General Patton vs. The X-Ecutioners En 2005, l'insaisissable et tout aussi inclassable qu'est l'extra-terrestre polymorphe Mike Patton décide d'aller au bout de ses envies hip-hop en s'improvisant maître d'oeuvre d'un projet l'unissant à un trio de snipers du turntablism new-yorkais : The X-Ecutioners (Rob Swift étant alors l'un des membres du groupe). Et pour rendre ça encore plus classe : il baptise ça General Patton vs The X-Ecutioners. Parce que c'est toujours bon pour l'ego et qu'en plus, le clin d'oeil de l'homonymie est amusant. Le fruit de cette union sera un album, gorgé de quelques 23 pistes audio, alternant bizarrerie hors-norme (mais normales chez Patton), interludes expérimentalo-barrés et vrais morceaux de hip-hop/turntablism, le tout paru via Ipecac le label de qui vous savez... et fatalement intrigant à plus d'un tour.

On vous fait grâce du décryptage de l'album tracklisting complet à l'appui vu le bordel monstre que c'est et de toutes les façons, il n'y a rien à suivre, ce General Patton vs The X-Ecutioners étant une compilation d'idées toutes plus ou moins farfelues de tonton Mike triées/plus ou moins organisées/réassemblées autant que faire se peu par les X-Ecutioners. Et donc ? Bah, c'est assez particulier, flirtant avec le génie absolu comme l'absurde le plus insondable, frisant parfois l'inaudible (la palme à "Precision guided needle-dropping and larynx munitions"). Forcément désarçonnant par moments ("Duelling banjo marching drill"), mais on l'a dit, également traversé par quelques fulgurances absolument fabuleuses... ou pas ("Modified combined obstacle overlay (Mcoo)...or...How I learned to stop worrying and love the turntables" > Merci la fonction copier-coller), l'album se veut aussi insaisissable que ses auteurs, s'offrant de luxe de nous servir sur un plateau deux ou trois inventions (bonnes ou mauvaises) à la demi-seconde.

Et au milieu, des dialogues de films sortis tout droit de la série des Inspecteur Harry, samples de gunfights homériques à l'appui, un côté BO bigarré proprement "Tarantinesque" (QT et Mike Patton partageant quand on y pense ce côté boulimique culturel et le bouillonnement d'idées permanent qui les font sortir en permanence des sillons "classiques" de la création), toujours ses bizarreries sonores qui s'entremêlent au milieu de tentatives pop, latino, jazz et contemporaines dans l'un de ses joyeux boxons sonores auquel le frontman de Faith No More/Fantômas/Mr Bungle/Tomahawk (et quelques autres projets) nous a depuis longtemps habitué. Lui se laisse guider au grès de ces innombrables illuminations soniques, brouillonnes ou limpides, parfois géniales, d'autres fois complètement foireuses et derrière, les X-Cutioners (re)collent littéralement les morceaux. Le procédé semble clairement borderline, foutrement casse-gueule même et le pire, c'est qu'une fois sur deux, ça marche (ok une sur trois dans le meilleurs des cas). Mais rien que pour les bombes "Get up ! Punk!", "Kamikaze!", "Fire in the hole!" et quelques autres (on ne va pas non plus tout vous dire hein), cet album vaut le coup. Et puis bon, ce mec est un génie donc bon... (oui, ceci est un grand moment d'objectivité journalistique).