The Lumberjack Feedback - Mere mortals Les insaisissables Lillois adeptes d'un doom instrumental de grande classe qui va piocher autant dans le post-rock que dans le métal le plus sombre nous reviennent en grande forme. Comme à leur habitude, ils ont transfusé du sang frais dans le combo et sonnent une charge forcément différente des précédentes. Rare point commun (à part la méga classe inhérente au nom The Lumberjack Feedback), la production signée par les potes de toujours, Olivier (batteur originel, à l'œuvre pour les prods de Zoe, Glowsun, Shiko Shiko, Crackmind...) et Mathias (ex-Unswabbed pour la basse, spécialiste du son live mais qui bosse aussi en studio comme peuvent le prouver Poncharello ou General Lee), une prod' aux petits oignons qui soigne les égos de chacun pour que l'ensemble soit le plus brillant possible.

Enfin "brillant" dans le sens "intéressant" et non pas dans celui de "scintillant" car les Nordistes (Hauts-de-Français ?) adorent encore se rouler dans la boue, ramper dans les graviers et se secouer le bas des reins en sortant du marécage dans lequel ils nous plongent. Et attention car ça éclabousse, si "Therapy?" correspond bien à l'idée "doom", avec "Kill! Kill! Kill! Die! Die! Die!" on en prend plein la tronche, le sludge passe en mode core à corps et distribue les mandales, ça promet de belles séquences à proximité de la scène... Autre "surprise", la longueur des morceaux (la langueur, on y est habitué), la majorité ne dépasse pas les six minutes, ce qui faisait figure d'exception (un seul titre sous les 360 secondes ces 10 dernières années) devient presqu'une norme, "New order (Of the ages)" est même scindé en deux parties pour ne pas me contredire. Jouant donc dans de plus petits espaces, The Lumberjack Feedback n'hésite pas à entrer dans le vif du sujet sans attendre, augmentant ainsi l'intensité ("Wind's last blow"). Les vieilles recettes refont surface en fin d'opus avec "A white horse (Called death)" et "Kobe (The doors of spirit)", deux plages à l'architecture "post-truc" (quelque chose à choisir entre rock, métal et hardcore) où les constructions s'étagent, s'explosent, naissent, vivent et meurent en nous laissant le temps de contempler leur œuvre. Très friand de ce genre de gourmandises je me délecte de l'ultime morceau (certainement issu d'un bœuf nourri à la bière), sa puissance est tirée du contraste entre les frappes telluriques et la clarté des notes de guitare, l'amalgame entre le gras et le léger, entre le sourd et le lumineux est une petite merveille.

Mere mortals, nous ne sommes que de simples mortels mais honnêtement, la musique de The Lumberjack Feedback est divine ! C'est un nectar. Les Dieux sont forcément derrière ce disque car réussir à aussi bien doser les parties instrumentales (il y a deux batteurs pour ceux qui ne suivent pas !), faire en sorte que tout soit aussi instinctif et touchant, que chaque piste succède naturellement à la précédente, tout cela est surhumain...