Masnada live à l'octopus 2005 Masnada live à l'octopus 2005 Vous êtes en pleine tournée de Maîtres du je, ça se passe comment ?
Pleine tournée, c'est un grand mot ! Etant donné qu'on n'a pas vraiment eu l'occasion de défendre l'album comme il se doit, on fait des dates par ci par là et on essaye de prendre le maximum de plaisir et ça se passe plutôt bien.
Vous faites beaucoup moins de concerts que du temps de Mas001...
Les concerts sur Mas001 se sont étalés sur période très large, là, Maîtres du je ça fait un et rien ne nous empêche de faire des concerts l'année prochaine, Mas001 c'était vraiment dans la durée, on n'a pas fait vraiment de tournée "sortie d'album", on a fait des concerts pendant 3 ans, une tournée pendant 3 ans, carrément (rires).
Woz : Et en plus sur Mas001, on bossait avec Decibel Prod comme tourneur avec Dalila qui bossait à l'époque chez eux, depuis, elle est partie de chez Decibel et nous on continue de travailler avec elle, c'est une moins grosse structure maintenant que par le passé, c'est ça aussi qui change.
A la sortie de l'album, il a fallu qu'on prépare une tournée et qu'on fasse la promo de l'album car on a tout fait nous-mêmes : pochette, affiches, stickers, on a tout géré et Dalila est à la fois manager, tourneur, fraiseur, soudeur (éclats de rires de Woz). C'est pas évident de gérer tout ça à la sortie de l'album et comme c'est tout plus ou moins à l'arrache, ça n'a pas été évident de bien réussir
Et la signature Stern/Sony n'aide pas pour ça ?
Beaucoup de gens voient le nom Sony sur le CD ou dans les magazines et ils pensent que tout est acquis, t'arrives, t'es sur une chaise en or. On a eu la chance de trouver ce deal là mais c'est uniquement pour la distribution, ils ne s'occupent que de la distrib', ils ont aidé un peu pour la promo mais c'est des cacahuètes... Sony n'est là que pour la distribution, on s'est débrouillé pour tout le reste, Sony nous apporte le fait de pas avoir à chercher pour trouver notre CD dans le bac, lors de la sortie, il était visible, il ne fallait pas trop chercher aprés. Aprés, toute la promo, tout le reste, on s'est démerdé tout seul...
Et les ventes par rapport à Mas001 qui s'est bien vendu pour une autoprod ?
Pareil, Mas001 c'était sur une grosse période, on a fait des concerts pendant plus de 2 ans, on a eu un partenariat avec la fnac sur la fin, ça a reboosté le truc, sans mentir on est parti avec des gros objectifs et il a fallu revoir tout ça à la baisse car la réalité du terrain et du marché fait qu'à notre niveau c'est trés dur. On ne se prend plus la tête, on a eu de gros objectifs sur les deux premiers mois de la sortie de l'album et aprés, on s'est dit "va chier", on a fait un truc qui nous plaît, on a mis des thunes dedans, on s'est démerdé pour trouver un bon studio, on est content de ce qu'on a fait. Les gens achètent ou n'achètent pas mais toujours est-il que dans les concerts y'a pas mal de gens, comme ici en Belgique, on n'est pas distribué et t'as des mecs au premier rang qui chantent avec nous... Mais le piratage on s'en bat les couilles, l'essentiel c'est que notre musique voyage et qu'on touche un maximum de monde, ce soir on est en Belgique (lire Masnada à l'Octopus 2005) mais on pourrait aussi bien être dans le Sud la semaine prochaine et y'aura des gens qui seront là, même si on vend pas des mille et des cents, on s'en fout, on va faire encore un album... On fait avec ce qu'on a, faut arrêter de faire des plans sur la comète, maintenant c'est roots ! On a eu des désillusions par rapport à l'album car on n'a pas pu le défendre avec une tournée et ça joue sur les ventes. A chaque concert qu'on fait, on tient un stand merchandising, on vend nos CDs et ça part direct !

Cet album, je le trouve plus explicite politiquement parlant que le précédent, même si on pouvait trouver vos idées entre les lignes, là, c'est clair et net, c'est une volonté ?
C'est droit au but, comme la musique. Pour les textes, je me suis fait chier à les écrire, je me suis pris la tête et le contexte des présidentiels a joué, c'est des réactions de citoyen et d'homme tout simplement.
