Murdock, We Are Fiction...) qui n'est autre que le petit frère de l'écurie Basick Records (Aliases, Devil Sold His Soul, Misery Signals, Uneven Structure...), avant de remettre le couvert avec une nouvelle fournée de titres destinés à tout exploser sur leur passage. Nous voici dûment prévenus, pour l'effet de surprise, on repassera. Question défragmentation des tympans par contre, le groupe va clairement répondre présent.

D'entrée de jeu, les Belges attaquent très fort en posant une première mine avec "From the brain", la torpille métallique qui perfore la cuirasse auditive de son auditoire en quelques secondes à peine, ce à coups de riffs carnassiers, de section rythmique qui imprime une rythme de rouleau-compresseur et quelques passages mélodiques du plus bel effet. Pas de doute possible, les Now, Voyager nous ont refont le coup de Seas et sont déjà en orbite alors même que le premier morceau n'a même pas encore touché à sa fin. Quelques poussées de fièvres mathcore plus tard et c'est le cas, le groupe laissant l'auditeur exsangue, soufflé par le choc de la secousse sismique qu'il vient de se prendre en travers du crâne. Lequel va devoir subir sa "séquelle" immédiate avec un "Where we'll start" qui sans prévenir, lui saute à la gorge en même temps qu'il prend littéralement d'assaut la platine.

Les Now, Voyager ont les crocs et mettent tout ce qu'ils ont dans leurs tripes pour le faire savoir : breaks sulfuriques, toujours cette capacité à produire des riffs de tueur qui font clairement très mal et un concassage rythmique éprouvant quand au niveau vocal, ça s'époumone avec un charisme des plus imparables. Mais loin de n'être "que" capable de démolir des cloisons auditives en jouant aussi de temps à autres sur l'émotionnel, le groupe sait aussi travailler ses arrangements, lesquels donnent de l'ampleur à des compositions qui gagnent en corps (ou core c'est selon) et en intensité ce qu'elles perdre en "calibrage" metal classique. A ce titre, les deux derniers titres de l'EP (qui n'en forment en réalité qu'un) soit "The long lane" puis "To the heart" sont des modèles du genre, ce même s'ils osent aller parfois un peu loin dans la prise de risques émo/metal(core). Le résultat est impressionnant de maîtrise artistique et formelle d'autant que cette volonté de casser les "codes" les plus évidents du genre apparaît ici comme assumée et clairement salvatrice.

On ne va pas se mentir, quatre titres, ça reste court, mais comme ça fait huit en l'espace de deux EPs, Now, Voyager a démontré qu'il avait déjà tout d'un futur grand. Ne lui reste plus qu'à confirmer cet état de fait le temps d'un album long-format. Que l'on attend déjà avec impatience.

Now, Voyager / Chronique EP > Seas

Now, Voyager - The Seas Il y a toujours ces petits moments de plaisir pur dans la vie du chroniqueur où, au milieu d'un tas de CDs/vinyles promos de qualité pour le moins... variable, celui-ci tombe sur un artwork accrocheur, le genre de truc qui aiguise son intérêt au premier coup d'oeil. En même temps jusque là, rien de bien extraordinaire, cela n'augure pas forcément grand chose pour la suite en fait. Mais bon, c'est déjà ça. Et puis il y a même certaines fois où en plus, à l'intérieur d'un objet esthétiquement léché, le contenu est au moins aussi classe que le contenant. Là forcément, ça change tout... comme avec les belges Now, Voyager, nouvelle sensation forte en matière de (math)metalcore qui pulse dans les éprouvettes.

Premier acte et premier coup de force avec "The surface" : le groupe enfonce violemment ses instruments dans les enceintes et carbonisent les amplis à coups de metalcore technico-burné qui en met plein partout sur la platine. Quelques petites touches électroniques, un clavier pour enjoliver tout ça et une mélodie qui vient faire des ravages, Now, Voyager vient de retourner la tête de l'auditeur sans prévenir. Et ça fait drôlement du bien par où ça passe. Une énergie brute littéralement dévastatrice, des compos bétonnées jusqu'à la moelle et une prod' monstrueuse pour un premier EP (en même temps, il a été enregistré là où sont mis en boîte les albums d'Architects), le groupe enchaîne directement avec l'éponyme "Seas" et va encore une fois surprendre son monde en livrant un intermède instrumental et ténébreux sur lequel machines et clavier tiennent le haut de la partition.

Toujours pas le loisir de respirer que "To every beginning" dégoupille sa technicité de pointe et sa furie math-metalcore pour nous en mettre plein la gueule... et appuyer au passage sur la pédale d'accélérateur. Une fuite en avant doublée d'une sacrée mandale à la violence aussi abrupte que libératrice, Now, Voyager s'impose ici comme une sorte d'héritier non revendiqué de Norma Jean et confirme un peu plus l'impression naissante d'avoir là un futur patron de sa catégorie à chaque nouveau titre. Notamment avec l'implacable "Foundations" et son climax en béton armé monstrueusement foudroyant. Le groupe y développe à nouveau son metal(core) multicéphale pour imprimer un peu plus sa marque sur la platine si bien que le dernier des cinq titres relève de la pure formalité. Une nouvelle démonstration de maîtrise de la part du cinq majeur bruxellois qui mêle ici rock électronique à la lourdeur immersive et metal mélodique à l'intensité palpable. Un deux mots comme en cent : tuerie absolue...

NB : l'EP est en écoute intégrale ci-dessous. Si jamais tu en as envie de prendre une claque...

[be] Now, Voyager: Bandcamp (812 hits) External ]