Nihil live à Liévin (2000) Nihil live à Liévin (2000) On vous compare systématiquement avec Tool, pour vous, c'est flatteur ou réducteur ?
Pyer : Euh... C'est prétentieux mais on va prendre ça comme une flatterie. C'est vrai qu'on nous en parle depuis le début, c'est un groupe qu'on aime beaucoup, énormément, donc ça fait forcément parti de nos influences, mais au même titre que d'autres groupes auxquels on ne nous a jamais comparé ... je te cite U2, on se sent très proche musicalement d'eux, au moins autant qu'un groupe comme Tool. Tool ça a été un peu étiquetté dés le départ parce que médiatiquement, ce sont des pratiques qui se font, les gens ont besoin de repères apparement. Y'a des journalistes qui se chargent de leur en donner donc voilà, ça nous colle depuis le début et maintenant, c'est du systématisme. Comme Watcha ça ressemble à KoRn, moi Watcha des fois çà me fait penser un petit peu à KoRn mais n'importe quel groupe fait penser à un autre. C'est un peu réducteur mais on va positiver et prendre ça comme un compliment.

Et justement les autres influences, à part U2 et qui ne sont pas métal comme Tool, pour le chant notamment ?
Yves : Nos influences sont énormes, elles sont trop longues à citer, c'est tout ce qu'on écoute, tout ce qu'on a pu écouter, ça fait une somme musicale qui m'influence pour la voix, le côté mélodique... Chercher la mélodie sur une base ryhtmique un peu plus lourde et en même temps trouver des mélodies qui sonnent autrement que les Deftones qui se sont mis aussi sur la brèche de la mélodie. Moi, j'ai une vraie culture pop, je viens de là, j'écoutais que ça, pour moi le métal, ça ne représente pas grand chose, j'ai mis ma patte dedans et ça donne du Nihil. Pour reprendre la question d'avant, du Tool, ouais, sûrement, mais le problème, c'est qu'on a été comparé sur un 4 titres qui date de plus de 2 ans, quasiment 3 ans...
P : On n'avait que 3 mois d'existence...
Y : Et sûrement il y avait des influences parce que c'était plus ou moins le groupe qui nous a réuni et c'est le groupe pour lequel on kiffait à cette époque-là. En même temps, depuis 3 ans, on a fait bien d'autres choses et l'album qu'on a sorti en avril, je ne vois pas énormément de morceau qui puisse faire penser à du Tool. Je trouve ça assez réducteur... mais flatteur
P : Extrêmement flatteur ! C'est l'un de nos groupes préférés, ça c'est clair, comme A Perfect Circle par exemple (NDOli : j'arborais un Tshirt APC...) Mais ce n'est pas tout ! Je suis persuadé que pour le deuxième album, on nous comparera à A Perfect Circle (rires) mais je ne rigole pas ! Alors que leur album est sorti y'a 5-6 mois et qu'on était là avant (rires) mais ça nous pend au nez. C'est évident parce que c'est un peu la même démarche.
Et peut-être aussi parce qu'il n'a pas assez de groupe avec un chant mélodique clair et une base métal, il y a un peu un manque dans le paysage musical.
Y : Ouais, ce côté là, ce côté d'ambiances un peu froides, sombres, en France, je ne connais pas beaucoup de groupes...
P : Au niveau de la mélodie, ça commence à se démocratiser, y'a de plus en plus de groupes métal/métal, vraiment lourd, qui chantent plus mélodique. Nous la petite différence, c'est dans l'approche du son, dans l'exploitation de la puissance ou de la violence musicale, on se dirige de plus en plus vers un son moins typé métal, plus coloré, qui puisse nous rapprocher de toutes les influences qu'on a. Ca peut paraître un peu trop ouvert parce qu'on partirait dans plein de directions mais je pense que la musique c'est ça, ce qui réunit des personnes dans un groupe, c'est une envie commune dans laquelle tout se glisse, tout le vécu, tout l'actif qu'on a vécu chancun de notre côté parce qu'on ne se connaissait pas avant. Le but, c'est d'arriver à construire quelque chose, au moins de la musique, une histoire avec tous ses éléments-là. Forcément nos influences sont hyper variées, Yves vient de la new-wave, des choses un peu plus froides, moi j'avais une culture très très métal jusqu'à y'a 5-6 ans maintenant j'écoute vachement de musique ethnique, John Doe, Oussman ils ont écouté du jazz, du jazz rock, y'a vraiment de tout. Ce qui est important en musique, c'est ce qui te plaît, ce que tu ressens en écoutant quelque chose, que ce soit du métal, de la pop, de la musique du Bengale ou de la musique classique.