Ca a beaucoup influencé la scène française car que ce soit Silmarils ou No One Is Innocent qui jouent aujourd'hui, le sentiment citoyen revient tout le temps...
Ca a marqué les esprits, on a failli prendre une fessée, on a eu chaud, on a eu peur, j'ai eu trés peur, ça suscite des réactions artistiques, individuelles... Si tu réagis pas là, tu réagis jamais.
Cet album est aussi le dernier de Vince qui gérait beaucoup les samples, à l'avenir, il va en rester ? Qui va s'en charger ?
Pour l'instant, on a commencé la composition du prochain album et comme on a un nouveau guitariste et que ce n'est pas forcément le même jeu on est en phase de compositions, on essaye de trouver une osmose musicale, humainement on connaît Dav depuis le début de Masnada y'a aucun problème, c'est au niveau musical on essaye de trouver un truc. Ce sera différent, Dav c'est pas le même jeu que Vince, c'est pas les mêmes influences, on va peut-être partir sur quelque chose de différent, ce sera une évolution... Pour ce qui est des séquences, Anton a déjà mis sa patte un petit peu, c'est lui qui a fait celles de "Libre", il a un peu mis le nez dedans et c'est lui qui va plus ou moins gérer ça. Mais pour l'instant, on compose plus roots, les séquences il y en aura toujours mais pour l'instant on répète avec Dav sans se poser de question.
Auraparavant les séquences arrivaient déjà aprés les morceaux ?
C'est pas évident, pas toujours...
W : Vincent arrivait souvent avec des samples, des boucles qui étaient à la base du morceau... Maintenant, on compose plus à partir de la guitare ou de la basse. Par la suite et même sur les nouvelles compos, on en a 3-4, les séquences se grefferont plus tard, mais c'est pas pour ça qu'elles seront moins présentes, on y est toujours attaché.
Ca peut apporter quelque chose au morceau, quand tu pars de la séquence, tu es plus ou moins enfermé, t'es cantonné dans un rythme. Pour l'instant on se fait plaisir, on ne se prend pas la tête, on lâche les accords, on fait des morceaux et forcément si Anton trouve une séquence, on bossera dessus. Là, on a besoin d'extérioriser, on a besoin de saigner, de se retrouver au sein du groupe, au sein de la musique...
W : A la fin de la tournée de Mas001 on avait besoin de se poser, de se reposer, de se retrouver, de revenir à ce qu'on ressentait aux débuts du groupe
Là, c'est un nouveau départ, avec l'album on a le sentiment d'avoir fait un truc bien et ça a pas suivi alors maintenant, on remet les compteurs à zéro, on ne fait plus de plans, on branche l'ampli et on lâche les accords. On essaye de se retrouver dans la composition...

Masnada live à l'octopus 2005 Masnada live à l'octopus 2005 On va reparler de "Libre", c'est un morceau que je n'aime pas trop, il est trés lisse, c'est coulant et ça ne vous correspond pas vraiment...
Ce morceau là a été fait rapidement, trop rapidement, il a même été fini en studio... Anton avait bossé en amont sur la séquence et on s'était dit, roule, on va dedans... Moi je le défends, on se fait plaisir à le jouer, il est simple, il est direct... C'est le dernier morceau qu'on a fait sur l'album.
Il a été choisi pour vous mettre en avant à la sortie du disque...
On a mis celui-là et "Le roi"... Celui-là, on l'a fini en studio et on avait aucune idée de ce qu'il allait donner, on vraiment a été surpris, les autres ont été prémaquettés, on les a joué sur scène... Celui-là c'était un coup de neuf, comme on l'a fait en dernier, pour nous c'était frais, le titre nous a agréablement surpris.
W : On s'est quand même posé la question car il dénote un peu par rapport aux autres morceaux de l'album, on s'est posé la question "est-ce qu'on le met dessus ? Est-ce qi'on le garde pour autre chose ?". On l'a enregistré pour voir ce que ça donnait et au final, ça donnait bien, c'est une autre facette de ce qu'on fait mais ça reste Masnada. Mais je comprends, il est plus mielleux... Ceci dit, les gens bougeaient à mort cet aprés-midi quand on l'a joué...
