Mastodon - Emperor of sand Malgré d'énormes tournées, Mastodon ne laisse jamais passer plus de trois ans entre deux albums. Emperor of sand est leur septième, déjà, et sans forcément déplaire à ses aficionados, il risque d'élargir encore le cercle de fans. Certains éléments rappellent Crack the skye (même style d'artwork, même producteur, présence de Scott Kelly, titres autour d'un même thème...) mais ici, on a onze titres plutôt courts (trois ou quatre minutes pour la grande majorité), les habitudes sludge et progressives du combo ne sont plus présentes que par petites touches. Ultra accrocheur par leurs mélodies et le peu de temps que demandent les titres pour "rentrer dedans", on peut considérer cet opus comme "pop" au regard de leur discographie...

Hargne et puissance définissent toujours Mastodon mais là où on avait découvert un groupe ultra tranchant et froid dans le son il y a une dizaine d'années, nous voilà avec un métal très poli, aux coins arrondis, aux sonorités chaleureuses. Brendan O'Brien est un spécialiste des monstres du rock (Pearl Jam, Neil Young, Stone Temple Pilots, Red Hot Chili Peppers, Audioslave, Bob Dylan, Aerosmith, Soundgarden...) et du métal (AC/DC, Rage Against the Machine, Korn...), il n'a pas son pareil pour rendre accessible des idées parfois violentes, le phénomène de rejet que peut provoquer le gros son est estompé, la ménagère peut écouter Mastodon sans hurler après deux secondes. Ce choix d'apparaître plus rock ("Precious stones", "Roots remain") n'entâme pas pour autant l'envie d'en découdre et d'envoyer du riff percutant sur des rythmiques qui ne le sont pas moins, Mastodon a un nom à faire respecter et fait honneur à sa réputation en combinant force instrumentale et variations vocales du dur au doux ("Sultan's curse", "Clandestiny"). C'est quand ils jouent à ce petit jeu qu'ils sont irrésistibles. Tout comme quand ils invitent des amis à prendre part à la fête, que ce soit l'habitué Scott Kelly (Neurosis) sur l'orientalisé "Scorpion breath" blindé de nervosité ou Kevin Sharp (Brutal Truth) sur "Andromeda" qui s'amuse avec le tempo, les mecs se fondent dans le paysage, n'ajoutant qu'une petite touche personnelle histoire d'élargir encore davantage le spectre offert par Emperor of sand. Enfin, pour ceux, qui, comme moi, regrettent la mise en retrait des passages les plus progs, le groupe nous abandonne avec un "Jaguar god" qui au fur et à mesure gagne en complexité, mettant en avant la technicité des musiciens et leur capacité, intacte, à créer des titres labyrinthiques mais ô combien excitants.