Neurosis - Given to the rising Neurosis, vingt années à oeuvrer dans un metal post-hardcore apocalyptique et toujours cette foudroyante capacité à mettre le monde à ses pieds. Given to the rising, neuvième album du groupe n'est pas celui qui viendra infirmer ce constat. Une entrée des guitares lorgnant du côté du stoner, un chant reconnaissable entre mille, déchirant, sur le fil du rasoir, entre rage brute et résignation, les hurlements métalliques côtoient les plans les plus psychédéliques, ce qui n'occulte en rien la noirceur extrême dans laquelle Neurosis a plongé cet album. Une force de frappe considérable, une puissance de feu toujours démentielle, l'éponyme premier morceau de l'album annonce la couleur. Entre passé et présent, le groupe assume son parcours et pose tout simplement une nouvelle pierre à sa discographie. "Fear and sickness", titre le deuxième morceau de Given to the rising, tout un programme, que le groupe s'applique à respecter à la lettre et dans les moindres détails.
Construction raffinée, atmosphères oppressantes, crescendo dévastateurs parfaitement orchestrés, le groupe n'a rien perdu de ce qui faisait la force d'un A sun that never sets mais sa matûrité artistique est telle qu'il peut tout se permettre ou presque sans rater sa cible. Les morceaux se suivent, s'enchevêtrent les uns aux autres et ne forment plus qu'une seule entité aux textures sonores extrêmement étudiées. Given to the rising n'est pas un album de post-hardcore quelconque, c'est une véritable déferlante sonique qui s'abat sur l'auditeur avec une maîtrise absolue de chacune des composantes de la musique de Neurosis. Dense, écorchée vive, planante voir envoûtante ("To the rising"), elle sait également se faire cataclysmique sur le majestueux et cathartique "At the end of the road". Parfois énigmatique sinon sybilline ("Shadow"), d'autres fois plus direct, compact et sauvage ("Water is not enough"), Given to the rising est un disque ténébreux et tempétueux à l'intégrité artistique rare ("Hidden faces"). Délaissant un temps le déferlement sonore pour envelopper son album d'une aura de mystère avec l'étrange et saturé "Nine" avant une ouverture plus lumineuse sur "Origin" aux influences presque chamaniques. 20 ans après leurs débuts, les Neurosis ne cherchent pas à plaire à quiconque, mais seulement à parfaire leur art, à poursuivre encore un peu plus leur quête d'un absolu musical sombre et torturé. Une démarche qui impose le respect...