Metal Métal > Nihil

Biographie > ex nihilo

Nihil est issu d'une scène bordelaise qu'on croyait à tout jamais prisonnière de l'image de "ville rock ayant engendré Noir Désir" et puis est arrivé jusqu'à nos oreilles Oversoul. Du métal, du gros métal même. Et en découvrant Oversoul, on a découvert l'existence d'une scène métal très riche du côté de Bordeaux, parce que des groupes de métal, il y en a partout, mais d'aussi bons et dans des styles variés (Zombie Eaters, Viridiana, Asgard...), c'est pas évident. Parmi eux, Nihil avait retenu notre attention avec une démo 4 titres Born, sorti en août 98, peu aprés la formation du groupe (novembre 97), mais si les compos semblaient plus qu'intéressantes, de petits détails dans la production et dans l'écriture laissaient comme un goût d'inachevé, "Hypnosis" que l'on retrouve sur l'album montre la différence (rien que le "go" introductif...). Bref, on avait dans un coin de nos mémoires actives ce nom "Nihil" et on attendait. Pendant ce temps-là, eux, oeuvraient et à force de concerts et d'autres concerts ont convaincu. Ils signent chez M10 et Fred Foulquier va s'occuper de la production de leur album. Un album que Pyer et Alex (guitares), Yves (chant), John Doe (batterie) et Djigemeff (sample et programmation) couvent depuis presque 3 ans quand ils l'enregistrent. Ces 3 ans d'efforts et de sueur débordent de l'album 1:00 AM.
Nihil, c'est un son mais aussi une ambiance, une atmosphère qui se dégage au travers des compos et des lives. La maison de disque ayant compris que Nihil est un groupe à part, ils ne lésinent pas sur les moyens, le CD qui sort au printemps 2000 est donc un des plus bels objets que le métal français n'ait jamais sorti. Cela les amène au printemps de Bourges puis sur une longue tournée française où ils ne pourront malheureusement pas pas jouer toutes les dates avec leurs potes de Madjik qui entre temps auront jeté l'éponge. Tout comme Alex qui laisse les riffs à Pyer seul, leur bassiste qui laisse sa place à Oussman et Djigemeff remplacé par Cyrille pour la tournée qui reprend à l'automne 2000.
Pÿer, Yves et Cyrille restent le noyau dur du Nihil qui traverse 2001 entre compositions et enregistrement avec Fred Norguet (Sleeppers, Portobello Bones, Shout...) au Chalet (Bordeaux). Autour du noyau dur se fixent Iowan à la basse et Jonathan à la batterie (ex-Mary's Child). Après la parution d'une première version de "Not at home" sur la compil French Core, le groupe signe chez Jaff et l'album invisible sort le 04 juin 2002.

Review Concert : Nihil, Nihil aux 4 Ecluses (octobre 2002)

Interview : Nihil, Interview de Nihil (octobre 2002)

Interview : Nihil, Interview de Nihil (octobre 2000)

Nihil / Chronique LP > Figures & creatures

Nihil : Figures & creatures Pour être tout à fait honnête, j'ai eu beaucoup du mal à rentrer dans ce nouvel album de Nihil... Alors que Figures & creatures ne marque pas franchement de virage important dans la vie du groupe comparé à invisible, il m'a été plus difficile de me laisser séduir par la tonalité de l'opus, ce n'est qu'après plusieurs écoutes que le piège s'est refermé... Du fait de la grande diversité des riffs, des tonalités et des ambiances proposées, ce nouveau Nihil n'a pas le côté "conceptuel" qui sautait aux yeux avec les précédents, il semble s'agir davantage d'une succession de bons titres plus que d'un tout, d'un bloc, d'une création musicale totale, d'ailleurs la pochette (indigne des Bordelais) laissait entrevoir ce manque de fil conducteur, le groupe semblant se placer pour la première fois devant sa musique... Etrange. Et il y avait aussi ce titre en français ("Cautérise"), radiophoniquement correct il m'a fallu pas mal de temps là encore pour que la magie opère et que je me laisse prendre au jeu, même si je préfère toujours écouter Yves en anglais, d'autant plus que l'esprit s'attarde alors plus aux instruments et aux fins arrangements. A part ce léger manque d'homogénéité et le titre en français, Nihil continue de jouer sur le double registre compos lentes et émouvantes (le poignant "Under the surface", "Someone you hate") et titers au dynamisme rock très classe ("Portrait of a monster" ou l'incontournable perle "Will you ?"). Le vrai souci est que pour la première fois, je me suis ennuyé sur un de leurs titres : "The art of confusion" est un des deux longs morceaux de Figures & creatures et il est lassant... Sa mise en place est intéressante mais le titre n'évolue pas vraiment par la suite et se retrouve assez soporifique, dommage car dans le même genre d'exercice, l'ultime "Be quiet please" est lui très réussi.
C'est parce que Nihil nous a habitué au meilleur qu'on attendait énormément de Figures & creatures et en sortant un album très convenable mais qui ne touche pas au sublime comme les précédents, on ne peut qu'être déçu... Il n'en reste pas moins que cet album est bien au-dessus de la moyenne et que dans ce rayon, Nihil reste sans égal dans l'héxagone et autour. Et puis rien que pour "Will you ?" et pour les sensations de bien être que Nihil procure en général, qui peut s'offrir le luxe de passer à côté de Figures & creatures ?