En même temps, on s'est dit qu'on allait pas faire tout l'album à bloc, sans déconner, il faut se détendre de temps en temps, c'est la plage de sable fin dans l'album, c'est posé, cool, et on rattaque aprés. C'est aussi ça la place du morceau dans l'album, elle se justifie par ça, ça fait une pause.
W : On était tous d'accord la-dessus, pas avoir que des morceaux qui envoient, c'est bien de pouvoir écouter l'album du début à la fin avec des moments pour se reposer.
Y'a un autre moment pour se reposer c'est le mec qui lit sa lettre à Raffarin...
La période de composition et d'enregistrement, ça a coincidé avec les présidentiels, on maquettait à ce moment-là et il fallait qu'on réagisse en temps que musicien, tu as une portée quelque part... Sur le net j'ai trouvé le répondeur de Là-bas si j'y suis une émission de France Inter et c'était exactement le sentiment de la majeur partie des Français, le mec est tellement sincère, son texte sort des trippes, c'était pas la peine de faire un morceau, tout est dit là-dedans, il fallait juste le mettre en musique et c'est Séb, notre ingénieur du son sur l'album qui nous a aidé, on a tout fait en studio, le rythme colle impeccable et c'est le message qu'on voulait porter. On le met en intro du concert car il faut le mettre quelque part.
W : C'est un message anonyme en plus, le mec a laissé ce message pour le message, pas pour lui
Il a dit son sentiment à cet instant là, ça sort des trippes...

On va sortir de l'album pour traverser la planète et arriver au Japon...
Mas001 est sorti là-bas et on fait le même deal pour Maîtres du je qui est sorti là-bas en mai, il s'avère qu'il s'en vend autant qu'en France (à peu prés 3.000). Et le plus invraisemblable, c'est qu'on a aucune prise sur ce qui se passe là-haut, ça se fait indépendament de notre volonté ! On n'a rien demandé, l'album est parti et ça roule... On est en train de voir pour monter une petite tournée mais c'est pas évident, ça a un coût, on n'a pas de structure et l'argent il faut le trouver, on cherche au niveau des subventions, voir ce qu'on peut glaner à droite à gauche. Le distributeur de Mas001 au Japon, Yusuke de RB Records, veut nous trouver des dates là-haut, il veut monter quelque chose, il est en plein deal, on est en pourparlers mais on ne veut pas faire ça précipitament, on ne veut pas aller au Japon pour aller au Japon, on va essayer de faire ça bien, peut-être au mois de janvier.
W : On essaye de trouver des salles ou des festivals importants, ça ne se monte pas du jour au lendemain, on pourrait y aller pour jouer dans des petits concerts, c'est pas ce qu'on veut, si on va là-bas, c'est pour donner un coup et ça prend du temps. Si on part, c'est 2 semaines, il faut que ça enchaîne et que ce soit de bonnes dates, de bons plans.
On ne veut pas faire la fine bouche mais on ne va pas financer un voyage pour aller jouer dans un bar ! Ce serait un peu con... On veut faire un truc bien, un truc qui vaille le coup. Si tu veux jouer au Japon, tu prends un billet d'avion et tu vas jouer... On va préparer un minimum le terrain même si on n'a pas de prise sur ce qui se passe là-haut.
Qu'est-ce qui se dit de vous là-bas ? On vous le traduit...
On communique en anglais... On a fait des interviews et pour te dire on n'a pas eu une seule interview dans un magazine français ! On a eu des chroniques de 30 lignes mais pas une seule interview ! La plus grosse interview qu'on ait eu c'est dans un mag japonais : Grindhouse Magazine, 2 pages ! On se pose des questions... (rires)
Masnada live à l'octopus 2005 Masnada live à l'octopus 2005 Et eux, que posent-ils comme questions ? Pourquoi vous ?
