Mass Hysteria - De cercle en cercle Mass Hysteria a vieilli, les jeunes gens sont devenus des parents et après avoir montré qu'ils pouvaient faire tout exploser, ils se sont assagis pour nous offrir un album à écouter, finies les séances de jumping dans le salon, on se pose et on réfléchit aux millions d'hommes et de femmes qui rayonnent. Le groupe unis, soudé, au taquet a aussi vécu des séparations, plus ou moins heureuses et l'histoire entre eux n'est plus la même, le positif à bloc n'est plus forcément de mise. Mass pousse la contradiction et prend à revers un public acquis d'avance, c'est à ce prix que se gagnera la raison. Play. Petits sons de machine, la guitare part à gauche, Mouss pose sa voix et sur un mid-tempo "Remède" coule dans nos oreilles, le son n'est pas lourd, il est doux, satiné. Les effets ont été retravaillés, les plages de calme aussi, c'est dans un nouveau cercle que Mass Hysteria nous invite à pénétrer. L'agressivité et le ton du combo qu'on connaît tous revient sur "La puissance bienvenue" et "La aventura humana", mais les guitares sont en retrait sur les couplets, les rythmes prennent les devants, DJ Ombre intègre parfaitement ses scratchs sur le titre hispanisé qui est l'un des plus dynamiques de l'opus, j'entends déjà résonner les "Yo creo" dans toutes les salles de concerts... Le calme de l'album passe par des pistes où Olivier apporte son talent de pianiste, "Ya-vyemma" est la première de celles-là, sur le dernier refrain la guitare refait son apparition, c'est magique. Puis vient "Millenium appauvri", pour moi, c'est le morceau le plus riche de l'album, la guitare part toujours de la gauche, l'écho vient donc de la droite et bing, la Mass Hysteria se met en branle, sans la puissance sonore du gros son auquel Colin nous avait habitué mais avec toujours cette même énergie. "Fragment" est une autre de ces périodes de calme, instrumental, il est rebondissant et reposant. "Immixtion" était attendu, c'est le titre où ont été invités les rappeurs de La Brigade et malheureusement ça part en couille. Les sonorités sonnent très Dr Dre, les paroles tombent bien bas, même celles de Mouss qui prouve qu'il ne sort pas de St-Cyr mais de derrière les fagots (sic), comme à l'accoutumée quand un groupe "métal" invite des chanteurs rap, seul le refrain est sauvé du naufrage par le renfort des guitares. Il y a certainement d'autres moyens de montrer le respect que l'on porte aux autres musiques, l'intégration est manquée, le fossé musical n'est toujours pas comblé. "La canopée" relance la machine, très rythmée, elle réveille les esprits. A nouveau "Temps mort", respiration sous fond d'orgue et de break beat. Et de nouveau le tempo change, "L'harmonie invisible" bénéficie de sa position en fin d'album, on est habitué à entendre ce nouveau son, moins hystérique, et on peut tranquillement suivre les progrés de Mouss au chant, au fait, les guitares partent toujours de la gauche... L'hymne du Mass Hysteria de 2001 est "Coup2mass", le morceau fait le point sur la vie du groupe à cinq, nouvelle mise, mais à bloc reste leur devise. C'est sans conteste l'occasion de lâcher les guitares et les samples de bris de glace ou de tartines de gnack. Retour aux sonorités chaudes et aux nappes d'accord sur "Montherlant" aux samples orientaux bien sentis, c'est une sorte de "berceuse" à la sauce Mass Hysteria ... sans que cela soit péjoratif ! Bien au contraire, la chaleure humaine dégagée est réconfortante, apaisante. Quelques notes de piano, des riffs qui tombent et "L'importance du sort" est lancé, le chant de Mouss est vraiment plus mélodieux, la guitare hachée est toujours à son poste, sur la gauche et les samples relancent une dernière fois l'hystérie dans nos coeurs.