Metal Métal > Modern Life Is War

Biographie > MLIW... pas MILF

Né en 2002 du côté de Marshalltown, Iowa (USA), Modern Life Is War livre lors de ses premiers mois d'existence un EP 7" éponyme qui permet au groupe de signer rapidement un deal avec Deathwish Inc., le label de Jacob Bannon (Converge) chez qui sort un premier album l'année suivante sous le titre : My love. My way. L'ascension est rapide et les américains enchaînent en écumant le continent Nord-Américain avant de donner naissance à un deuxième effort long-format (Witness, 2005). Une trajectoire météoritique qui se poursuit jusqu'en 2007, lorsque MLIW sort son troisième album, Midnight in America, en ayant entre-temps changé de crèmerie (et connu quelques modifications de line-up également) pour atterrir chez Equal Vision Records. Quelques mois plus tard, c'est la mise en hiatus indéterminé et de 2008 à 2012, on n'entendra plus parler du groupe.

Mais finalement, en septembre 2012, le line-up originel se réunit sans communiquer sur ce qui apparaît comme un retour aux affaires qui n'est officialisé qu'en avril 2013, les américains se refusant à parler de reformation, préférant le terme de réactivation et réfutant le fait d'avoir succombé à une mode. Dans la foulée, Modern Life Is War annonce la sortie d'un nouvel album studio (son quatrième) pour la rentrée de la même année, scellant de fait ses retrouvailles avec le label de ses débuts, Deathwish Inc..

Modern Life Is War / Chronique LP > Fever hunting

Modern Life Is War - Fever hunting Il est réducteur de dire que le retour aux affaires de Modern Life Is War n'était même plus espéré. Une carrière météoritique, une trajectoire idéale à ses débuts au sein du milieu hardcore-punk, puis une sortie de route un peu regrettable (changements de line-up, de label), avant une fin sans doute aussi redoutée qu'inévitable. Mais surtout, en connaissant le rejet du groupe pour les tendances, un come-back juste pour donner quelques concerts et empocher des cachets était plus qu'improbable. Alors fatalement, voir les natifs de l'Iowa revenir aux affaires après 4 années de silence impliquait en filigrane un nouvel album. Tout comme son retour au sein de l'écurie Deathwish Inc., LA référence du genre en la matière (mais pas que).

Les premiers riffs ouvrant le bien nommé Fever hunting font état d'une excellente santé créative. "Old fears new frontiers" puis "Health, wealth and peace" envoient d'entrée un groove solide titiller les enceintes, des vocalises farouchement hardcore punk enflammer l'audience et ce feeling tout en hargne contaminatrice, parachever le travail. Le constat est sans appel : dans la manière qu'ils ont d'expédier leur fougue retrouvée comme de laisser leurs guitares cracher les décibels ("Media cunt", l'éponyme "Fever hunting"), les Modern Life Is War sonnent plus que jamais comme un groupe "made in Deathwish Inc.", le refuge des plus fines lames du genre (Converge, Birds in Row, Loma Prieta, Oathbreaker, Touché Amoré...). Surtout, les Américains se révèlent capables de se dépasser, de sublimer leur art splanchnique de la corrosion sonore, du fight-club sensoriel pour enfanter d'un "Blind are breeding" magistral, d'un "Brothers in arms forever" à fleur de peau.

Une émotion brute. Viscérale. Le déchirement qui met l'âme en lambeaux, l'exaltation d'un désespoir latent mais conscient ("Chasing my tail"), le groupe aligne les pépites hardcore punk'nroll, dépose de petites bombes à fragmentations dans son escarcelle ("Dark water") et fait des ravages dans les tripes de son auditeur ("Currency"). Il y a dans ce Fever hunting, une douleur qui vient happer l'auditeur, une blessure ouverte qui s'exprime par tous les moyens : de l'urgence punk sauvage ("Cracked sidewalk surfer") jusqu'à l'introspection au tempo plus ralenti mais non moins portée sur l'intensité émotionnelle. Le feu sous la glace, la fièvre au corps hardcore (l'inspirée conclusion qu'est "Find a way"), Modern Life Is War s'offre un retour plus que réussi avec ce Fever hunting imparable et sans fausse note. Parce que parfois aussi les reformations ont du bon. Grande classe...