Membrane - Disaster Nous sommes (encore pour quelques heures) en avril et un chant léger, doux et attendrissant, ouvre la voie du nouvel opus d'un groupe franc-comtois. Tiens, serait-ce un sample introductif au nouvel opus de Generic ? Eh bien non, puisque la sortie de la deuxième galette du duo basse/batterie le plus aéro-cosmique de la décennie est repoussée à l'automne. C'est à ce genre d'occasion qu'on apprend que "franc-comtois" ne veut pas forcément dire "bisontin", "belfortain" ou "montbéliardais" mais en l'occurrence "vésulien". Car nos trois gaillards, que vous devez commencer à connaître, viennent originellement de Vesoul, point stratégique et capitale de l'Empire du Néant. Et de ce néant, de ce "désastre", pour reste fidèle à l'intitulé de leur nouvel effort, les Membrane continuent de tirer le meilleur d'eux-même en s'offrant une nouvelle fois les services de Nicolas Dick tandis que les fûts sont désormais malmenés par Fre, remplaçant Phil depuis près de trois ans.
Sinon, pas de gros revirement de situation de la part de Membrane puisque ses influences restent inchangées (Botch, Breach, Unsane, Condense et Neurosis en tête de liste) et que le trio continue de prouver qu'il fait partie des dignes successeurs des frenchies de Sleeppers, Basement et autres Tantrum (dont le tribute-album We fucked up our lives auquel nos héros du jour ont participé ne devrait pas tarder à sortir). Le Membrane version 2010 continue sur sa lancée ("ambiances plombées", "rugosité", "oppression", "tension", "déflagration" sont de nouveau au rendez-vous) tout en s'offrant le luxe de dépasser à deux reprises les six minutes et demi de jeu, à merveilles lors de "Pollution" et de ses fantastiques assauts, à la perfection avec "The only solution", pour le moins pachydermique. Encore plus fort, Membrane semble avoir effectué un retour à ses racines que sont Utility of useless things tout en lui adjoignant le perfectionnement de A story of blood and violence, se rendant ainsi capable d'évoquer aussi bien la pesanteur de Danishmendt ("Spiral") que le raffinement de Geneva ("Crime"). On pourra ajouter que l'alliage de la brutalité à la précision commet des ravages irréversibles ("Smog") et que d'assister de bout en bout à un tel carnage, aussi paradoxal que cela puisse paraître, rend heureux d'en être témoin. Et ce ne sont pas les prestations scéniques du trio qui viendront le contredire...