Si The Lumberjack Feedback ne nous dit rien dans ses compositions instrumentales, les Lillois ne sont pas des taiseux et s'excusent presque de trop parler quand ils sont en interview ! On n'en veut absolument pas à Seb (bassiste) et Simon (guitariste), bien au contraire, on les remercie !
Depuis Blackened visions, il y a encore eu du changement dans le line-up, on s'habitue ou c'est toujours un recommencement ?
Seb : Virgile a intégré le groupe juste au moment de la sortie de Blackened visions. Olivier (T'servrancx, Electrik Box Studio) ayant des projets professionnels qui se profilaient à l'horizon, il a préféré passer le flambeau à un nouveau batteur pour ne pas quitter le groupe "en urgence" en pleine promo de l'album.
Geoffrey, notre nouveau guitariste nous a rejoint en toute fin de composition de Mere mortals, juste avant l'enregistrement. Il a donc pu apporter sa patte sur les titres quasi définitifs. Dans les deux cas, la transition s'est opérée rapidement et naturellement, encore plus avec Geoffrey qui officie avec Simon au sein de Mercure.
Vous avez aussi changé de label, comment êtes-vous arrivés chez Deadlight Entertainment ?
Simon : Nous avions envoyé l'album à plusieurs labels, et Alex de Deadlight a été le seul a montrer un réel intérêt pour notre musique, ce qui était pour nous très important pour ne pas se retrouver dans un fond de catalogue parmi tant d'autres. Tout marche au coup de cœur chez nous et le choix du label en a été un !
Vous étiez proches de Wyatt E. avant votre signature et votre tournée commune ?
Seb : Du tout ! C'est notre booker commun qui nous a proposé de tourner ensemble. Humainement comme musicalement, ça a été une belle rencontre et on garde de supers souvenirs de cette tournée avec eux. Sans doute l'amour pour les bières belges et un niveau de geekerie semblable pour le matériel de musique.
C'est un label avec quelques groupes bien plus violents, partager des scènes avec des groupes de style différents, c'est toujours bon ?
Seb : Depuis les débuts du groupe, on a toujours eu le cul entre 5 chaises, du coup on est habitué à jouer sur des plateaux assez diversifiés. C'est assez stimulant de savoir comment va réagir un public qui n'est pas à la base le tien et on en a fait une force.
Ça nous permet de jouer sur des festivals tels que le Tyrant Fest avec des groupes estampillés Black Metal, comme de jouer avec Dub Trio dans quelques semaines.
L'artwork a été réalisé par Samantha Muljat, pourquoi elle et comment ça s'est fait ?
Simon : Le choix de l'artwork c'est toujours un moment assez douloureux chez nous, on fait mille propositions, ça part souvent dans tous les sens, cette fois on avait une idée de ce qu'on voulait : un artwork puissant et coloré, intriguant. Un soir Geoffrey m'envoie cette publication Instagram de Samantha Muljat et j'ai tout de suite accroché !
Seb : Elle a travaillé avec des artistes dont j'apprécie la musique : Earth, Goatsnake ou Grave Pleasures que j'adore ! Depuis les débuts du groupe, je m'occupe de l'aspect visuel, mais j'ai traversé une période assez dure sur le plan physique et émotionnel durant l'élaboration de l'album, ce qui a pas mal joué sur ma créativité, ma concentration et ma patience. Quand Geoffrey nous a envoyé sa trouvaille, ça a vraiment fait l'unanimité !
Elle a donc travaillé pour Earth, c'est un de vos groupes de référence ?
Seb : Référence, peut-être pas pour la majorité du groupe. Mais à titre personnel, j'aime assez écouter Earth en bossant sur des illustrations le soir ou en méditant.
Sinon, un avis sur le nouveau Tool ?
Simon : J'ai été très sceptique dés le premier morceau dévoilé, et je dois avouer qu'après avoir écouté l'album en entier, je ne l'achèterai pas. Il n'y a que deux morceaux que j'apprécie dans cet album ("Descending" avec son riff de clôture magistral et "7empest").
Bosser avec Olivier et Mathias, c'est une évidence ? Ou vous vous êtes posés la question d'enregistrer avec quelqu'un d'autre ?
Simon : On bossera toujours avec Olivier et Mathias. On aime bosser avec eux, donc quand l'album s'est profilé, ce choix s'est fait naturellement. Mais au départ, nous devions enregistrer cet album avec Joe Duplantier en directeur artistique, qui avait été séduit par nos premières démos et nous proposait de venir faire vibrer son studio Silver Cord à New York avec Mathias et Olivier. Malheureusement, quelques mésaventures qu'on ne citera pas ici ne nous ont pas permis de concrétiser nos plans. Mais ce n'est que partie remise pour le prochain album.
La sortie K7, c'est pour la nostalgie ou le fun ?
Seb : C'est notre label Deadlight qui a proposé de sortir l'album dans ce format. Je pense que le public qui collectionne les cassettes le fait à part égale pour le format "original" et pour l'aspect fun de la chose. De là à ce qu'ils l'écoutent...
Vous pouvez nous parler de votre bière ? Dans ce domaine, c'est quoi vos références ?