Y : Et je crois qu'en France, on aime bien aussi faire des clônes de groupes américains, on aime bien "les petits fères" de Tool, de KoRn... Je crois que ça joue beaucoup, c'est mon avis...
P : Et à côté de ça, y'a de plus en plus de groupes français qui revendiquent une identité et qui ont en plus les moyens de l'assumer. On parlait de Watcha tout à l'heure mais y'en a d'autres, tu les mets à côté des groupes américains auxquels on les compare, je serais curieux de voir le résultat, au moins sur scène. Je pense que c'est équivalent, Watcha est au moins équivalent en valeur, en maturité et en intelligence de composition à la plupart des groupes américains avec lesquels on nous surine tout le temps mais voilà, ils sont français...

On a parlé de vos apports selon votre background personnel, votre processus de composition se fait comment ? Ca part des guitares, des rythmiques, du sample ?
Y : Jusqu'à présent c'est parti des guitares, le processus est un petit peu particulier et en même temps un petit peu comme tous les autres groupes. C'est-à-dire qu'on amène les idées, souvent avec les guitares, parfois avec une base rythmique, et puis chacun vient se greffer dessus. On essaye de trouver une ossature pour poser la mélodie et puis quand ça marche pour tout le monde et qu'il y a une petite étincelle, on creuse, on creuse, on creuse. Mais c'est long, ça doit s'entendre sur le CD, on essaye d'élaborer des morceaux de manière réfléchie, ça prend du temps.
P : Ca, ça évolue aussi. On est les deux seuls membres de la formation originelle du groupe, John Doe est arrivé il y a deux ans et Oussman il y a 2-3 mois, donc les morceaux qu'il y a sur l'album sont des morceaux assez anciens qu'on a commencé à composer dés le début. Là, c'est venu beaucoup des guitares et des arrangements des guitares avec les voix, maintenant le deuxième album, on essaye de le voir de façon différente, y'a encore des trucs qui viennent ou de la guitare ou de la voix mais on aborde la composition du deuxième album en pensant au studio alors que les anciens morceaux ont été pensé pour la scène, adapté pour le studio et réadapté pour la scène. Là, on se concentre vraiment sur l'aspect studio donc notre mode de composition est en mutation, il y a des idées qui viennent de Cyrille qui est notre ingé son et s'occupe des séquences et de l'informatique musicale, il prend de plus en plus part avec nous à la composition. On a aussi changé de bassiste, Oussman est rentré dans le groupe il y a 2-3 mois, on voulait avoir un autre élément dans le groupe qui pouvait être moteur, amener des choses, proposer des idées. On est en train d'apprendre autre chose tout en évoluant, on essaye de se concentrer sur d'autres formes de travail. Ca prend du temps parce que quand tu apprends quelque chose de nouveau, tu es forcément maladroit, mais ça fait parti de la construction d'un groupe et si on arrive à concrétiser le travail qu'on a commencé, on fera un deuxième album qui nous plaira et c'est ça le but, ne pas refaire la même chose qu'on a fait sur le premier.

Justement, le premier album, vous en pensez quoi ?
Y : C'est pas à nous qu'il faut demander ça... moi j'en pense beaucoup de mal...
P : Moi aussi sauf que malgré tout j'en suis fier. Si on en n'est pas tous fiers, aujourd'hui on n'aurait pas fait Bordeaux / Dunkerque et demain on joue à Bayonne, si on n'était pas fier de notre produit et qu'on n'avait pas envie de le défendre, on ne ferait pas tout ça. Maintenant, on est conscient d'une partie des lacunes, il y en a peut-être d'autres dont on ne s'est pas rendu compte parce qu'on ne l'écoute pas du tout évidemment. Mais c'est sur qu'il y a des points faibles sur l'album, c'est un premier album... Nous on n'est pas trop contents de la production, notamment en ce qui concerne le son de batterie, le son de basse, c'est pas très bien exploité... Si on avait eu d'autres moyens, peut-être que ça aurait été fait autrement, si nous on avait été plus mûr pour une expérience globale de groupe en studio, on a fait des erreurs au niveau des choix artistiques, y'a forcément des erreurs, même pas forcément que sur un premier album, sur d'autres albums aussi...
