Mass Hysteria - Failles Failles est le meilleur album de Mass Hysteria depuis Contraddiction. Et j'aime beaucoup Une somme de détails. Du très gros son, de bons samples (signés par un certain Julien), un rythme d'enfer, des textes qui percutent, un visuel intriguant (signé Eric Canto (avril 2009)), cette fois-ci, c'est sûr, les furieux ont refermé la parenthèse De cercle en cercle / Mass Hysteria. Pour autant, Failles n'est certainement pas une "copie" 10 ans plus tard de Contraddiction, l'époque de cet album phare est révolue et jamais on ne revivra de pareilles sensations, les frissons de la découverte d'une pochette dans le rayon de son disquaire, l'explosion des riffs dans les enceintes de sa chaîne hi-fi, l'impression de prendre un truc vraiment nouveau dans la tronche, tout ça n'existe plus mais on peut continuer à prendre son pied en écoutant des titres puissants et bien envoyés.
Temps de crise, envies de révoltes, "World on fire" est scandé, ouverture du disque et échauffement avant un titre complètement en anglais ("Get high (Yallah)") où les guitares et les samples viennent bien épauler Mouss, pas aussi à l'aise qu'avec le français pour jouer avec les mots. D'autres petits mots dans la langue de Shakespeare se promènent dans les textes ("Clean", "Dysphoria" qui rime plus avec Hysteria que "dysphorie"...) et aiguisent autant notre sens auditif que les références culturelles (La lune dans le caniveau, le tonnerre de Brest, teintés d'alcools, d'Apollinaire ou encore deux vers d'Aragon Rien n'être plus ce qu'aujourd'hui nous sommes, Tout peut changer mais non la femme et l'homme). Les textes se retiennent très vite, certains sont écrits en pensant au public (le traditionnel titre pour les furieux et les furieuses "Comme on danse" mais aussi "Aller trop loin" où une vie à deux peut aussi se transposer sur la relation entre un groupe et son public), d'autres sont plus introspectifs ("Failles", "Clean"...), fidèles aux idées de Mass Hysteria, si on veut que ça bouge, il ne faut pas attendre que d'autres le fassent à notre place. Et pour ce qui est de bouger, ils en connaissent en rayon et les rythmes lâchés devraient nous aider, qu'ils soient lourds ("L'archipel des pensées") ou matraqués ("World on fire"), ils ne font jamais de pause et basse comme guitares ne se privent pas de rajouter quelques couches ("Get high (Yallah)"). Le côté dansant et festif est amené par les samples qui font un retour en force au premier plan des compositions pour mon plus grand bonheur (mêmes si les recettes sont parfois semblables : "Failles", "Le magnétisme des sentiments").
Pour moi, vieux fan hystérique, Failles est un sacrément bon album...
Reste à savoir ce qu'en pensent des "petits jeunes", des personnes qui n'écouteraient pas ce disque avec un brin de nostalgie vivant l'écoute comme une cure de jouvence, se rappelant qu'ils peuvent encore sauter, hurler, danser comme il y a 10 ans, déjà. Putain 10 ans.