Mass Hysteria - Tenace - Part 1 J'adore Mass Hysteria depuis 1997 parce qu'ils oeuvrent dans le "metal indus" et si au gré des albums, ils ont parfois adouci le ton vers davantage de rock, la tendance du petit dernier, Maniac, était plutôt d'accentuer leur côté abrasif et métallique. Si clairement ça a fonctionné, le groupe n'en est pas resté là. Non, se contenter de se répéter n'est pas dans leur ADN, Tenace - Part 1 en est une première preuve, avant la deuxième prévue à l'automne.

Non seulement le groupe a coupé son album en deux, avec une partie annoncée plus "calme" pour dans quelques mois, mais il assume encore plus largement son côté "industriel" en remettant les samples en avant. Un peu comme si cet EP trouvait sa place entre Le bien-être et la paix et Contraddiction. Un peu moins de guitares, moins de mots mais plus de machines, voilà qui pourrait résumer cette première dose, Yann a en effet imaginé la plupart des compositions comme un mélange entre riffs et boucles, travaillant, dès les ébauches des titres, avec Julien (qui jouait dans NFZ pour ceux qui s'en souviennent !) pour les colorer électroniquement. Olivier a également discrètement apporté ses touches mais des titres comme "Mass veritas" ou "Le grand réveil" témoignent de cette volonté d'avancer et d'oser. Aussi steak que haché, le premier "single" a pu surprendre par ses parties syncopées et destructrices. Nerveux, saignant, il a réjoui autant qu'il a pu surprendre, en phase avec l'actualité et servi par des images perturbantes créées par une intelligence artificielle, il étonne, détonne et tonne. Parfait exemple de cette mise en avant des éléments machinaux, le sublime "Le grand réveil" qui modernise une chanson de Fréhel, artiste à la vie cabossée qui a énormément inspiré Piaf. Une chanson sur les amants du passé enregistrée en 1935 à laquelle Mass Hysteria répond avec son rythme et d'autres textes, un assemblage délicat, osé et réussi. L'autre titre qui sort du (petit) lot c'est "Tenace", qu'on aurait pu trouver sur Contraddiction et qui devrait devenir un incontournable en concert. Là aussi, l'électro-indus habille quelques breaks et permet de donner du relief aux énormes riffs qui s'abattent sur nous. Ce morceau est aussi l'occasion de retrouver le champ lexical des Mass ("Chiens de la casse"), plus loin on a une référence à "l'armée des ombres", et sur "L'art des tranchées" qui est la traditionnelle piste qui lie le groupe à son public, on trouve le devenu célèbre "rencard au bar" (mais aussi d'autres jolies phrases comme "On a du son sur les mains" ou un clin d'œil au Hellfest). Même s'ils sont moins nombreux, les mots de Mouss sont toujours bien choisis, on a de nombreux exemples de paronymie (et pas seulement sur l'explicite "Allégorie dans la brume") et l'évocation de pas mal d'œuvres et/ou d'auteurs (La guerre des mondes, L'assommoir, Voyage au bout de la nuit, La République...), de quoi réviser pour le bac français mais aussi faire un tour dans une bibliothèque pour parfaire ses connaissances ou découvrir des auteurs culte (de Platon à Dantec, tu trouveras forcément ton bonheur).

Avec des morceaux de facture assez "classique" mais particulièrement efficaces et quelques tracks hautement percutantes où la prise de risque est assumée, Mass Hysteria continue d'écrire son histoire, de victoire en victoire. J'adore Mass Hysteria.