Y : Mais on est quand même content des compos, quoi qu'il arrive, on les défend tous les soirs en concert. Il faut faire la différence entre la production et le son et la qualité des compos. Evidemment c'est notre groupe donc on a tendance à penser que les compos sont pas mal et sont importantes à défendre.
Et il y a des chansons que vous avez retravaillé en studio, elles étaient sur la démo et elles ont été refaites en studio intégralement ou c'est quelques arrangements au niveau du mix seulement ?
P : Non, non, non, on a tout réenregistré. Le 4 titres avait été fait dans un autre studio, ça avait été vite fait. On a même réengistré "Emasculate" en studio mais la version ne nous plaisiat pas et comme il y avait des morceaux dans le même esprit comme "Hypnosis". On avait envie de ne pas se répéter, je ne sais pas si on a réussi... On avait de quoi mettre 3-4 titres de plus mais ça ne servait à rien puisqu'on se serait répéter je pense. Globalement on a dit ce qu'on avait à dire à ce moment-là, on est allé à l'essentiel. Et le fait ensuite de défendre l'album en concerts, c'est un peu la revanche (rires) on est un peu frustré parce qu'on n'a pas envie d'écouter notre disque, on n'est pas content de la production et tout, les jouer en concert ça nous permet de les présenter sous un aspect qui les met plus en valeur.

Nihil live à Liévin (2000) Nihil live à Liévin (2000) Le succés critique est indéniable, le succés public a suivi ?
Y : Il est en train...
P : On est obligé de venir à Dunkerque ! (rires)
Y : C'est comme tout, le succés critique n'est pas venu non plus comme ça. Le public, et bien, on a commencé à jouer devant très peu de monde comme chaque groupe français et puis ça vient. Ca vient avec le bouche à oreille je pense.
P : Et le fait d'avoir des articles élogieux, des bonnes critiques de CD, je pense que ça fait venir du monde, je pense que ça donne envie aux gens de venir, enfin j'espère. Ca se construit petit à petit.
Vous êtes pas trop isolé sur la scène française dans ce style ou il n'y personne avant vous ? Il n'y a pas de grand frère...
P : Si on se sent isolé ? Oui, un petit peu mais franchement ça nous plaît assez. Dans le sens où parfois on se retrouve à jouer avec des groupes qui ne sont pas du tout dans la même démarche, il n'y a pas longtemps, on a joué avec Pleymo qui a une démarche beaucoup plus festive, ça s'adresse à un public plus jeune que ce qu'on fait nous, donc forcément une bonne partie du public était venue voir Pleymo. Y'a des gens à qui ça a plu et d'autres non parce qu'ils pensaient nous voir s'éclater et sauter partout. Des moments comme ça, tu te dis "peut-être que ça ne le fait pas" mais ça ne s'adresse pas aux mêmes personnes. Le fait d'être esseulé, c'est un bien et c'est un mal. A mon avis, c'est plus un bien parce que ça nous permet aussi de cultiver notre identité et d'avoir une image assez intègre par rapport à ce qu'on fait. Personnellement je préfère ça que de me retrouver dans une mouvance de groupes où artistiquement ça se rejoint assez et même si le public est en ce moment attiré par ce type de musique, c'est pas dit que dans 6 mois, 1 an ou 2 ans, ce sera la même chose... La musique, c'est vraiment un phénomène de mode, ça dure 2-3 ans, ça repart et ça revient 10 ans aprés. Nous, si on est plus ou moins les seuls, tant mieux quelque part, si un jour ça marche pour ce créneau de musique en France, et bien on sera les premiers si on existe encore. Et peut-être que ça ne marchera jamais, on n'en sait rien. Maintenant, pour un groupe comme nous, l'enjeu n'est pas que sur la France, on a commencé en France parce qu'on est français mais à partir du mois prochain, on va en Belgique, en Suisse, en Espagne, au Luxembourg, on espère aller en Allemagne et dans les pays du Nord... Le but c'est arriver à tisser une toile au niveau européen, après y'a d'autres pays très intéressants comme le Japon ou les Etats-Unis mais les Etats-Unis, c'est un marché très difficile, si c'était facile on le saurait... Le but c'est de se produire devant le maximum de gens possible et d'essayer d'être entendu par un maximum de public, c'est un peu le but de tous les groupes qui font de la musique et qui vont la jouer live.
