Les jeunes chargés de la billeterie étant à peu prés aussi incompétents que le tourneur belge et malgré le soleil, la soirée commençait mal... Rencontrer les Mass souriants et discuter aussi franchement avec Yann et Mouss a vite inversé la tendance...
Mass Hysteria live (AthRock 2007)
On va commencer avec la fin du black album (Mass Hysteria), comment s'est passée la séparation avec Wagram ?
Yann : Assez naturellement, il y a eu une réunion et au départ ils nous ont dit qu'ils étaient fans des maquettes, ils trouvaient ça mortels mais un peu violents, ils voulaient qu'on revienne avec une balade ou un truc plus calme, direct on a dit c'est soit ça, soit redonnez-nous les contrats. J'avais déjà dans la tête de me barrer, on trouvait nos compos vraiment bien et j'avais pas envie d'y toucher. On peut pas dire que ça bosse mal Wagram mais ils sont plus dans un truc de variété, notre style, ils ne savent pas faire, ils sont bons dans d'autres domaines. Ca nous faisait chier de donner de la confiture à des cochons !
(rires de Mouss)
Attention, c'est encore eux qui distribuent l'album !
Y : C'est pas les mêmes gens. Le mec qui distribue a dit "on va leur montrer que ça marche"
Mouss : Pour revenir à Wagram, c'est une super boîte, ils ont un bon réseau de distribution, c'est vraiment établi, mais y'a des styles particuliers ou c'est pas ça
Y : Ils sont trés bons sur des Corneille
M : Ouais et des compils comme Hôtel Costes, Mass Hysteria c'est pas un groupe qui leur allait bien.
Y : On sortait de chez Yelen et pour bosser notre musique, Yelen c'est ce qu'il y avait de mieux, à la fin, c'est nous qui devions leur dire ce qu'il fallait faire pour notre musique.
M : Je crois qu'on était le premier groupe rock de Wagram a avoir fait une couverture de magazine... Nous, c'est à chaque album qu'on fait une couv' (rires)
Et l'arrivée chez At(h)ome ?
Y : Mortel ! On est revenu avec des gens qui connaissent notre musique, qui savent la travailler
M : Y'a plein de gens qui nous ont dit "tout ça pour ça les gars" (rires). Enfin vous êtes chez At(h)ome !
Y : Je suis vachement plus content d'être chez At(h)ome que chez une major où il y aurait plus d'argent. Y'a 10 ans, c'était pas pareil, mais aujourd'hui c'est clair.
M : Ils nous connaissent depuis l'époque de Yelen, c'est un peu l'école Patricia avec leurs valeurs ajoutées, leurs spécificités, et ils ont ce que Yelen avait déjà, et en plus ils travaillent super bien leurs groupes, ils sont quatre : les deux frangins, flO et une quatrième personne qui travaille les nouveaux médias.
Y : Je touche du bois mais jusque là ça se passe vraiment bien
M : On pouvait voir ces dernières années le travail qu'ils accomplissaient sur AqME par exemple, nous on hallucinait. Aller tracter à la fin des festivals ou des gros concerts à Paris, c'est normal, Wagram il fallait les pousser, ils avaient pas l'idée de le faire !
Y : Pour eux, à partir du moment où y'avait Europe 2 c'était gagné... Alors que cette expérience Europe 2, c'est un cauchemar pour nous. Dans ta carrière tu fais des erreurs et ça, ça fait partie des erreurs qu'on a faites. On a longtemps hésité et on nous a dit "faites-le, sinon on ne va plus avoir de radio", on a tenté parce qu'on avait jamais eu de radio...
M : Là, avec At(h)ome, on avait l'album et ils nous ont demandé "quel titre vous voulez mettre en avant ?". Nous, on n'y avait même pas pensé une seule seconde ! Cet album, on ne l'a pas du tout fait dans cette optique-là. L'album, on l'a fait avec notre humeur, dans l'instant, il est comme ça, c'est tout, plus on avançait, plus on savait où on allait, pas de concession.
