Avec notamment un membre de Kruger en son sein, No Sun In San Francisco fait donc du... hard. Oui, forcément, la logique est quasiment imparable, limite prévisible. Mais cela n'empêche pas d'avoir la classe pour autant. La preuve avec ce post-hardcore/rock aux ambiances particulièrement soignées à écouter et réécouter pour saisir toutes les subtilités que les Suisses proposent avec ce Principles and particles mettant d'entrée de jeu les choses au clair. Un "Stranglehole" aux abrasions émotionnelles qui lacèrent déjà les enceintes alors que l'on est qu'au premier titre, une puissance de feu indéniable et un savoir-faire plus qu'éprouvé... certes l'ensemble reste quelque peu conventionnel encore mais a déjà tout pour éclabousser les enceintes en faisant grimper la tension de quelques crans (d'arrêt) dans la suite.

Ce qui arrive dès le morceau suivant, "Northern state activity", qui après une mise en route languissante, laisse éclater une colère sanguine appelant à l'exaltation des sens. Une séquence de pillage littéral des enceintes : les vagues déferlantes s'abattent encore et encore sur les enceintes pendant que l'auditeur encaisse comme il peut, chancelant, les tympans ensanglantés et recouvert de poussière. C'est du reste encore sonné par ce choc thermique qu'il se prend ensuite la muraille "Slow burn" en travers du visage. Tu avances et tu particules alors comment veux-tu que... NSISF ne poursuive pas son oeuvre en matière de démolition sonore. Même s'il ne fait pas que ça non plus, ménageant quelques passages plus aérés où son élégance mélodique donne un peu plus d'éclat à l'album... avant un climax éruptif des plus destructeurs. Tellurique, à l'image de "They thought It could tame the horsewill" qui s'élève sur les ruines encore fumantes et grésillantes de son prédécesseur pour délivrer un cocktail math-post-hardcore noise de l'enfer. Histoire de prouver que la musique des hélvètes évite soigneusement l'écueil du monolithisme bêta.

On valide forcément surtout quand derrière, No Sun In San Francisco lâche un implacable "The great failure" pour ensuite pousser sa mixture post-hardcore à ébullition avec ce "Mind the axe, care for them" aux progressions enivrantes, aux effluves post-chaotiques mais pourtant extatiques, avant de contempler son oeuvre et le champ de ruines qu'il laisse derrière lui avec "They looked at each other knowing J.F. would defeat them all" sentencieux. Et de prendre ainsi une ultime respiration avant de conclure son album en traînant la dépouille de l'auditeur jusqu'aux portes du volcanique Royaume d'Hadès (le très indie-rock-hardcore et sauvage "Omega void", le terminal "Swelling shores"). Un final en apothéose pour un premier album extrêmement solide et compact qui, à défaut de révolutionner le genre, fait ce qu'il a à faire en proposant une qualité d'écriture et d'exécution d'excellente facture, voire même un petit peu plus encore.

Toujours est-il on ne saura pas ici s'il y a du soleil à San Francisco, par contre, on sait que celui des Suisses est savamment dissimulé derrière les nuages d'un typhon sonore venu faire tomber le ciel sur la tête de leurs auditeurs.

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