Masakari - The prophet feeds The prophet feeds... oui, ils ont osé le titre, donc on aime forcément. Enfin presque, puisqu'en réalité sur l'album définitif, on a comme titre "The profit feeds", sans doute que les Masakari et les gens de chez Southern Lord ont voulu assumer la provoc jusqu'au bout mais que devant les éventuelles menaces de fatwa "vangoghesques" qui n'auraient pas manqué de poindre le bout de leur groin, ils ont préféré prendre les précautions. Et oui, on ne plaisante pas avec les barbus. Ni avec les porteurs de soutane soit-dit en passant (petit clin d'oeil à l'orga du Hellfest), parce que bon, il n'y a pas de raisons que ce soit toujours les mêmes qui prennent. Bref, on disait donc que : punk oui, hardcore beaucoup, crust complètement, mais quand même un peu petite b... sur ce coup les gens du label et/ou du groupe. Ou alors c'est juste une erreur de typo sur le visuel mais ce serait moins drôle.
Pour les plus pointilleux on répond tout de suite, non on ne s'est pas vautré dans le recopiage attentif du tracklisting, les morceaux sont bien dans cet ordre. Et c'est d'ailleurs ce qui occasionne un beau bordel dans les enceintes lorsque les premiers riffs signés Masakari s'entrechoquent gaiement et que le préposé au "chant" (les guillemets sont vachement importants ici), entre en action. Faut dire aussi que dans leur genre, les natifs de Cleveland ne font pas de quartiers (de porc), et qu'avec eux, plus on en prend dans les tympans, mieux c'est. Puis déjà l'artwork (enfin "artwork" c'est vite dit...), des plus explicites, met quand même bien la puce à l'oreille quant à ce qu'est le contenu musical de l'album. Une finesse barbare qui prend tout son sens dès "XVI Rapide dominance" et qui gagne en consistance sur "X Pain conceived as a tool", les ricains bourrinent, matraquent et opèrent sur des tempi voisins du grindcore, pendant que le hurleur en chef vomit littéralement ses beuglements dans le micro ("XI Nausea"). Hardcore crust haineux, thrash punk sauvage et primaire, The prophet feeds livre ici ses dix commandements du parfait terroriste équarrisseur de tympans ("XII Abandoned", "XIII Rise or fall"), une sorte de petite guide illustré musicalement de ce qu'est la dépravation punk arrosée de quelques litres d'acides sulfuriques. Passé maîtres dans l'art si délicat du piétinement de membranes auditives et de concassage de neurones (le très bon "Echoes", le nom moins recommandable "Tempt providence"), les Masakari enfoncent une dernière fois le clou avec "XV Echelon" avant de sortir par une porte dérobée sur son "Outro". HARD.