Pendant la création d'Une somme de détails, Olivier préparait Aaron en parallèle
Y : Ca fait 3 ans qu'Olivier a ce projet, 3 ans qu'on connaît les morceaux, ça fait à peu prés un an qu'il a une musique de film qui se préparait, quand le film est sorti et que ça a cartonné, Olivier a du faire un choix, plus les mois passés, plus il était dans cette optique-là, ça reste un super pote, mercredi on était encore chez lui... Aujourd'hui, il est mieux dans Aaron que dans Mass, on a pris un petit métaleux avec nous. Yaya écoute encore du métal mais au niveau de son image, Aaron lui va mieux.
M : Et il est passé à un stade où il est auteur compositeur, il fait tout, c'est son univers et en plus ça fonctionne, il a fait le bon choix.
Vous aviez senti que ça marcherait autant Aaron ?
M : Non
Y : On savait qu'il y avait un potentiel mais de là à être disque d'or en 2 mois, franchement, personne pouvait le penser. Toutes les maisons de disques les ont jeté !
M : Je m'attendais à ce qu'il fasse quelque chose mais que ça cartonne comme ça, vraiment pas.
Y : Tant mieux pour lui !
M : Je ne suis pas un grand fan de cette musique-là, le seul que j'écoute dans cette veine c'est Coldplay, un des rares groupes que j'écoute dans ce style, et y'a peu de groupes français qui chantent en anglais qui peuvent faire quelque chose à l'étranger, des groupes comme Phoenix ou Tahiti 80 dans le style rock, c'est rare et je m'étais fait un super mauvais avis sur Aaron !
Y : Je suis allé les voir en live et c'est vachement bien...
Vous avez donc recruté Nico...
M : On connaissait son frère, il bossait chez Sony à l'époque on on était chez Yelen
Y : Nico bossait avec mon ex-femme, il était dans le même bureau qu'elle, on connaissait plus son frère. Je sors pas mal sur Paris et on s'est croisé, en discutant il me dit que son groupe le saoule, qu'il va se casser et auditionner pour des trucs, je savais qu'Olivier partait mais je savais pas qu'il jouait de la guitare, je savais juste qu'il jouait de la batterie. Quand je lui ai demandé d'auditionner pour nous, il a halluciné. Il est venu et il a ce qu'on recherche nous, c'est pas Satriani mais c'est carré et il sait faire sonner Mass.
Il sait faire sonner Mass comme Mass sonnait y'a presque 10 ans, le nouvel album est entre Le bien-être et la paix et Contraddiction
Y : Ouais ! Quand on répète, on retrouve les sensations qu'on avait à nos débuts
Ca veut dire qu'entre les deux, il y a eu un passage à vide ?
Y : On a eu des soucis avec l'album noir, on se séparait de Yelen, on n'avait plus de maison de disques, on voulait faire un album plus rock, ça c'était notre volonté mais on voulait pas d'un album mou ! On voulait un album rock à la Muse, un truc vénér, les morceaux se prêtent à ça...
M : A l'époque on avait pas la gnack qu'il fallait pour faire bien sonner les morceaux comme on voulait, on n'a pas réussi à faire sonner les morceaux et le producteur de l'album ne nous a pas tiré vers le haut.
Y : Pour la petite anecdote, Matt Hyde c'est un homonyme, y'a un Matt Hyde américain qui a fait Slayer, c'est lui qu'on voulait. Quand notre manager a rencontré l'anglais, il lui a dit "mais c'est pas toi..." c'est un truc de ouf cett histoire ! On lui passe les maquettes quand même et il a craqué sur les morceaux, il nous a dit "faites-moi confiance, je veux le faire, ça va le faire, je suis fans de Limp Bizkit, de Rick Rubin, je vais le faire sonner"
M : Il était enthousiaste, il avait bossé pour Funeral For A Friend, il était assistant de Colin Richardson...
Y : Et voilà, il a fait l'album, moi j'étais en pleine séparation, j'ai pas beaucoup composé, c'est Olivier qui a fait beaucoup de choses, je ne suis même pas allé au mixage et là, il s'est complètement planté. On en parle souvent entre nous, on aimerait bien réenregistrer ces morceaux avec Fred (NdO : ex-Watcha). Voilà, on s'est complètement trompé sur la prod...
Mass Hysteria live (AthRock 2007)
La pochette est aussi plus jolie que sur le black album... pourquoi travailler avec Laurent Seroussi ?