Seb : Avec mon frangin Nicolas, batteur, on est grands amateurs de bières et on s'est dit que ça serait sympa d'en avoir une à l'effigie du groupe, pour notre release party. C'est à la base une idée qui nous est venue comme ça, sans se dire que ça se ferait. En en parlant avec l'équipe du Bistrot de Saint-So, le lieu de la release party et plus grand bar de Lille, ils ont adoré l'idée et nous ont mis en contact avec la brasserie locale Moulins d'Ascq. On a pu échanger avec eux sur ce que l'on aimait, ce que l'on voulait transmettre comme sensations et ils ont élaboré la "Reversed Moon", une recette complètement inédite, rien que pour nous. Il s'agit donc d'une IPA avec une re-fermentation avec du houblon Polaris. Elle a l'amertume que l'on attend d'une IPA, avec une tenue de celle-ci plus longue en bouche, sans avoir les arômes d'agrumes habituels trop présents. Elle est toujours disponible à la vente en bouteille au bar du Bistrot de Saint-So. Pour ma part, je suis grand fan de la Punk IPA !
Est-ce que ça a dopé la vente du vinyle ? Sa grande classe ne suffisait pas ?
Seb : Doper les ventes, je ne sais pas. Elle n'a été vendue que lors de la Release Party. Mais elle a peut-être permis de passer une encore meilleure soirée pour certains ! (rires). Ceci-dit, c'est vrai que le disquaire Quelque-Part Records à Lille en offre pour l'achat de notre vinyle !
C'est l'occasion de faire un peu de promo pour Quelque part Records, allez-y !
Simon : C'est LE disquaire lillois ! Je n'ai pas la chance de pouvoir m'y rendre régulièrement à mon grand désespoir car je suis également commerçant et nous avons les mêmes horaires, mais quand j'ai un disque à acheter, je sais vers qui me tourner pour le commander ! Déplacez-vous dans les stores physiques !
"Mere mortals", pourquoi ce titre ?
Simon : Mere mortals veut dire "De simples mortels", quand je suis tombé sur cette expression lors d'un voyage dans le désert de Mojave aux USA, ça m'a frappé. Ces deux mots étaient la définition parfaite de ma vision de l'homme et du monde, c'est à la fois pessimiste et hyper optimiste, l'homme est à la fois la pire des espèces et celle qui a bâti notre monde, nous ne sommes rien et tout à la fois, capable du meilleur comme du pire. Pour ce qui est de notre musique, on a un rapport très humain, on ne cherche pas à ajouter d'artifices, à transformer le produit brut. On se sert des machines pour ce qu'elles sont, pas pour nous rendre meilleurs, ou améliorer nos performances. Nous sommes de simples mortels et notre musique en est le témoignage.
Comment choisissez-vous les titres des morceaux ? Il y a toujours une histoire derrière ?
Simon : C'est assez libre en fait, nous n'avons pas de paroles alors souvent je choisis les titres en fonction des émotions que je ressens en écoutant les pré-productions. J'ai toujours une liste de titres que je note dans mon téléphone, des titres inspirés de films, de documentaires, d'échanges avec des amis, de concepts. Par exemple, "Kill ! Kill ! Kill ! Die ! Die ! Die !", c'est purement imaginatif, j'aimais le jeu avec la répétition, ça donne un côté agressif et de l'impact, la réflexion autour de ce titre est qu'il y aura toujours autant de création que de destruction, ce qui naît un jour finira par mourir un jour également, on rejoint le côté pessimiste et optimiste du titre de l'album.
Cet album est encore différent des précédents, ce sont les différents membres ou l'atmosphère qui influence l'écriture ?
Simon : Clairement les deux, quand j'ai commencé à amener les premières idées pour l'album, ça sonnait déjà différent. Ce serait d'un ennui profond de faire et refaire la même chose à chaque album. On aime s'amuser, se faire plaisir avec nos instruments et surprendre les gens qui se retrouvent en face de nous, auditeurs ou spectateurs. Dans cet album, tu as des chœurs, donc techniquement du chant, mais créés avec des nappes de guitares, c'est pas mal troublant pour un groupe instrumental, non ?
Plusieurs titres sont assez courts, c'est une volonté de raccourcir la distance ou c'est juste arrivé comme ça ?
Simon : Certains titres sont plus courts que dans nos précédents albums car ce sont des titres plus uptempo et plus rentre-dedans avec moins d'atmosphères posées, mais nous avons également un de nos titres les plus longs avec "Kobe". Tout est une question d'ambiance et d'impact.
Seb : On n'est pas trop du genre à se dire "tiens, si on composait plutôt comme ça..." On compose majoritairement en jammant dans notre studio, c'est donc le fruit de notre ressenti à ce moment-là.
Un clip est prévu pour cet opus ?
Seb : On va attaquer justement la réalisation d'un clip dans les jours à venir, et je travaille actuellement avec un ami chorégraphe et peintre sur un projet vidéo plus ambitieux, qui verra le jour dans quelques mois. Mais il faudra être patient. On aime bien faire les choses, par nous mêmes...
Il se passe quoi dans les mois à venir ?
Simon : Je vais me lancer dans la réalisation d'un clip pour Therapy? avec un concept assez farfelu, je vais tout filmer avec un iPhone et une appli assez intéressante que j'ai découverte récemment, on a hâte de s'y mettre ! Et en parallèle, on réenregistre une version 2019 de notre morceau "Mein gebush" sorti en 2008 avec une seule batterie a l'époque. Cette version a deux drums va être dingue, si tu pouvais entendre les premières démos !!!
Merci The Lumberjack Feedback !
Photos : Olivier Humbert
Publié dans le Mag #39