Norma Jean - Meridional O God, The Aftermath (2005) était une tuerie, Redeemer (2007), idem et The anti-mother (bien que très critiqué) pas mieux. Et donc fatalement Norma Jean est devenu en quelques années un poids lourd de la scène metalcore nord-américaine, c'est un fait avéré, indubitable et plus encore d'une légitimité implacable. Pourtant voir le groupe quitter la mini-major spécialiste du genre qu'est Solid State Records (August Burns Red, The Chariot, The Showdown...) pour rejoindre l'usine à gaz Razor & Tie (Simply Red, Brand New, Angelique Kidjo, Richard Ashcroft, Twisted Sister, etc...) où il sert sans doute de caution "metal, virilité et tronçonnage des neurones" avait quelque chose de perturbant... voire assez inquiétant quant à l'avenir artistique du groupe. Economiquement par contre, ça semble être une autre histoire, cette signature devant s'accompagner d'un joli chèque. Money is money.

Le débarquement, massif, de Meridional sur la platine CD s'accompagne donc de quelques doutes... le temps de s'envoyer "Leaderless and self enlisted" puis "The anthem of the angry brides" dans les conduits auditifs et de comprendre notre douleur. Poisseux, rageurs, excellemment produits, les deux premiers titres de l'album mettent les choses au clair. Norma Jean a beau avoir changé de crèmerie, c'est à peu près la seule chose notable que l'on pourra lui "reprocher". Par contre, niveau efficacité et robustesse des compos, rien à redire : au rayon mélodie taillées pour le live et riffing animal non plus, "Bastardizer" tranche dans le lard et "A media friendly turn for the worse" envoie le gras pendant que "Deathbed atheis" et ses refrains guerriers, vient charcuter les enceintes et éparpille les morceaux façon sport. Fin du premier acte avec l'interlude "Septentrional".

Une petite pause pour souffler un peu et on remet ça avec les garçons bouchers américains et le bien nommé "Blood burner", sanguin et méchamment burné puis le trop convenu "High noise Low output". Norma Jean met tout ce qu'il a dans les chaussettes, envoie la tripaille ou joue la carte de l'intensité émotionnelle... Si dans le premier cas, ça fonctionne plutôt pas mal (brutal "Everlasting tapeworm"), dans le second, c'est quand même moins flagrant ("Falling from the Sky : Day Seven"), le groupe ne parvenant réellement à donner sa pleine mesure qu'en restant dans un registre metalcore certes classique dans sa forme mais toujours très bien foutu. Un deuxième interlude plus tard ("Occidental") avant un final en deux volets ("The people that surround you on a regular basis" et "Innocent bystanders united") quelque peu quelconques. Et s'il ne faut surtout pas qu'il musèle sa sauvagerie, quand il se lâche, il reste l'un des meilleurs représentants du genre malgré quelques défauts de fabrication et une pochette assez immonde.