M : On devait travailler avec lui sur le black album, ça s'est pas fait parce qu'on avait pas assez de budget... On pouvait pas s'offrir Seroussi même s'il nous faisait un bon tarif et que Wagram avait un peu de thunes, mais c'était trop cher, bref on a fait un truc noir, ça a rien coûté et voilà. Pourtant on avait plein de projets, on en a maté une centaine...
Jusque-là les pochettes étaient très travaillées...
M : Oui, là, ça faisait un peu cheap, c'était pas terrible mais bon, on envoie tout en fabrication et Seroussi nous appelle "allez, je vais vous le faire", et fait chier, c'était trop tard ! Il avait un super projet en plus à l'époque... Yann l'a rebranché pour cet album-là et il nous a proposé ça.
Y : Au départ on voulait un truc avec un signe particulier, quand les photos sont arrivées, il n'y avait pas le signe qu'on voulait, on était un peu déçu. Mais il nous l'a présenté avec les trois pochettes, Contraddiction, De cercle en cercle et il y avait une cohésion, je trouvais ça beau avec les bras qui donnent un côté dérangeant, on savait qu'il y aurait des réactions que ça allait faire parler.
M : Et on voulait Seroussi pour cet album-là, on l'a appelé en disant "on n'a plus de maison de disques, on n'a plus rien...". C'est nous qui nous sommes payés cette pochette ! C'est Mass Hysteria qui a payé cette pochette.
Y : Et pourtant c'est pas donné (rires)
Au niveau des textes, le respect ou l'environnement reviennent en force, le politique est plus présent, plus direct
M : Plus cru oui
Demain vous serez rentré en France pour voter ?
M : Carrément ouais ! On part vers 9h, faut qu'on soit à midi à Paris, c'est très important !
Y : Y'en a qui ne sont pas de Paris, qui rentrent pour prendre leur train...
Le danger ne vient pas que du FN
M : Carrément pas. On sait très bien que Le Pen ne sera jamais président. N'importe qui au deuxième tour face à Le Pen, on votera tous contre Le Pen mais par contre on aura son semblable voire presque pire... Si c'est Sarko-Le Pen, j'en ai des frissons, ça fait froid dans le dos... On vient de lire un truc dans Marianne, une rétrospective des années Sarko sur ce qu'il est, sur ce qu'il a pu dire en coulisse, même des proches de lui qui en parle, il est dangereux ce mec-là.
Surtout si on s'appelle Moustapha...
M : Encore moi ça va, ma tronche est pas trop basanée, j'ai tout pris de ma maman mais c'est vrai qu'il fera pas bon être basané...
Y : Ni musicien tout court
M : Alors musicien et basané !
Y : Pour ça, nous demain, on va aller voter.
On es en Belgique, sous le soleil, avec le Québec, c'est un pays francophone qui vous a toujours bien reçu, ça vous fait plaisir d'être ici dés le début de la tournée ?
Y : Oui, c'est surtout que l'organisateur, c'est un fan de Mass depuis au moins 10 ans, il a acheté son bar, il a monté son festoche, aujourd'hui on est chez lui et ça nous touche forcément beaucoup.
Et le Québec, vous allez y retourner
Y+ M : Ah ouais ouais ouais
Y : On était avec Grimskunk hier, on est allé voir Suicidal Tendencies avant-hier... Grosse claque, énorme.
M : On avait joué à Dour avec Suicidal Tendencies y'a deux ans et j'avais trouvé ça un peu mou, Mike Muir était pas en forme mais là, grosse grosse claque !
Y : Grimskunk était en première partie, on est allé les voir, c'est eux qui ont Indica Records, là ils ont un nouvel album... Normalement on y va en automne faire leur première partie et ils viendront faire nos premières parties ici. Et ils pourraient peut-être nous manager pour le reste du monde : Japon, Australie, des choses que nous on n'a pas encore connu. Là, les barrières sont en train de tombés vis-à-vis de l'étranger grâce à des groupes comme Gojira, c'est cool.
Mass Hysteria live (AthRock 2007)
Ce soir vous jouez avec Punish Yourself, ça donne deux versions d'une musique métal industrielle, vous pourriez vous peindre en fluo ?
M : Nan !
Y : Je suis fan de ce qu'ils font
Moi aussi !
M : Ca fait pas mal de temps qu'on les connaît...
