Membrane | Sofy Major Quand les terreurs de la scène screamo/hardcore/emo/punk (avec un soupçon de sludge) hexagonale entrent en collision frontale avec les monstres du noisecore à la française, forcément, non seulement la rencontre sonne rétrospectivement comme un évidence, mais en plus, elle promet d'être des plus explosives. Sept titres plus tard d'un split vinyle (+ CD) hautement recommandable (et recommandé), sorti au passage chez une foultitude d'excellents labels activistes de premier choix (Basement Apes Industries, Bigoût Records, Impure Muzik Ocinatas Industries et Prototype Records), on ne peut se résoudre qu'à l'implacable évidence : ça, pas de doute, explosive, elle l'est.

Sofy Major lance les hostilités en posant d'entrée de jeu une première mine : "Ruin it all" dégomme l'assistance avec une grosse dose de hardcore'n'roll acide et salvateur qui rentre dans le gras comme un trépan dans une motte de beurre. Compact, vénéneux et enragé, le groupe maîtrise comme à son habitude parfaitement son sujet et les moments de calme relatifs, sont invariablement relayés par de belles fulgurances HxC au groove rock atomique ("Doomsayer & friends") et à la puissance imparable. 4 titres pour les Sofy et une production béton - en même temps les morceaux ont été enregistré par Laurent Sausol (Crankset) et le tout a été mixé par Andrew Schneider (Converge, Unsane) et masterisé par Nick Zampiello (Cave In, Torche) - on en prend plein les écoutilles et "Some more pills" claque les tympans à la cravache avant que "Once was a Warrior (fan my flame and I'll still be one)" ne vienne définitivement enterrer la moindre velléité critique.

Seulement trois pistes pour Membrane mais suffisamment d'espace pour que leur noisecore abrasif s'exprime à loisir. "Gruesome tale" enclenche la marche avant et fait office de rouleau-compresseur. Une ambiance post-chaotique et un auditeur qui se trouve pris en piège dans une gangue de plomb, la tension est plus que palpable, les déferlantes rock/hardcore/noise se succédant sur la platine jusqu'à enterrer définitivement la concurrence, le groupe fait ce qu'il sait faire de mieux. Un riffing obsédant, une rythmique qui martèle son propos sans jamais s'arrêter, un vocaliste qui harangue un assistance invisible : Membrane est une implacable machine de guerre. Et lorsque résonnent les premières mesures de "Small fires", on sent bien qu'il va encore une fois se passer quelque chose. 8 minutes et six secondes plus tard d'une nouvelle démonstration du genre, on sait. Une ogive thermonucléaire (post)noisecore qui laisse l'auditoire complètement sonné, harassé par l'épreuve de force qu'il vient de s'offrir avec un power-trio au sommet de son art depuis l'album Disaster (paru en 2010). Fatalement, le troisième et dernier titre n'est là que pour conclure les ébats au détours de quelques ultimes coups de reins bien sentis, sur un "Lifeless down on the floor" où les franc-comtois s'offrent un titre un peu plus expérimental, histoire de montrer que bien qu'aguerris dans leur registre, ils peuvent également surprendre un peu. Grosse claque.