mastodon_remission.jpg Remission, étrange titre que celui du premier album de Mastodon à l'artwork particulièrement réussi. Mais, quoiqu'il en soit, derrière ce titre se cache une implacable collection de compositions métalliques, violentes, épiques et surtout incroyablement puissantes. Encensé par une presse spécialisée unanime, considéré par beaucoup comme LE nouveau phénomène metal nord-américain à suivre, le groupe a-t-il pour autant mérité sa flatteuse réputation ? En général, on a tendance à se méfier... Dans le cas présent, à tort. Véritable horde sauvage musicale, Remission est un album qui tendrait à confirmer la tendance : à savoir que ce Mastodon n'est pas un énième groupe au vague succès éclair et à la carrière météoritique en forme de caprice des critiques.
En prenant l'ensemble des sous-genres du rock et du métal dans le creux de sa main (hardcore, thrash, heavy, death, prog 70's, stoner, metalcore et autres trucs en ...core) pour les passer au broyeur et en produire le résultat hors du commun, Mastodon met le paquet d'entrée et ne la joue pas petits bras. Au contraire. Le groupe a les dents longues et enchaîne les uppercuts sonores avec une lourdeur incommensurable. "Crusher destroyer" ou "Burning man" s'enquillent sur la platine et le groupe réussit le tour de force d'atomiser les tympans de ses auditeurs tout en livrant une musique allégorique et tentaculaire ("Trilobite"), à la croisée des chemins narratifs entre Jules Verne et H.P Lovecraft. Fil rouge de l'oeuvre du groupe, la mythologie des créatures monstrueuses marines nous plonge furieusement dans l'oeil du cyclone avant de descendre encore, au coeur des profondeurs abyssales de cet album sans concession. En apnée en train d'explorer les entrailles de la bête, le quartet aurait pu céder à la facilité de produire un album monolithique en forme d'hymne au headbang massif, mais au lieu de ça, il a su nuancer son metal hybride pour broder quelques instrumentations complexes autours de structures toujours plus alambiquées.
Déferlement de riffs lourds et telluriques ("The march of the fire ants"), section rythmique qui assène les blasts avec une furie démentielle, une production incisive et agressive, Remission est un album que l'on peut qualifier de primitif, massif et techniquement irréprochable. Le groupe y titille l'imaginaire fantastique collectif avec un vrai sens de la narration musicale et une maîtrise formelle de tous les instants ("Ole' Nessie", "Elephant man"). Avec Mastodon, Relapse Records (High on fire, Burst, Buried Inside notamment) a trouvé le nouveau fer de lance de son roaster, la scène métal nord-américaine son nouveau maître. La suite ne viendra que confirmer cette impression. Sans rémission.