Y : La première date qu'on a fait avec eux c'était dans le Sud, y'a presque 10 ans
M : Ils sont cools
Y : Ca promet toujours de belles soirées
M : Y'a de belles afters avec eux ! (rires)
On termine avec la question que vous aimeriez qu'on vous pose...
M : J'ai toujours du mal avec ça car on nous pose toujours des questions auxquelles on ne pense pas, c'est intéressant, ça nous force à réfléchir, là, j'ai pas d'idées, t'as quelque chose Yann ?
Y : Je ne sais pas comment le formuler mais ... j'ai envie que les salles soient pleines...
Ca fait quoi d'être sold out depuis 3 mois à l'Olympia ?
(rires) : Voilà !
M : Est-ce que vous voulez en reprendre pour 10 ans ?
De toute façon vous n'avez pas le choix ! (rires)
M : C'est clair. On croit qu'on maîtrise la musique mais c'est la musique qui nous maîtrise. Cet album, on ne l'a pas prémédité, on l'a sorti comme ça, le contenu, la rage... On ne s'est pas dit "on va refaire un Contraddiction pour revenir", non...
Y : Les riffs venaient tout seul
M : Ca nous a regalvanisé, c'est la musique qui nous a fait ça
Y : Ca m'a véner que les gens ne comprennent pas notre album, pas à cause de nous mais parce que plein de paramètres ont fait que...
M : Yann, tu me l'as dit plein de fois en plus, toi t'es un fan de Sepultura de la première heure, ils arrivent avec Chaos AD
Y : Ouais, j'étais fan de Schizophrenia, de Arise... Chaos AD pour moi c'était un album de variété ! J'étais un des premiers à dire que c'était de la merde, j'étais déçu. Comme pour le Black Album de MetallicA, mais aujourd'hui c'est un immense album...
M : Tu peux décevoir les gens, il faut laisser le temps. Là, on aurait pu revenir avec un album similaire, peut-être qu'on se serait enfoncé encore plus (rires) mais c'est ce qu'on avait envie d'être. La musique ressemble à ce que tu es au moment où tu la fais !
Y : C'était pas la grosse joie quand on a fait cet album
M : Même nous, on ne se voyait pas souvent, il y avait un peu de distance...
Y : Les fameux 7 ans (rires)
M : C'était soit tu rempiles et tu resignes le bail soit t'arrêtes.
Y : A cette époque-là, comme je le disais dans une interview "on a jamais failli splitter", même Mass Hysteria a sauvé quelques uns d'entre nous
M : J'ai pu y pensé... mais comme dans un couple, tu es avec ta femme et à des moments tu la quitterais... Moi ça m'a sauvé dans mon bien-être, dans ce que je veux être, dans ce que j'aime être. Tu penses au vide que ça peut créer... Dans le même temps, j'avais perdu de la motivation, la tournée du black album, c'était dur, je la faisais parce que c'est bien de partir en tournée mais j'avais pas le supplément d'âme, de bien être que ça te procure... Il faut que tu domines la tournée, tu la prends, tu la montes, on va tout défoncer !
Et tu te pètes le genou
M : Voilà (rires), je me suis niqué le genou parce que je ne m'échauffais pas avant les concerts...
Y : Là on a vraiment envie de défendre cet album
M : Quand les dates sont arrivées, j'ai dit "c'est tout ? Y'a que ça comme dates ?"
Y : En septembre y'aura une grosse tournée
M : Là, on fait les festivals tranquillement
Y : On a 25 dates jusqu'au mois d'août, aprés il y aura une vraie tournée !
Merci !
Quelques minutes plus tard, Mass Hysteria testera une bonne partie de ces nouveaux morceaux sur la scène, le public belge n'est pas forcément au taquet, le son dans le hangar pas des meilleurs mais l'ensemble augure d'une tournée très chaude... Vivement l'automne !
Merci à la Mass Hysteria et à Enzo, à Flo et à toute la team At(h)ome, coucou à David et fuck Progress Music.
Photos : Oli, AthRock (21 avril 2007)
Re: Mass Hysteria / Une somme de questions (avril 2007)
Ils ont l'air bien motivés pour mettre le feu.
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We turned away from instant stuff, our cracking codes were breaking up, our words were sucked out, it made them clean.
Re: Mass Hysteria / Une somme de questions (avril 2007)