No Trigger - Tycoon 1° angoisse récurrente : passer à côté d'un groupe que je vais aimer à la première écoute, celui qui reprend le chemin là ou d'autres l'ont laissé, celui qui va faire palpiter mon petit coeur de rocker et me faire replonger dans des travers dans lesquels j'avais pourtant juré de ne jamais retomber.
2° angoisse récurrente: louper ce même groupe en live alors que j'aurai pu les voir mais en fait non trop tard ce sera pour une prochaine (ou jamais...).

Les gars de No Trigger ont eu le bon goût de ne pas jouer longtemps avec mes angoisses. Découvert en live par un doux matin printanier dans la morne plaine belge sur une scène annexe du Groezrock, leur punk rock à la Strike Anywhere m'a sauté au cou (en même temps qu'un mec déjà bien entamé). Une énergie fraîche et communicative, des titres catchy as Hell, un état d'esprit intègre, je ne pouvais qu'aimer ces mecs autant que faire se peut sans me remettre en question sexuellement. Simple amourette de vacances ou LTR, il est plus que temps de se parler franchement avec les No Trigger !

Le groupe s'est élevé à la dure sur les routes et malgré une signature sur Nitro Records, ce n'est pas encore l'Arabie Saoudite niveau moyens (souvenir ému du chanteur au susdit festival qui cherchait à tous prix un moyen pour le groupe de redescendre vers le sud de la France, en voiture, bus, char à boeuf, n'importe quoi qui roule!). Tycoon car tel est le nom du nouveau né remet les petits gars sur les rails après 6 ans. Dans ces cas là difficile de ne pas envoyer la sauce tout de suite, tel un jeune puceau découvrant la vie sur YouPorn. "Maple boy" et "Dried piss" reprennent les choses là où elles en étaient restées: voix écorchée aux mélodies sur-efficaces et appelant aux sing-along les poings serrés, grosses guitares en mode twin brothers relayées par une artillerie rythmique. Strike Anywhere avait déposé le brevet, les No Trigger se foutent des droits de copyright et appliquent la recette avec talent.

En six années, les modes ont eu le temps de passer, le groupe d'évoluer et l'on sent quelques petites influences frotter plaisamment les bases de l'édifice: les tempos se surprennent à devenir un peu plus mid ("Checkmate", "Mountaineer", "Skyscrapers") mettant en avant les mélodies et une musique plus posée ; l'énergie est mieux maîtrisée et concentrée sur quelques titres ou parties rappelant A Wilhelm Scream dans cette capacité à faire partir dans tous les sens un titre tout en gardant une ligne directrice ("Insider (executive/ amputee)", "New brain").

Réussissant le difficile amalgame de l'autorité et du charme (quoi ça vous dérange un chroniqueur du fenec qui cite Michel Sardou...?), les No Trigger ont surtout réussi 11 titres d'une égale qualité, maintenant l'auditeur en tension, prêt à se jeter dans le pit comme dans cet album, tête la première!