Et le chant en anglais, c'est pour ça ? Pour être international ?
Y : C'est aussi pour ça mais ce n'est pas que pour ça. C'est apparu lors de l'enregistrement de l'album, avec des avis extérieurs, on nous a dit que d'avoir des chansons en français c'était peut-être bien pour un public français etc... etc... Ca venait en pleine mode là... On n'a pas craqué, je ne sais pas si on a bien fait ou pas, peu importe. Moi je ne ressentais pas le besoin, le désir Pourquoi ? Je ne sais pas, peut-être parce que bizarrement, j'ai tendance à mieux m'exprimer en anglais et que y'a beaucoup plus de musicalité dans la langue anglaise, c'est indéniable.

Nihil ne s'exprime pas que par la musique, il y a aussi la mise en scène, il y a quelques années, il y avait des télés sur scène...
P : Y'a pas si longtemps que ça ! (rires) On en a eu sur la première tournée. Depuis le début on a eu envie d'associer la musique à l'image, aux lumières, après, c'est un peu le nerf de la guerre pour tout le monde, quelque soit le métier qu'on pratique, c'est les moyens fincanciers. Au début, on ne voulait pas prendre un écran parce qu'il y a beaucoup de groupes qui le font, on s'est dit, la télé c'est un moyen de diffusion qui n'est pas trop utilisé et ça nous permettait de prendre un instrument très familier qui est chez tout le monde tous les soirs, pratiquement en tout cas, et de le ramener dans un contexte un peu plus juste à notre avis. C'est à la base un outil d'information, personnellement je pense que c'est devenu beaucoup plus pervers, c'est même un outil de désinformation, enfin je simplifie un petit peu, nous on avait envie de le ramener dans un autre contexte et après de le rattacher à notre concept à nous. Au départ, le film qu'on diffusait, c'était un zapping de plein de choses. C'était "on aime" et "on n'aime pas" mais on ne dit pas ce qu'on aime et ce qu'on n'aime pas, il y avait des images horribles, il y a peut-être des gens qui peuvent faire des quiproquo sur nos idées politiques ou sur notre philosophie de la vie... Mais c'était ça, c'était jeté en patûre et après les gens faisaient ce qu'ils voulaient. On a commencé avec des vieux téléviseurs, on partait tous en tournée avec nos télés personnelles qui n'étaient pas les derniers modèles en plus. Maintenant on s'est dit qu'on referait ça quand on aurait les moyens de le faire. Là, c'est pratiquement sûr à partir du début de l'année 2001 on va reprendre la fin de la tournée jusque fin avril et à ce moment-là, on aura les télés, on aura 6 écrans de chaque côté de la batterie, 6 écrans de même taille avec le même film diffusé dans tous les écrans. On a une personne qui travaille avec nous qui est en train vraiment de conceptualiser le film.

Y'a le digipak qui a été très travaillé aussi, c'est important ces approches pluridisciplinaires au niveau artistique ?
P : Tout à fait.
Y : Ca fait parti d'un ensemble, parce qu'on ne se veut pas seulement musiciens, le medium de la musique est important évidemment, primordial même mais ce n'est pas le seul. Si on peut en profiter pour faire passer ce qu'on veut faire passer par d'autres moyens, on ne va pas se brider. Que ce soit le côté visuel que ce soit les télés, le CD, tout le packaging, le digipak, tout est important.
P : Ca nous représente aussi. Au niveau de l'identité, que ça soit les visuels de l'album ou l'esthétique global qu'on essaye de donner aux concerts avec les lumières. On essaye de se représenter au mieux et de véhiculer des images, même si c'est pas forcément des images projetées, le but c'est que les gens qui viennent pour la musique et qu'ils l'apprécient puissent repartir avec des images. Des images qu'ils ont vues ou qu'ils se sont créées à partir de ce qu'ils ont entendu.