Nihil / Chronique LP > Pandora's box

nihil : pandora's box Comment appréhender ce nouvel album de Nihil ? Leur descente aux enfers de la sérénité et de la plénitude continue, après avoir mis de la pop dans leur senti métal, voilà qu'ils débranchent leurs guitares et sortent pianos et ensemble à cordes... Tout cela dans l'idée d'atteindre la pureté absolue.
Creusant au plus profond de leurs précédentes compositions, ils les défigurent calmement, les déclinent sur ce nouveau thème de la quiétude. Ainsi "Deus pendulum" qui était loin d'être une berceuse devient "The time machine", Yves sussurre, murmure, ses plaintes sont à l'arrière plan, la mélodie sinueuse pénètre doucement nos esprits, quelques notes dont il est impossible de se détacher, le titre est presque méconnaissable, juste un goût de déjà-entendu quelque part... mais où ? Même constat pour deux titres d'invisible : "Fragile" devenu "Frailty (thy name is woman)" et "Lies within" devenu "Mensonges", Nihil n'a jamais été aussi doux à l'oreille, la caisse claire semble lointaine, le chant se dédouble, la basse occupe l'espace, des violons surgissent des tréfonds de l'imagination sonore des Bordelais, la renaissance de ces titres est un véritable récital. "Mensonges" conserve une partie de sa rugosité, de sa dynamique, les accords nous lacèrent, les tomes étouffent les cris de souffrance, c'est un véritable supplice de délicatesse. Cette boîte de Pandore renferme 8 titres dont 2 interludes, on a donc également le droit à de nouvelles compositions comme ce "San Francisco 1978" dont les paroles ("no, i've never open your cage") semblent faire écho au "unlock the cage" présent sur invisible, comme la suite d'une histoire inachevée. Avec Pandora's box, Nihil va au bout de son idée, casser son image métal, adoucir les angles, faire montre de son talent de composition tout simplement. Si "A dusky waltz" n'est pas transcendant, le "Coma" qui suit (composé pour la musique du film Near life experience) devrait devenir une pièce majeure de l'échiquier Nihil, un titre qui pourra facilement intégrer leurs concerts électriques, le morceau nous entraîne avec lui dans un tourbillon sonique inarrêtable mais parfaitement contrôlé...
Ceux qui voudraient les enfermer dans une boîte sont avertis, Nihil est insaisissable, ils savent tout faire, reste à savoir ce qu'ils feront la prochaine fois...

Nihil / Chronique LP > Invisible

Nihil : invisible Ce nouvel album des Bordelais est ahurissant. invisible est à la fois identifiable dés quelques notes à du Nihil et à la fois l'opposé du premier albums, 1:00 AM. Difficile à croire et pourtant vrai. Nihil jouait avec sa double personnalité sur son premier long effort et là s'affirme, prend le pas sur son côté obscur pour nous montrer son visage doux, éclairé, calme et reposant. Le blanc/bleu succède au noir, la lumière remplace les ténèbres, l'aube prend la place du crépuscule, l'optimisme explose la dépression, la noirceur devient douceur, la quiétude chasse l'angoisse. Nihil clame tout cela haut et fort avec dans les titres "equilibrium", "fragile" et "white", il en va de-même de sa double personnalité, dissimulée jusque-là par de lourds accords, "Lies within", "Schizopolis" et "[anti]body" sont là pour nous permettre de mieux (les) comprendre.
"Let me breathe ... unlock the cage...", enfermé dans le métal où leurs émotions étaient mal perçues, Nihil a choisi de respirer et de faire un album de "pop-métal" dérangeant et inclassable, un album où les riffs plombés sont allégés ou relégués derrière la beauté du chant, des samples, des mélodies, des apports extérieurs. Oppressante, la musique de Nihil est désormais berçante, doucereuse, amoureuse, ensorcelante. La charge métallique qui pesait sur 1:00 AM est désormais une charge émotionnelle pure où le chant n'est plus un contraste mais est devenu un véritable catalyseur de sentiments porté par une rythmique amniotique et des sonorités sucrées. Mais Nihil n'a pas totalement coupé avec sa part de ténèbres, "Chapter I. Schizopolis" aurait très bien pu sortir il y a quelques années, et une certaine anxiété habite toujours certains morceaux, Nihil n'est pas complètement sauvé et semble nous demander de l'aide pour ne pas replonger dans un shamanique "The abyss"... Personnellement, j'ai été piégé par la sirène "... equilibrium" et jamais je ne retoucherais terre sans eux. Rarement la musique procure autant de sensations et s'il faut citer Tool, ce sera uniquement parce que eux y sont arrivés et non pas parce que nous pourrions trouver des comparaisons musicales avec invisible, qui jusqu'à aujourd'hui est incomparable.

