my ruin: a prayer ... On commence, on a l'habitude avec une petite intro, une prière matinale. "Beauty fiend", pas d'entrée en matière, directement, un gros grondement, une saturation bien grasse, My Ruin crache son venin, prêt à en découdre avec le monde entier. Voix presque gentille, refrain contrasté, hurlements saturés -Watch me bleed-, un riff profond, presque une ritournelle. -Fuck what they print in those dawn magazines-. Après cette attaque en règle, menée de front par toute la bande, deux alternatives, la poursuite de l'écoute ou non... "Stick it to me", continue dans la même veine. Ce qu'on pourrait reprocher à l'album entier, c'est ce manque de contraste, d'être trop homogène. Avec tant de rage à porter, il est plus facile d'écrire des paroles que de les chanter. Cependant chaque morceau apporte sa pierre à l'édifice. Entre cliché rock 70's, et lourdeur metal 90's, les influences sont impalpables, trop diffuses, noyés dans la création spontanée. Un riff un peu bateau, qui a du swing, oscillant sur une même harmonie de teintes, "Heartsick", mais qui fait du bien aux oreilles : le moment de monter le son. Après tout, -The Bible tells us Jesus was a Rockstar-, et toujours sur le même cri -The Bible tells us Mary was a whore-. Une construction qui tient debout, un impact dans un mur. Le tout s'enchaine très vite, pas le temps de souffler, déluge guitare-batterie-cris guturaux. La basse reste enfouie dans la masse qui s'écoule de la guitare, en un flot magmatique. Voilà, My Ruin se distingue par la présence magmatique de ses guitares. Une reprise où on ne reprends pas son souffle, c'est comme ça My Ruin. Rompant avec l'endurance des précédents morceaux, "Rockstar" délivre son petit couplet vibrant, émouvant, symbiose enchanteresse chant et syncopes de batterie. L'imagination se laisse porter sur la scène de My Ruin, une Tairrie B. penchée sur son micro, en communion avec son esprit. Le couplet se déroule toujours aussi puissant, plus original, plus rageur, plus novateur - I'm just a girl that hurts-. Une intro déroulée lentement, rondement par la basse, la suite rappelle terriblement le premier album de Manhole "All is not well", même si cette fois-ci, le parfum est différent : densité, noir, brouillard de charbon, le fameux smog londonien du début du XXème. La musique de My Ruin est singulièrement organique : Le tout ne pouvant s'intégrer sans la compréhension de chacune de ses différents éléments, La fonction de toutes les composantes étant indissociable du tout... "Miss Ann thrope", un petit riff de guitare simplet appuyé par la batterie, mais définitivement puissant, pas de compromis, pas de fioritures, le tout étant repris avec toute la densité qui caractérise My Ruin. La participation de Jessica de Jack Off Jill, apporte à la musique de My Ruin, une toute autre dimension, allègeant et élevant l'harmonie de la composition sur des terres vierges. Déroulement symbiotique, entre voix aérienne et voix guturale, l'équilibre est tout trouvé. -You're so pretty when you lie-, des paroles à penser, à chanter. Une sentence lourde, un jugement, ou une crainte, "Hemorrhage" commence mystérieusement, et se poursuit entre rage déclaré et rage contenu. Chose n'est pas coutume, un interlude prolonge le mystère, -if violence is religion, Then everyone's a star-. La torture se poursuit -Torture you my friend-. "You believe everything you read, Letter to the Editor" appuie là ou ça fait mal, et appuie fort. La musique au service des paroles -Honesty is the Holiest Disease-, les paroles parlent d'elles mêmes. "Let it ruin", un couplet feutré, un refrain pas plus haut que celà, presque de la douceur dans un univers de ruine, une basse calme et oscillante, une guitare qui sait s'effacer, une introspection naturelle, une prise de conscience montante, appuyé par des toms judicieux. "Do you feel faith, or do you fell Fear ?" Idéal pour enchainer sur la densité de "Post noise revelation", un riff tout en courbe, en nuances, en son, mais aussi tout en paroles, en introspection douloureuse, -Fakes degrading Ladies-. Album complet, plus qu'une simple galette musicale, la vision de Tairrie B. est dense à l'image de la musique de My Ruin, plus qu'un univers musical, c'est un univers entier qui se découvre lentement à l'écoute de A prayer under pressure of violent anguish, à la lecture des paroles, à la contemplation du livret. "Do you Love me ?" Vision magmatique, sous une densité palpable, cachée sous un voile intime...