Nihil live à Liévin (2000) Nihil live à Liévin (2000) La suite logique ça serait une vidéo non ?
P : On est en train... On sort un single ce mois-ci, "Nocturne" le morceau de l'album mais une version plus courte, une version radio, on est obligé de se plier aux exigences du marketting. Et on a 3 amis d'Oussman qui sont en école d'audio-visuel qui nous ont proposé de travailler sur un clip, ils sont en train de le mettre en forme et une fois qu'on l'a, après on va essayer de s'en servir pour le diffuser. En France, les circuits de distribution, c'est un peu déclicat, c'est vite fait, c'est M6 ou Mcm. M6 généralement c'est quand ils co-produisent les clips qu'ils les passent ou alors il faut des gros moyens pour avoir des bonnes rotations et c'est pas notre cas. Mcm, c'est un petit plus confidentiel. En fait, on étudie plutôt une piste avec MTv Europe qui nous a contacté et qui essaye de faire apparement de la découverte de jeunes groupes, on attend d'avoir le clip pour leur présenter. Ca rejoint ce que tu disais, tu parlais du visuel de l'album, on a parlé des éclairages, nous on est 4 musiciens sur scène mais autour de nous il y a tout un tas de personne qui font partie du groupe mais qui travaillent sur des aspects plus précis. Cyrille s'occupe de tout le son, le traitement des samples, maintenant il est investi aussi dans la composition, ça c'est un travail à part entière au même titre que le nôtre. On a une personne qui s'occupe des visuels graphiques, qui a fait la pochette de l'album, qui avait fait la pochette de Born et de notre première démo, qui fait les Tshirts, les affiches, tout ce qui concerne les visuels graphiques. On a une personne qui travaille sur les films, on a un éclairagiste qui n'est pas là ce soir puisqu'il travaille avec d'autres personnes. Voilà, il y a toute une espèce de famille, de gens qui travaillent sur ce projet-là. Nous on est la face immergée de l'iceberg parce qu'on a la pudeur de se produire sur scène.

Et Internet ? C'est un formidable moyen d'expression et vous en êtes un peu absent...
P : Ca, c'est pareil, on a un site qui est un petit site pour l'instant parce je pense qu'on n'a pas trouvé la bonne personne pour bosser là-dessus. Le jour où on va vraiment se lancer là-dedans, on aimerait que ça soit à l'image de l'album, on pense que c'est un bel objet. Quelqu'un qui va sur le site de Nihil, on a envie de lui donner une matière intéressante, pas juste les dates de concerts et les photos des musiciens... Tant qu'on aura pas trouvé la bonne personne... Là, on a un site parce qu'un copain nous l'a fait et parce qu'il faut y être. Moi, même si je suis quelqu'un d'extérieur, je suis fan de Nihil, je vais sur le site, j'y vais une fois, c'est bon, j'ai compris, j'ai pas envie d'y retourner. On attend vraiment ça, on a rencontré 2-3 personnes avec qui ça pourrait se faire mais on attend de pouvoir le faire dans un cadre assez optimum. Et qui nous représente bien parce que le site qu'on a en ce moment, c'est comme une petite carte de visite.
Et les mp3 qui sont très médiatiques en ce moment, vous avez un avis là-dessus ?
P : Nous, on est en téléchargement que sur un seul site qui s'appelle France Mp3, et encore il n'y a qu'un seul morceau parce que c'est imposé contractuellement avec notre maison de disques qui ne souhaite pas qu'on puisse être en téléchargement. Après, un avis personnel, moi je pense que ce qui fait le plus mal aux groupes, ce n'est pas les mp3, c'est d'abord les copies, les graveurs, et après les politiques des maisons de disques tout simplement et des revendeurs. Les marges d'un magasin comme la fnac sur un CD : c'est aberrant, la TVA aussi bien sûr mais je vais te donner un exempe. Notre CD est facturé 78 francs hors taxe à n'importe quel magasin, tu vas à la fnac, tu le payes 128 francs, ça te donne une idée de la marge que peut se faire la fnac. Et nous sur un CD vendu, on touche à peu prés 16 francs à 4. Voilà ça te donne une idée des balances commerciales et de la répartition de l'argent sur la vente des CDs, pour moi, c'est ça qui fait vraiment mal à l'industrie du disque et pas forcément les mp3. Justement les mp3, si leur utilisation conserve une certaine éthique disons, ça permet de diffuser de la musique, de vendre de la musique par un autre moyen. Tu vois Pascal Nègre, le PDG d'Universal qui venait pleurer à la télévision parce que ceci celà, moi ça me fait doucement rigoler. Evidemment, ils perdent de la thune mais c'est bien fait pour eux parce qu'il l'ont bien cherché. Ca, c'est mon avis personnel...
