Lou Reed | Metallica - Lulu Les Papys font de la résistance. En plein débat sur les retraites, une bande de dinosaures de la musique ont décidé de démontrer que non, le temps n'allait pas avoir de prise sur eux et qu'ils étaient encore tout à fait capables de pondre encore quelque chose de grand, ou pas loin. Les vieux, c'est l'avenir il paraît. Et c'est là que ça s'est gâté. Parce que bon, déjà, Lou Reed & Metallica qui font un album collaboratif annoncé comme n'étant ni du "vrai" Lou Reed, encore moins du "pur" Metallica, faut être honnête, ça casse pas super des briques. Limite si ça sonne pas comme la bonne idée de m... Mais en plus "Lulu" pour le titre ; se sont pas trop cassés la soupière les mecs sur ce coup. C'est ça aussi de demander à ses petits enfants de trouver le titre hein (et apparemment de participer à l'écriture aussi mais c'est déjà une autre histoire). Bref, Lulu, c'est donc ce "truc" un peu batard sur le papier, agrémenté d'un pochette d'une rare laideur (pour être raccord avec le reste ?), et qui nous arrive dans les écoutilles alors que l'on se surprend à allumer un cierge pour espérer un miracle.

Pas besoin de tourner cent-sept ans autour du sujet, de miracle il ne sera pas question ici. Ou alors si, sauf que pas dans le bon sens. Pas de suspens non plus, dès le départ l'inaugural "Brandenbourg gate", laisse entendre que cette histoire sent très très mauvais : intro mal ficelée, deux/trois gros riffs métalliques signés par les Four Horsemen qui sont quand même là pour ça à la base et un Lou Reed qui vient se greffer sur le machin on ne sait pas trop pourquoi ni comment. Par contre, on sait que c'est clairement n'importe quoi. Boiteux d'un point de vue technique, artistiquement zéro pour qui n'a pas passé les quarante dernières années dans une grotte afghane. Ou alors est-ce de l'expérimental avant-gardiste complètement en avance de quatre générations sur son temps ? Oui, mais non. Bref, on enchaîne quand même avec "The view". Recette similaire, c'est pas pire (difficile en même temps), guère mieux non plus. On va dire que dans un moment d'égarement, sur un malentendu ça peut passer. Et on est d'autant plus tolérant que c'est à peu près le seul truc potable entendu sur Lulu. Après, ça empire sérieusement avec un "Pumping blood" qui confirme que cette alliance anachronique était complètement foireuse sauf que personne n'a eu les c... pour leur dire. Du coup, on doit subir ce mélange bâtard de "gros" riffs que n'importe quel groupe de rock un peu dur peut pondre au sortir de la sieste et le décalage vocal permanent d'un grabataire qui n'arrive pas à suivre le mouvement. Et après on fait quoi ? Leonard Cohen vs Scorpions ? Pete Doherty vs Slipknot ? David Hasselhoff vs Mc Hammer ? (quoique là, ce serait drôle).

Faut quand même s'y coller alors on enchaîne vite fait avec "Mistress dread" : une cavalcade des Mets et un Lou Reed qui a l'air paumé comme s'il avait raté l'heure de la soupe chez mamie. Stérile et un peu agaçant tant on a bien l'impression d'être pris pour des pigeons si on pense au fait que le machin va sans doute sortir en édition Deluxe un jour ou l'autre. Ouais ben l'autre hein.. parce que le foutage de gueule a assez duré. En attendant, on se dit qu'on tient peut-être quelque chose de pas trop mal branlé avec l'intro d'"Iced honey"... enfin tant que Lou Reed ne s'approche pas du micro (en plus il chante faux le bougre). Puis le problème avec les intros, c'est qu'il y a une suite, là en l'occurrence aussi désastreuse sinon pire que ce à quoi on a été confronté jusque là. C'est dire. Un désastre qui prend la forme d'un "Cheat on me" d'autant plus pathétique qu'en plus d'être mauvais, les mecs en deviennent carrément ridicules. Malaise. Parce que ce n'est peut-être pas très beau de tirer sur le corbillard, mais là quand même, fait dire que ça soulage un peu. Pas un pour sauver le navire : "Frustration" tente désespérément de limiter la casse, peine perdue, "Little dog" nous "offre" gracieusement quelques huit minutes et des poussières de vide artistique sidéral (merci...), "Dragon" est une purge dépassant les dix minutes d'un truc certes incisif et rentre-dedans, mais toujours aussi bancal et insipide. Quant à la sentence ultime, elle s'étend sur près de 19 minutes 30 (putain 19 MINUTES 30 bordel !!!) de grand n'importe quoi. Avant c'était faux, pas en place et d'une platitude sans nom, maintenant c'est également d'une laideur innommable? Paraît qu'il faudrait l'écouter de nombreuses fois pour comprendre. Encore faudrait-il pouvoir humainement le faire...

Pour conclure - tu te souviens comme au bac de philo quand tu savais que t'avais rien bité au sujet, que t'avais quand même pondu 13 pages de verbage absurde et que tu te disais qu'il allait falloir se sortir de ce guêpier par une pirouette en forme d'intro un peu classe, pour faire illusion - Lou Reed vs Metallica, c'est de très loin le pire machin écouté depuis une sacrée paire d'année. Pour oser une comparaison un peu fun, Lulu, c'est un peu comme Hugh Heffner voulant honorer une demi douzaine de ses playmates post-pubères comme en 40 (son année de naissance) - non en fait, je déconne, il est né en 1926 comme mon arrière grand-mère - bref même avec un petit coup de main de chez Pfizer (ou un gros), quand ça peut plus, ben ça peut plus. Bref, Lulu est un accident industriel en forme de purge artistique absolue, une sorte de truc immonde et surtout improbable à côté du quel les derniers Muse, Red Hot et Incubus (additionnés) sont des chefs-d'œuvre intergalactiques. Ou la preuve un peu honteuse que ces gars-là sont sans doute un peu trop vieux pour ces conneries. Op ! Poubelle.

PS : mais où est Charly ?