Mass Hysteria - Le Trianon Au fil des ans, des albums et des concerts, Mass Hysteria est devenu un incontournable "must seen" de la scène française, leurs nombreux passages en festival ou dans une salle près de chez toi fait que ne pas les avoir vu en live est certainement exceptionnel... Et une grosse tare tant le combo excelle sur les planches. A la mi-mars 2016, c'est dans un Trianon blindé d'ondes positives qu'il présentait Matière noire au public parisien (et à d'autres aussi, il n'y a pas que des Parisiens dans la salle, il y a même des Bretons même si Rapha ne l'est pas). Et si cette tournure "présenter un album au public" est souvent une image, ici, c'est au premier degré car c'est l'intégralité de l'album qui sera joué dans le même ordre que sur disque pour la première heure du show.

Côté technique, le son est maousse, l'image est superbe, le montage impeccable et les nombreux plans des caméras nous font vivre le truc comme si on était partout, un vrai kiffe mais tout ça, c'est désormais la norme. On n'en n'attend pas moins. Là où Mass Hysteria en fait plus que d'habitude, c'est dans la mise en scène avec cette intro qui fait honneur à l'artwork d'Eric Canto et fait écho au digipak, cette matière noire et visqueuse vient tâcher une albâtre beauté. Je ne compte plus mes concerts de Mass Hysteria, depuis 1997, j'ai du les voir au moins trois fois pour la sortie de chaque album et si sur scène, ça a toujours été le même débordement d'énergie et de gros son, ce qui m'a vraiment marqué depuis quelques mois, ce sont les lumières, avec Nicolas Riot (dont tu as pu déjà voir le travail avec Gojira), c'est le top du top, les effets, les choix de couleur, la mise en place est digne des plus grands, même meilleure que certains très gros groupes américains qui ne se cassent pas autant la tête à faire en sorte que le show visuel soit raccord avec la musique. Dans son salon, on en profite encore plus...

Au moment de rédiger l'article sur Matière noire, j'avais du mal à sortir un titre plus fort qu'un autre, après plusieurs expériences live et ce DVD, j'ai maintenant mon petit préféré : "Vae soli" : riffs énormissimes (comme beaucoup, certes), samples percutants, rythmes marqués et paroles qui résument bien l'esprit des furieux : "La joie comme vengeance". Au taquet, le public semble d'accord avec moi vu l'enthousiasme pour reprendre les textes et suer de la fosse aux balcons. Fidèle à eux-mêmes, les Mass sont décontractés pour envoyer les watts et Mouss toujours très bavard dédicace à tout va, tacle à droite et à gauche, place des références culturelles et anime le pit avec des "tournez, allez tournez..." ou en décochant des flèches... L'ambiance est à la fête mais les temps sont graves et la Résistance est de nouveau de mise face à toutes les formes de terrorisme ("L'espérance et le refus" est un autre très grand moment). C'est aussi pour ça que Daesh a le droit à une minutes de bruit, de chaos, d'enfer positif, avant "L'enfer des dieux" dédié aux victimes des attentats... Premier invité d'une jolie liste ce soi-là, c'est Marc Animalsons, producteur de gros rap (entre autres) genre La Fouine, Booba, Mokobé, fan de métal et guitariste à ses heures qui vient épauler Yann et Fred sur "Plus que du metal". C'est logiquement avec "Mère d'iroise" (pour toutes les mamans) que s'achève la première partie du set, là encore j'aime beaucoup ce titre (soyez sympa, jouez-le à Calais en novembre !). Les douze titres suivants sont donc pris dans le reste de la discographie avec assez peu de L'armée des ombres (juste "Positif à bloc" et "Pulsion") et un peu plus des deux premiers opus. C'est d'ailleurs "Contraddiction" qui ouvre le bal comme si un nouveau concert commençait, nouveau concert mais quelques vieilles habitudes comme de jouer "P4" dans la fosse, de faire monter des furieuses sur scène (avec la famille) pour présenter les plus beaux pas de danse sur "Respect to the dance floor", de reprendre le cultissime riff de "Raining blood" (Slayer), de s'attaquer à "Enter sandman" (MetallicA) ou de terminer avec la tornade "Furia". Ce qui change par rapport à un "concert normal" (sic), ce sont les invités qui se suivent sur scène avec Môssieur Stéphane Buriez (chanteur et guitariste du cultissime Clearcut et intérimaire sur Le Bal des Enragés) pour "World on fire", Nicolas sur "L'archipel des pensées" qu'on a eu pour lui, Vinz qui reprend temporairement la basse à Atom sur "Knowledge is power" et enfin Reuno pour un "Donnez-vous la peine" "A l'ancienne" c'est-à dire avec des paroles extraites de la fin d'"Auto-pilote" de Lofofora dedans. Ca match plutôt pas mal et ça fait plaisir de (re)voir tout ce beau monde sur scène.

Remis de nos émotions, on peut prolonger l'expérience avec un peu de bonus. D'abord un petit documentaire où l'on peut voir les répétition avec Cat, les balances (avec tous les invités), un petit tour dans les loges, l'échauffement avant le show jusqu'à la montée sur scène et même toute l'intro depuis la cour. Puis le superbe clip en mode dessin animé de "L'enfer des dieux" et enfin le CD de Matière noire live qui risque de remplacer la version studio que l'on peut désormais ranger pour éviter de l'abîmer...

Il n'y a que 5000 exemplaires à la vente de ce Le Trianon alors si tu ne l'as pas encore, ne tergiverse pas trop, tu pourrais t'en mordre les doigts.