Ils aiment l'exotisme et c'est grâce au bouche à oreille, le mec qui nous distribue a une boîte qui passe du métal et notre réputation s'est faite doucement, on n'a pas le marketing comme Pleymo l'a là-haut, c'est du bouche à oreille et le morceau "Mas001" nous a bien aidé. Et sur un malentendu, sur une consonnance, comme quoi ça tient à rien... On avait "Mas001" sur la compil Destination France Rock qui était distribuée au Japon et Yuzuke a mis l'oreille sur le morceau, nous a contacté pour distribuer l'album et il a fait un super travail... Il s'est démené... il a passé le morceau dans les clubs où il allait et ça a pris à mort, en fait ca vient de "Mas001", quand on le dit dans le titre, eux ont entendu "mazerou", je le prononce trés mal peut-être car je ne parle pas japonais (rires), ça veut dire "mixer" en japonais et y'a eu un effet boule de neige, le journaliste de GrindHouse nous disait que les gens mimaient un mec qui mixer pendant le titre... (éclats de rires car GRem est assez fort en mimes) C'est parti là-dessus, les gens en ont parlé, ça a fait boule de neige... Je m'amuse à zoner sur le net, à aller voir les pages japonaises et on est dans des blogs japonais, c'est vraiment surprennant...
Vous allez faire une version japonaise alors (rires) ?
Y'a du boulot ! (rires) C'est la preuve que ça marche sans transposer, les Japonais sont vraiment curieux de ce qu'il se passe à l'étranger.
Va falloir t'y mettre pour parler au public...
On n'y est pas encore... Mais je connais Aligato ! (rires)
On a joué avec Kagerou, enfin je prononce mal, ça s'écrit Kagerou... C'est eux qui nous ont invité sur la date de La Locomotive, ça fait bizarre surtout qu'ils ont un super public à Paris, et les mecs étaient supers timides "vous la faites "Mas001" ce soir ?", ça fait bizarre...

On termine avec l'avenir proche...
On a commencé à composer le nouvel album, ça prendra le temps que ça prendra mais on s'y est pris plus tôt que d'habitude. La donnée importante c'est que ce n'est plus le même guitariste, ça n'est plus le même jeu, ça sonne différement... Les premiers morceaux que tu fais, c'est des coups d'essai, faut mettre la machine en route, les premiers sont pas forcément les bons, là on est dedans, on compose au maximum, on ne se donne pas de limite, on lache les chevaux, on fera la sélection aprés.
Pas de timing, pas d'obligation...
Rien du tout ! Même si là, il va falloir qu'on trouve un tourneur car Dalila n'arrive plus à gérer le boulot et elle a d'autres choses à côté et on fait tout bénévolement, personne n'est rémunéré dans Masnada, tout est réinjecté dans le groupe et on a des dettes à rembourser... On a investit notre argent propre dans le groupe, Dalila n'arrive plus à gérer toutes ses casquettes, on va donc essayer de trouver un tourneur pour défendre correctement le prochain album, on va bosser dessus sérieusement l'année prochaine. Pour l'instant, on se cherche, on ne se bride pas, on part dans toutes les directions, on exploite toutes les filières, Maîtres du je c'est fait, on passe à autre chose, même au niveau composition, sentiments, on repart à zéro. On est groupe français, on ne vendra jamais des mille et des cents, on fait ce qu'on aime, on fait de la musique et on a eu la chance de sortir des albums ! Plein de groupes n'ont pas cette chance là, on n'est pas mal loti, on fait ce qu'on veut et même si c'est marqué Sony sur l'album, personne n'est venu nous casser les couilles au niveau artistique, l'album était déjà prêt, on n'a pas eu de directeur artistique, l'album était prêt, le mec a dit "ok, je distribue", point barre.
W : Au moment où on avait nos maquettes et on cherchait un label, on s'est rendu compte pour certaines maisons de disques, il fallait changer les riffs, il fallait moins de saturation... On veut rester authentique !
Si tu commences à te prendre la tête avec des "on devrait faire ça parce qu'on pourrait aller là" ou "eux sont susceptibles de nous prendre si..." ça marche jamais bien... C'est définitivement pas ce qu'on cherche ! Fais ce que tu peux avec tes moyens... Au niveau de l'humain on est à 125%, on est content des gens qui nous entourent... On n'a pas eu une super tournée mais on est content de jouer, on prend le plaisir comme il vient, c'est ce qui fait que t'as envie d'aller en répét le samedi d'aprés...

Et enfin, quelle question voudriez-vous qu'on vous pose ? Et sa réponse ?
Alors les Masnada, vous êtes fiers de votre album ? Oui, on est en fier ! On y a mis nos trippes, on s'est investit et tous ceux qui pensent qu'on est sur le point de retourner notre veste se mettent le doigt dans l'oeil, on va continuer de faire ce qu'on aime, plaira à qui ça plaira...
Merci !