Nine Eleven - Le Rêve de Cassandre Jusqu'à il y a peu, Le rêve de Cassandre, c'était un film (plutôt) noir assez oubliable du très (trop) prolifique Woody Allen. Désormais, c'est également le dernier-né des toujours excellents Nine Eleven, lesquels après les albums Use your disillusions puis City of Quartz, démontrent une fois pour toutes qu'ils sont ce que la scène hardcore punk hexagonale a de mieux dans les tuyaux. Livré dans un élégant digipack au packaging particulièrement soigné par le très punk label indie Effervescence Records (Forus, This is Standoff...), il justifie très largement l'acquisition de l'objet pour peu que l'on soit un tant soit peu collectionneur et adepte du genre ici pratiqué. Voilà, ça... c'est fait.

Une intro à la guitare folk pour dérouter les premières cinquante secondes puis le contact plus direct et frontal qui se fait avec le groupe, "From Haven to Hell" ne cache pas bien longtemps son jeu et permet aux Nine Eleven de tester d'entrer de jeu la solidité des enceintes. Quelques minutes après la mise en route de l'album, l'intensité est déjà palpable, la mise sous tension parfaitement imparable et la rythmique outrageusement enlevée. BIDIBIM. La frénésie est de mise et la hargne contaminatrice, le groupe harangue son auditoire invisible (promettant déjà des sets live particulièrement inflammables) et balance rapidement ses premières ogives hardcore punk avec un "Nine floor" pénétrant qui ne prend pas de gants pour déflorer la platine ou un "Rose Scheiderman" redoutable dans ses poussées de fièvre supersonique.

La production sonne plutôt très moderne et le groupe défragmente les enceintes en faisant grimper l'intensité d'encore quelques crans (d'arrêt), pour définitivement asseoir son statut de grand mamamushi de la scène hardcore punk frenchy. Ce n'était peut-être pas l'idée de départ, mais le résultat est là et lorsque "The pacific solution" finit d'incendier les amplis, on comprend que l'on tient certainement là un sacré client dans la catégorie "qui fait mal aux cheveux et carbonise les conduits auditifs". Mélodies passionnelle, cadence infernale et énergie brute convergent de concert vers le même objectif et, au détour d'une cavalcade particulièrement rock'n'roll ("Starkweather"), continue son entreprise de démolition et de revendication bruyante ("I.nside T.he T.rojanhorse"). De par sa capacité à frapper fort, encore et encore sans jamais réellement se répéter artistiquement parlant, Nine Eleven conserve toute sa puissance d'impact sur la longueur de l'album ("Let's cross the acheron", "Dance on your own ruins tomorrow") et résume au final tout son propos sur le titre de l'un des derniers morceaux de ce Rêve de Cassandre : "Revolution tonight!". Comme ça au moins c'est clair.