Manimal : Succube Manimal revient avec son métal foutraque et déjanté. Album dense et touffu, Manimal a mis les bouchées doubles sur Succube, 10 titres éreintants, une tracklist en forme de box-office, où tout les titres sont des titres de film. Une voix de succube brève, en la personne de Élodie Cassarino, soeur de Julien, et Succube démarre sur les chapeaux de roues avec "Le monstre est vivant" qui saigne les tympans avec ses aiguilles accérées.
Manimal se démarque encore par l'avalanche rythmique ou martiale qui se dégage de certains titres, comme l'explosif "La mélodie du bonheur" qui surgit comme expulsé d'un gros calibre, le marteau-piqueur issu de "Le choix des armes", ou le définitif "After hours" qui sonne comme un Meshuggah ou un The Dillinger Escape Plan toulousain ayant acheté une place dans un ciné aux sièges bien rangés, ou plutôt hantés par une succube en mal de victime, cette dernière faisant d'ailleurs sa réapparition frissonante et glaciale à la fin du titre. Le riff qui termine "Straw Dogs" démarre sans détour "La mélodie du bonheur", de manière plutôt étrange, une voix énervé s'excite dessus -rejoins moi dans la guimauve-, le travail sur la voix est impressionnant, un registre vaste et exploité, "La mélodie du bonheur" ou "Buffet froid" en sont de parfaits exemples.
Difficile de rester indifférent aux décibels mis en joue par Manimal, généralement sous tension, acculé sans répit, mais avec quelques périodes de calme, le surrané calme avant la tempête... Où l'on apprécie "Angel heart" et son passage fluide qui se contracte avec sursaut, ou l'orage électrique de "Buffet froid" qui intervient après une longue période brumeuse, déluge saturé, gouttes de mélodies qui se détache du tonerre métallique.
"Tous les matins du monde" livre sa quintessence manimale, guitares chirurgicales, voix qui se donne tant qu'elle peut, un titre qui part en vrille, s'enroule et se resserre avec acharnement, -je ne cesserai de répéter ces mots afin que ta carapace éclate- : Mission accomplie.