Nihil / Chronique LP > 1:00 AM

Nihil : 1:00 AM This is the time machine. La critique de 1:00 AM présente un assez beau challenge, en effet il faut tenter d'éviter de citer le groupe américain qui est irrémédiablement associé aux Bordelais... Parce que ce serait trop simple, et que l'album perdrait de son intérêt. Certes l'album apporte des rythmiques lourdes, placées, écrasantes, chaque riff est étudié. Certes la voix contient une agressivité toute mesurée, sans jamais partir dans des dérives caverneuses. Certes, les discrets passages des machines font mouche. Certes la batterie métronomique percute nos esprits. Pour tout cela, il est clair que certaines comparaisons s'imposent. Mais il faut raison gardée et remettre les choses à leur place, Nihil produit une musique homogène, prennante, trippante par moment, une musique assez fine, délicate et tout autant destructrice et épaisse. Sur le plan émotionnelle, elle sait rester dans un cadre minimaliste, intimiste, personnelle et les ruptures pour passer dans l'ombre se font en douceur, sans grand fracas, les changements d'atmosphère se font insidieusement, calmement. Là où les envolées des uns nous amènent au coma éthylique, ici, elles se contentent de nous faire trébucher, tituber sans jamais nous dégouter de tant de puissance. Nihil sait rester accessible avec un métal peu conventionnel et très travaillé, 1:00 AM berce nos esprits, nous pousse à l'indolence pour mieux nous réveiller. 1:00 AM est profond, abouti, surprenant.
Sur scène, ces compositions doivent permettre de creuser encore plus loin dans les chaires et les esprits. Une expérience douloureuse que j'attends impatiemment. We're better of dead.

Nihil / Chronique EP > Born

nihil : born Born est une sacrée démo, réfléchie, profonde, qui dissèque les noirs horizons métalliques. La voix est introspective, la guitare accompagne calmement, chahutée par la basse. Puis lorsque vient la montée en son, l'ordre s'inverse, les équilibres se modifient. La musique de Nihil enchante l'âme, bouscule sur le plan émotionel. L'équilibre, la balance de la composition qu'on atteint le quintet sont phénoménal. Basse qui râcle dans le fond, guitares qui dépoussièrent les angles, batterie qui ricoche, la musique dépeint dans toute sa noirceur l'univers tourmenté de Nihil. Voix qui murmure comme pour mieux nous atteindre, lente et douce lors de passages colorés, apporte tensions, dangers. "MSQL8", rien à voir avoir avec Structured Query Language, mais plutôt Emmasculate... "Porn game", et son intro minimaliste, et pourtant si dévastatrice, un chant profond, l'atmosphère s'épaissit un peu plus. La synthèse/symbiose musicale à laquelle est parvenu Nihil, est vaporeuse, originale, intéressante, noire et attrayante toute à la fois. C'est comme un poème noir et lointain qui se déroule à nos pieds. Lente plaine déserte, chants enfantins dans le lointain, échos de guitares, mouvements de tambours assassins, à faire peur, halètements sourds, si proches, cris qui se détachent de la masse, toujours appuyés par des échos de guitares ensorcellant l'esprit. L'atmosphère s'empourpre, se densifie, en gardant sont aspect respirable, le paysage s'éclaire, se précise, reste inquiètant, désertique, bleu et noir sont ses couleurs. Les cris se font plus nombreux, engloutissent, asphixient, ralentissent, les battements du coeur suivent la mélopée dans cette torpeur, dans ses derniers retranchements : traumatisme et choc. "Trauma" presque instrumental, et surement traumatisant, du Nihil.