Mass Hysteria - Matière noire "On n'est pas des rebelles, on est révoltés", le ton est donné dès le premier titre de cette Matière noire, dans la droite ligne de L'armée des ombres, Mass Hysteria en remet une couche, même si une fois encore son histoire interne est marquée par un changement avec l'arrivée de Fred (ex-Watcha et producteur bien installé désormais) pour remplacer Nico (que ça nous fait très plaisir de voir debout, toutes nos ondes positives sont avec toi !). Rarement dans la discographie du groupe, deux albums consécutifs ont semblé si liés que Matière noire et son prédécesseur. Les thèmes, la tonalité, l'ambiance générale sont les mêmes, la plus grande différence au final, c'est le contraste de l'artwork. Là où tout était sombre et obscurantiste, quasiment sans espoir, la série de photos apparaît ici plus manichéenne, le bien, le blanc, la pureté se font certes polluer par cette manière noire, visqueuse et destructrice mais, le fond est encore immaculé et qui sait, si on s'y met tous, qu'on se remonte les manches, peut-être que tout n'est pas encore perdu.

Toujours en phase avec l'actualité, les textes jouent avec la politique ("Je ne vois aucun nouveau Jaurès à l'horizon" sur "L'espérance et le refus" par exemple) autant que la musique ("Quant au Hellfest la musique extrême s'installe, si le silence est d'or, alors le bruit est de métal" sur "Plus que du métal", le "classique" titre dédié à la famille hystérique même si ici "Matière noire" est assez fédérateur également), avec d'autres sujets comme un petit tacle aux fanatiques ("L'enfer des Dieux") mais toujours de quoi puiser de l'énergie pour la transmettre ou pour motiver la révolte. Et si ça tape fort, les samples (géniaux) restent très présents et apportent beaucoup de profondeur aux titres comme à "Vae soli", une locution latine qui rappelle qu'une partie de Mass apprécie particulièrement Ghost mais qui est justifiée car le message ("Malheur à l'homme seul") correspond tout à fait à ceux du groupe qui multiplie encore les jeux de mots et les pieds de nez à l'histoire ("les Français sont des veaux" du grand Charles...).

Si les mélodies ne sont jamais très loin, l'opus est en moyenne en mode "bien baston" avec quelques morceaux qui risquent de faire suer la fosse dans la lignée de "P4" ("Chiens de la casse", "Vector equilibrium") et invitent au headbang à s'en décrocher le bulbe ("L'espérance et le refus", "Plus que du metal"). Des plages de calme apparaissent ça et là, soit en rangeant les instruments pour laisser de la place aux samples ou à la voix ou encore en laissant le champ libre à la musique comme sur une grande partie de "Tout est poison" (le livret a beau rajouter des texte de "L'espérance et le refus", la superbe fin du titre est instrumentale). La force de Mass Hysteria, c'est aussi de savoir calmer le jeu "en apparence" avec un Mouss qui se fait plus doux avec de jolies harmonies et des textes assez ... "peace" ("Une main armée d'un coeur, nous criions ! Imitant le soleil et ses rayons.") sur "Mère d'iroise" alors que les riffs et la rythmique envoyés sont ultra lourds et tendus. Et si ce dernier titre était le meilleur de l'album ?

Cette question risque de faire débat et quand on n'arrive pas à extraire un titre aisément de la masse, c'est que l'ensemble est au top. Encore une fois, Mass Hysteria arrive à coucher sur disque une folle envie de les recroiser sur scène. Encore et encore.