Mutation - Error 500 Pour trouver un point commun entre Shane Embury de Napalm Death, Ginger Wildheart (The Wildhearts mais aussi et surtout à l'origine du projet ci-présent), l'énigmatique Merzbow, un mec issu de Cardiacs ou encore Mark E. Smith (The Fall), jusqu'à il n'y a pas si longtemps, il fallait se lever tôt. Mais ça, c'était avant. Parce que depuis, une idée aussi barge qu'improbable a vu naître ce projet Mutation mais également pas moins de deux albums : The frankenstein effect et Error 500 en autoproduction (merci la mode du crowdfunding), ce dernier ayant droit à une distribution plus traditionnelle par l'intermédiaire de l'inévitable Ipecac Recordings qui, co-piloté par l'inénarrable Mike Patton, n'est jamais bien loin dès qu'il s'agit de sortir un OVNI sonore de derrière les fagots (remember certains disques de Mike Patton, Bohren & Der Club of Gore ou encore Zach Hill en solo et Zu).

Et le pire, c'est que c'est drôlement bon : insaisissable, fou, bordélique, mais bluffant. Un disque de pure brutalité grind, enveloppée d'une certaine majesté mélodique pop expérimentale ("Bracken", "Utopia syndrome") qui déboise brutalement les tympans après quelques secondes de mise en route déjà musclée. On cause hard bien violent, dur sur l'homme, joyeusement bordélique et furieusement rock'n'roll (l'énorme "White leg"), on joue à 2000 à l'heure et on en met partout avec une maîtrise formelle des plus ébouriffantes. Riffing en cascades, accélérations grind démentes, breaks salvateurs ("Protein"), quelques plans expérimentaux teintés de petites touches électroniques qui fracassent sévèrement les enceintes (l'éponyme "Mutations"), on en prend littéralement plein les écoutilles et le groupe fait preuve d'une virtuosité à toute épreuve. Et en même temps avec un tel line-up, on ne pouvait guère s'attendre à un truc ficelé à moitié.

Toujours est-il qu'Error 500 n'est jamais avare en plans complètement barrés, techniquement du genre monstrueux même si par moments, Mutation en fait peut-être un peu trop dans le registre démonstratif ("Computer, this is not what I"), avant de se reprendre avec l'insaisissable "Sun of white leg" pour lequel le groupe part dans des délires psychédéliques hard pour le moins jouissifs. Par contre, il faut quand même un peu s'accrocher aux wagons et aimer le (très) gros son qui met les compteurs dans le rouge ("Innocentes in morte"). Même quand les membres de Mutation gratifient leur auditoire d'un titre aussi furieusement déglingué que ce "Relentless confliction" qui clashe les enceintes dans un numéro de voltige supersonique ou un "Benzo fury" terminal à tous points de vue. Epilogue idéal d'un disque aussi joyeusement jouissif que sauvagement schizophrénique, réservé aux initiés et aux amateurs de ce que l'on ne voit certainement pas tous les jours en ces temps (difficiles) de formatage créatif systématique. Fascinant.