Y : Pareil
P : Cyrille est assez virulent là-dessus...
Cyrille : Bah, pareil en pire, pareil en hard core ! (rires)

Pour finir, tout à l'heure tu parlais du deuxième album, l'évolution de Nihil passe par quoi ?
P : Sur le premier, on voulait se présenter et ouvrir des portes, ou en tout cas, ne pas en fermer. Pas se fermer de portes musicales, on ne sait pas ce qu'on voudra jouer dans 6 mois, les morceaux qu'on a composé maintenant n'ont rien à voir avec les morceaux d'avant. ça dépend des moments, des états d'âme que tu peux avoir. On ne voulait pas se fermer de portes, là, on a continué de composer dans ce sens là. Pour l'instant, ça se radicalise, il y a ou des morceaux très très mélodiques, plus méldiques encore que sur I:00 AM parce qu'il y avait de la mélodie mais avec beaucoup de puissance, là c'est plus calme, c'est moins axé sur la guitare ou ce type de puissance-là, l'émotion est vraiment ailleurs, plus sur la voix. Après y'a certaines compos plus radicales mais dans l'autre sens, plus froides, plus puissantes, beaucoup moins mélodiques, ensuite savoir si les morceaux qu'on a en ce moment seront sur l'album, on ne sait pas. On enregistrera en juillet prochain normalement, si on a 20 morceaux, il faudra en choisir 10-12 donc ça dépendra de ce qui se sera passé entre aujourd'hui et le moment où on aura ce choix à faire. Globalement, la piste principale du premier album, c'est la mélodie et forcément elle sera très présente sur le deuxième album, c'est évident, c'est un petit peu notre ligne directrice.
Et ça changera de production et de studio ?
P : Ouais, ça c'est sûr !
Y'a déjà des idées, des plans ?
P : On a des idées, des envies, certaines très réalistes, d'autres beaucoup moins mais tout ça dépendra des moyens qu'on aura. Ca dépend si on resigne avec la même maison de disque, si on resigne avec une autre, si on a plus de moyens... Ca dépendra de tout ça, surtout des moyens. Evidemment, y'a des procucteurs avec qui on a envie de travailler, mais y'a beaucoup de groupes dans notre cas... David Bothrill (NDOli : producteur de Tool) c'est un mec avec qui on aimerait bien travailler...
Il est pris en ce moment (NDil enregistrait l'album de Tool)
P : Ouais (rires) mais même des trucs plus fous, je ne sais pas... Peter Gabriel... Ce qui est sûr c'est que même moi qui ai une culture très métal, j'ai pas envie que Nihil enregistre avec Richardson ou Terry Date, des gens comme ça, même si j'aime énormément leur travail, mais le but, si on travaille avec un producteur artistique, c'est de trouver quelqu'un qui va faire murir Nihil. On n'a pas envie de sonner Richardson, on n'a pas envie de sonner machin. On veut quelqu'un qui nous aide dans notre projet, dans notre quête de matûrité, si on n'a pas les moyens, ce sera plus réduit. Il y a d'autres personnes qui travaillent très bien en France ou pas loin, en Belgique t'as Kraemer, ou David Weber en Suisse, ou Stéphane Buriez qui est pas loin d'ici, j'ai écouté les 2-3 dernières productions qu'il a enregistrées et il bosse super bien. Peut-être qu'on ira travailler avec des gens comme ça, pour l'instant c'est un petit peu trop tôt. Mais on commence à y réfléchir, il va falloir qu'on se décide assez vite, mais le nerf de la guerre, c'est les thunes...