Mastodon - Blood Mountain Après le monstrueux Leviathan, Mastodon change de catégorie, quittant Relapse pour signer chez une major, en l'occurence WEA (Warner). Une manière de s'assurer une exposition "taille patron" pour eux, la question évidente que suppose ce nouveau statut étant évidemment de savoir si le groupe aura su conserver son intégrité artistique... Une fois passé un assez poussif "The wolf is loose", le groupe pose son "Crystal skull" sur la table de mixage et démontre qu'il n'a en tous cas pas vendu son âme au diable (ou au dieu dollar$), d'ailleurs le groupe clame à qui veut l'entendre que le label leur a laissé une paix royale pour enregistrer le disque qui fait l'objet de la présente chronique. Des riffs incisifs empilés avec une vitesse d'exécution proprement remarquable, une puissance qui secoue bien comme il faut et un batteur qui se met en format "pieuvre" pour imprimer un rythme, effréné, qui permet au groupe d'enfiler les morceaux sans sourciller. Que du lourd... Pourtant (oui, il y a un "mais"), dès les premières secondes et ce jusqu'à "Pendulous skin" en passant par "Hunter of the sky" ou "Bladecatcher", ce Blood mountain manque parfois (souvent) singulièrement d'âme.
Comme si les américains avaient eu tendance à réduire ce disque à une simple démonstration formelle, certes plutôt bluffante, mais qui ne passe pas facilement le cap des écoutes répétées. Parfois stérile donc. La faute à des compositions plus axées sur la maîtrise formelle et un chant manquant de charisme. Même si Mastodon, au détour d'un riff enflammé, réserve ici quelques petites pépites métalliques calibrés pour carboniser les enceintes. "Sleeping giant" est de celles-ci, grand huit musical magistral, montée en puissance savamment orchestrée, crescendo volcanique, explosions de décibels et mélodie corrosive à souhait, les américains haussent le ton avec ce brûlot auditif, sans doute l'un des meilleurs titres de leur discographie. Verdict similaire sur un "Capillarian crest" tout un ruptures ou un "The colony of birchmen" qui a lui seul cristallise en quelques quatre minutes et dix huit secondes, tout ce dont est capable Mastodon. Riffs conquérants, tentations 70's assumées, des mélodies qui secoue les tripes et toujours cette maîtrise implacable qui fait froid dans le dos. Le groupe démontre clairement qu'avant d'être un bon musicien qui se respecte, maîtriser les bases techniques aide considérablement à se montrer convaincant. Car malgré quelques morceaux un peu décevants, eut égard au passif du groupe avec Remission et Leviathan, le groupe démontre avec "Hand of stone" et "Siberian divide" qu'il reste un imposant représentant de la scène metal nord-américaine... même s'il avait déjà fait assurément mieux avec ses précédents opus.